Des centaines d’étudiants font la queue chaque semaine pour recevoir des paniers alimentaires de l’association Linkee dans la métropole lilloise

Mille étudiants viennent récupérer un colis alimentaire chaque semaine dans les deux points de distribution de l’association Linkee, à Lille et à Roubaix. En cause : l’inflation qui entraîne une hausse de la précarité étudiante. Une situation préoccupante.

Dans l’immense salle du Bazaar Saint So de Lille, une vingtaine de bénévoles s’affairent ce mardi soir du mois de décembre. Habillés de gilets sans manches bleus, ils distribuent des vivres aux centaines d’étudiants qui font la queue. L’association Linkee récupère des surplus et des invendus alimentaires. Deux fois par semaine, elle organise des distributions à destination des étudiants, à Lille et à Roubaix. 

“La précarité étudiante augmente, donc la demande de dons alimentaires explose”, explique Brice Benazzouz, responsable d'activités Linkee Lille. “Avant la rentrée, on avait 300 étudiants par semaine, une fois par semaine. Là, on fait deux distributions par semaine et on reçoit 500 étudiants à chaque fois. C’est toujours complet.” 

La précarité étudiante en augmentation 

Autour de lui, l’organisation tourne en effet à plein régime. Installés en ligne le long de grandes tables garnies de nourriture, chaque bénévole est chargé de mettre un item dans le sac des bénéficiaires. Les étudiants reçoivent des paniers de cinq à sept kilos. Au menu : pommes de terre, oignons, carottes, choux blancs et poireaux des agriculteurs de la région – locaux et bio. Il y a aussi du céleri, des pommes, des bananes et des oranges en provenance du marché de gros de Lille. Des pains et viennoiseries de boulangeries de la métropole sont aussi distribués ; ainsi que des sauces et des produits d’hygiène. Objectif de Linkee : fournir aux jeunes un panier qui leur permet de se nourrir pendant toute une semaine. 

Un véritable besoin puisqu'un étudiant sur deux a commencé à récupérer des colis alimentaires depuis l'inflation. D’après les chiffres de Linkee, 77 % des étudiants interrogés ont un reste à vivre de moins de 100 euros par mois, soit 3,33 euros par jour. 54 % des étudiants interrogés sautent des repas pour des raisons financières, contre 43 % en 2022.

Malgré ses 21 heures d’intérim par semaine et l’aide de ses parents, Nabil*, 23 ans, étudiant en droit du patrimoine, a justement “besoin” de ces distributions alimentaires. Il vient pour la deuxième fois. “Ça me dépanne de fou. Je mange beaucoup car je fais du sport et parfois c’est limite, je galère.” Dans son sac, le jeune homme a un vrai plein de courses. Il a même pris des serviettes hygiéniques pour sa copine : “parce que je sais que c’est très cher”.   

“On ne sait pas comment on va tenir.” 

Brice Benazzouz, responsable d'activités Linkee Lille

Brice, le représentant associatif se dit “inquiet pour la suite” de l’année universitaire : “la demande continue d’augmenter et on ne sait pas comment on va tenir”. Il constate que la rentrée 2023 était “vraiment particulière”, avec encore plus d’étudiants et un nouveau public. “Maintenant, on est obligés de mettre une jauge. On ouvre les inscriptions la veille et c’est complet en moins de 24 heures”, raconte-t-il. “On a des jeunes de Valenciennes, d'Armentières ou de Bailleul qui prennent le train juste pour venir chercher leur panier…

Déstigmatiser les distributions alimentaires  

Pour profiter des distributions alimentaires de Linkee, il n’y a pas de conditions de ressources. Il suffit d’un justificatif de scolarité. Margaux, 24 ans, étudiante en master culture et communication, vient ici car “les légumes, ça coûte une blinde”. Elle n’est pas la seule à le constater. D’après Linkee, 37 % des étudiants ne peuvent pas acheter de fruits et 23 % des sondés disent ne pas pouvoir acheter de légumes, contre 12 % en 2022. Une fois ses factures payées, Margaux a un reste à vivre de 130 euros, pour sa nourriture et ses loisirs. “C’est pas beaucoup. Sans les distributions, c’est vraiment limite, je dois tout calculer”, explique-t-elle.

Brice Benazzouz met en avant la “spécificité” de Linkee dans sa manière de distribuer des vivres. L’association a à cœur de changer l’image des distributions alimentaires. “On met de la musique, nos bénévoles sont eux-mêmes étudiants, ils tutoient les bénéficiaires, il y a du thé… On ne veut pas que les jeunes viennent en baissant la tête, avec la honte de venir à une distribution alimentaire”, explique-t-il. 

Pour Margaux, c’est un pari gagné : “tout le monde est sympa et comme ce sont des gens de notre âge, on se comprend : eux aussi, ils savent ce que c’est la galère”. 

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