Des centaines de paniers alimentaires et d’hygiène, équivalents à 25 euros de courses, ont été distribués par l'Agoraé d'Amiens sur présentation d’une carte étudiante, ce vendredi 17 novembre 2023. Résultat : une longue file d’attente, qui témoigne de la précarité étudiante.
Bérénice, 20 ans, est en troisième année d’étude d’infirmière. Chaque mois, sa bourse lui permet de payer le loyer de sa colocation à Amiens. Pour se nourrir, elle utilise les 50 euros que lui verse mensuellement sa mère ou, lorsqu’elle le peut, elle travaille de nuits en tant qu’aide-soignante.
"J’ai un budget de course assez réduit, 40 à 50 euros par mois, ce qui reste peu pour une personne qui doit manger trois ou quatre repas par jour. On essaie de trouver des solutions", explique-t-elle.
Des fois, c'est frustrant car on ne mange pas des plats équilibrés. Ça reste des pâtes ou des pâtes et un yaourt. Certains matins, on ne déjeune pas parce qu'on n'a rien pour déjeuner...
BéréniceÉtudiante infirmière
Lorsque Bérénice a entendu parler d'une distribution alimentaire, organisée par la Fédération des associations étudiantes picardes (FAEP), elle n'a pas hésité : "Eux, au moins, ils comprennent notre problématique et savent à quel point c'est dur de trouver de la nourriture à des prix abordables."
Des témoignages d'étudiants unanimes
Vendredi 17 novembre, dans la longue file d’attente devant l’Agoraé, une épicerie solidaire tenue par des étudiants amiénois, certains viennent pour la première fois. "C’est un vrai coup de pouce", sourit une étudiante. "Des fois, les fins de mois sont compliquées alors, comme c’est gratuit, on en profite."
"Quand on nous propose des services comme ça, il ne faut pas les rater", confirme un étudiant en médecine, qui salue le fait que la distribution soit ouverte aux non-boursiers.
J’ai la chance d’avoir mes parents qui me suivent et qui subviennent à mes besoins mais ça n’empêche que c’est toujours compliqué d’être un poids pour eux… On essaie de se restreindre au maximum.
Un étudiant amiénois
Lors de l’opération, rendue possible par des fondations de banque et des subventions de plusieurs organismes, 1 500 paniers ont été distribués en l’espace d’une journée, contre 600 l’an dernier.
Une épicerie solidaire davantage sollicitée
Habituellement, l’Agoraé distribue ses denrées à 500 étudiants bénéficiaires, inscrits sur dossiers et retenus en fonction de leurs critères de ressources. Cette année, une différence notable : les étudiants sont plus nombreux à venir au moins une fois par semaine, pour y faire leurs courses.
"L’an dernier, on avait une file active de 150 bénéficiaires à peu près. Aujourd’hui, on est presque à 300 bénéficiaires. Et on a une trentaine de demandes par semaine pour rejoindre le dispositif", estime Maël Erman, Président de la Fédération des associations étudiantes picardes (FAEP). "Normalement, l’Agoraé existe pour pallier un besoin mais pas vital. Là, on se rend compte que ça le devient."
Si l’association salue l’augmentation des bourses cette année, elle considère que cela n’est pas suffisant : "Ce qu’on veut, c’est une refonte globale du système. On voudrait que les bourses soient calculées sur le foyer fiscal des étudiants et pas des parents, qu’on territorialise les aides car c’est plus difficile de vivre à Lille ou à Paris qu’à Angers par exemple et, aussi, qu’on définisse un seuil universel de soutien, pour que les étudiants touchent au moins ça par mois."
La FAEP ne compte pas s’arrêter là et prévoit de distribuer 10 000 paniers sur toute l’année universitaire.
Avec Emilie Boulenger / FTV