1940, la bataille de France au jour le jour : 26 mai, Calais en ruine, l'Opération Dynamo lancée à Dunkerque

EPISODE 18 - C'était il y a 80 ans. Alors que les Alliés cédaient sur le front de l'Escaut et à Calais, le vice-amiral Ramsay lançait officiellement l’Opération Dynamo pour rembarquer les troupes britanniques depuis Dunkerque. Un tournant de la Seconde Guerre Mondiale.

A Calais, 200 Stukas s’abattent sur la ville et la citadelle où sont retranchés soldats français et belges. Les Allemands passent les canaux et envahissent le nord de la ville.
 


Les points de résistance tombent les uns après les autres. La garnison de la citadelle tient toujours mais toutes les armes automatiques du côté sud de la fortification ont été détruites. A 15h, les Allemands enfoncent la porte sud et escaladent les remparts. 
 


A 16h, la garnison à court de munitions se rend. Des groupes de soldats alliés isolés se battront encore jusqu’au lendemain du côté de la gare maritime.
 


Les Français et les Britanniques ont perdu 2000 hommes (300 tués et 1700 blessés) en défendant Calais. Les Allemands comptent 800 soldats tués et 2400 blessés.
 


Grâce à la résistance des garnisons de Boulogne-sur-mer et Calais, ce 26 mai, les Alliés ont déjà eu le temps d’évacuer 27 936 soldats vers l’Angleterre.
 

En ce dimanche, Marc Bloch arrive à Steenwerck, l’Etat-major du groupe d’armées du Nord s’installe dans "une aimable villa claire et de bon ton". "L’étreinte ennemie se faisait de plus en plus impérieuse, le problème commençait à se poser de la destruction, par le feu, des importants dépôts d’essence de Lille".


Steenwerck sera le siège des forces françaises du général Blanchard pour coordonner leur repli vers Dunkerque.
 


De l’autre côté de la frontière, le front de la Lys en Belgique est massivement bombardé. Les Allemands veulent en finir avec cette ligne de résistance.

L’armée belge lance ses dernières réserves dans la bataille pour colmater les brèches ouvertes près de Gand ou de Courtrai. Les contre-attaques belges repoussent les Allemands partout, mais la fin est proche pour ces troupes à bout de forces.
 


Le front de l'Escaut cède face aux offensives allemandes


Le long de l’Escaut, entre Saint-Amand-les-Eaux et Fresnes-sur-Escaut, les Allemands attaquent massivement. A 22h30, les Français sont débordés mais parviennent à se replier vers la forêt de Raismes.
 


La division du Nord a bloqué pendant six jours 2 divisions allemandes. Les pertes sont énormes : le 43e régiment d’infanterie de Lille par exemple, a perdu près des deux tiers de ses hommes, tués ou blessés. Un monument commémoratif leur rend hommage près du blockhaus de la Tour-du-Moulin à Bruille-Saint-Amand.
 


A Bouchain, les Allemands attaquent en force, dans la matinée, en longeant la voie ferrée. Les positions françaises tombent les unes après les autres après épuisement de leurs munitions.
 


L’ordre de retrait général est donné à 14h. Les restes du 45e régiment d’infanterie réussiront à se replier jusqu’à Lille en toute fin de journée.
 

 
Les derniers défenseurs cernés dans la Tour d'Ostrevant autour du lieutenant Sabatier se rendront à 15h30.
 


Avec le retrait des troupes françaises de l’Escaut, Valenciennes est prise. Dans cette ville, des fuyards ont commis des pillages quelques jours auparavant. Depuis, le centre-ville est en proie à un incendie monstrueux qui ne sera maîtrisé qu’au bout de 14 jours.
 

 
Le quartier de l’Hôtel de Ville est complètement en ruine, seule la façade de la Mairie sera sauvée.
 

 
Le Théâtre et 1160 maisons sont détruits, 300 familles sont sans abri.
 

 

Le repli vers Dunkerque s'organise


L’arrêt de l’avancée allemande dans le secteur de Bouchain/Saint-Amand-les-Eaux aura donné près d’une semaine de répit aux troupes alliées qui refluaient vers le littoral pour leur réembarquement.
 

