La Picardie fait face à un défi croissant : le manque de places dans les restaurants universitaires. Elle compte plus de 54 000 étudiants, pour 4 650 places assises dans les restaurants et cafétérias universitaires. À Amiens, comme à Cuffies, les files d'attente s'allongent, les frustrations montent, et l'équilibre nutritionnel des repas est compromis. Une situation qui soulève des questions sur l'accessibilité à une alimentation saine et abordable pour les milliers d'étudiants de la région.
À Amiens, le constat est clair : les 1 880 places assises dans les restaurants universitaires (et 848 dans les cafétérias) ne suffisent pas pour accueillir les quelque 31 500 étudiants. Un étudiant en chimie durable, Pascal François, se rend au restaurant universitaire de Saint-Leu tous les jours "Si je devais faire les courses, je ne m’en sortirais pas, ça ne serait pas possible." Cependant, les files d'attente de parfois 20 minutes découragent certains étudiants, qui se reportent sur la sandwicherie, comme le souligne Basmaa, étudiante étrangère en pharmacie : "C’est un peu compliqué de faire la queue à chaque fois alors qu’on n'a qu’une heure de pause. Donc quand on est pressés, on prend que des paninis à la cafétéria, ce qui n’est pas très nutritif".
"À la citadelle, il n’y a pas de restaurant universitaire, quand on n'a qu’une heure pour manger, faire 15 minutes de route aller, 15 minutes de route retour et faire la queue, ça laisse 5 à 15 minutes pour manger et ce n’est pas suffisant, rapporte Manu Brondel, co-responsable de la nouvelle Union Étudiante Picardie, La tarification sociale du Crous c’est génial, parce que sur le papier ça permet à tout le monde de manger équilibré et pas cher. Mais comme il n’y a pas assez de place, les gens se retrouvent à manger pour plus cher et pas équilibré. C’est problématique, car mal manger ça se reporte sur la santé et à terme sur les études".
Pour les syndicats étudiants, il est nécessaire d'ouvrir de nouveaux restaurants Universitaires. Laurent Potié, directeur du Crous d'Amiens évoque une création d’un restaurant universitaire prévue à la citadelle, lors de son projet d’extension, qui a été abandonné, faute de financement.
Mais selon lui, "La cafétéria permet d’absorber les flux avec une fréquentation quotidienne de l’ordre de 420 pour 260 places assises, donc on reste dans des taux tout à fait acceptables".
Cuffies, une situation particulière
À Cuffies, dans l'Aisne le manque de places est exacerbé par l'absence de restaurant universitaire. Le Crous collabore avec la municipalité pour subventionner les repas dans un restaurant agréé, mais la situation reste tendue avec une augmentation des effectifs, notamment depuis la mise en place des repas à 1 € (le Crous estime cette augmentation à 10 % à 15 %).
Le campus accueille 770 étudiants, mais le restaurant agréé propose seulement une centaine de places assises. Et pour les étudiants, impossible de se restaurer ailleurs, aucune option dans le campus, ni de supermarché, cafétéria ou fast-food dans la ville.
Dans un contexte d’inflation et de précarité étudiante, un étudiant sur quatre saute un repas par jour, faute de moyens. Les restaurants universitaires, sont parfois le seul moyen de déjeuner à petit prix.
Avec Elise Ramirez / FTV