M.Langlart, ancien combattant, témoigne dans le documentaire "Dunkerque 1940" réalisé par Bernard Claeys et diffusé le 28 mai 1978 dans l'émission "Hexagonal, Histoire de France" (FR3).


A 13h30, Hitler consent enfin à entendre ses généraux et autorise les divisions Panzer à avancer. L’armée allemande a perdu trois jours et 8 heures. Pendant ce temps, les Alliés ont renforcé leurs positions sur tous les fronts et la Royal Navy a réussi à rassembler une flotte d’évacuation qui se dirige vers Dunkerque.
 


Rommel est le premier à reprendre l’offensive, il attaque près de La Bassée, à Violaines.
 


Les positions britanniques et françaises sont soumises à un violent bombardement. Les Allemands tentent de passer le canal grâce à des péniches coulées mais la tentative échoue. Dans la nuit, les troupes du Génie réussissent à construire un pont de bateaux à Givenchy-lès-La-Bassée. En toute fin de nuit les premiers chars pourront traverser.
 


Des Groupement de reconnaissance de division d’infanterie (GRDI) veillent sur le repli des unités. Les GRDI sont de petites unités d’environ 800 hommes très mobiles. Ils étaient utilisés pour faire de la reconnaissance ou mener des combats d’arrière-garde. Le 7e GRPI de Saint-Omer a participé aux combats en Belgique, puis dans l’Avesnois, l’Artois et sur le front de la Lys.
 


Repliés dans la poche de Dunkerque, ces hommes se sont sacrifiés pour couvrir la retraite de leurs camarades. Ils arriveront trop tard pour pouvoir embarquer vers l’Angleterre et seront fait prisonniers le 4 juin.
 


Jérémy Brunet, soldat originaire du Nord, a connu ce type de combats retardataires. Basé près de la frontière du Luxembourg, son GRDI va couvrir la retraite des troupes françaises de l’Est en juin 1940. Son unité dépendait d’un régiment de dragons à cheval.

On ne se voyait pas beaucoup avec les Allemands, il n’y a jamais eu de corps à corps. On reculait. Là où on pouvait faire de la résistance on faisait de la résistance. Une heure ou deux, combats à pied.

Jérémy Brunet, soldat nordiste.


"On n’avait pas beaucoup de blindés, juste quelques automitrailleuses, c’est moins épais qu’un blindé, ça n’a pas de chenille mais des pneus comme une voiture", explique-t-il. "On avait des nouveaux fusils de 36 de 7,5 mm de calibre, et puis des mortiers et des canons anti-char. On ne se voyait pas beaucoup (avec les Allemands), il n’y a jamais eu de corps à corps. On reculait. Là où on pouvait faire de la résistance on faisait de la résistance. Une heure ou deux, combats à pied. Puis il fallait repartir, les Allemands avançaient sur les côtés, il ne fallait pas se laisser encercler".
 

 

L'Opération Dynamo débute officiellement


Ce 26 mai, 18h57, à Douvres en Angleterre, le vice-amiral britannique Bertram Ramsay lance officiellement l’Opération Dynamo, le feu vert au rembarquement du Corps Expéditionnaire Britannique depuis toutes les plages à l’est de Gravelines et le port de Dunkerque.
 


Les Britanniques établissent un périmètre autour de Dunkerque en utilisant les canaux qui entourent la ville. A partir de ce moment, les soldats britanniques filtrent le flot de soldats et de matériel qui entre dans ce périmètre. Seuls les hommes et les armes légères sont autorisés à franchir les canaux.
 


Les Britanniques ne voulaient pas encombrer les routes du périmètre pour ne pas ralentir les opérations d’embarquement de leurs hommes. Alors de nombreux soldats français doivent abandonner leurs véhicules, blindés, canons et les saborder en arrivant aux abords des canaux.
 


La perte de ces armes lourdes se fera dramatiquement ressentir quand il faudra défendre la poche de Dunkerque...



► La suite de notre série demain avec la journée du 27 mai 1940. Vous pouvez relire les épisodes précédents dans le récapitulatif ci-dessous :
 

 

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