1940, la bataille de France au jour le jour dans le Nord et le Pas-de-Calais : relisez l'intégralité de notre série

Pour les 80 ans de la bataille de France, nous vous avons raconté, au jour le jour, son déroulement dans le Nord Pas-de-Calais, devenu alors l'épicentre de la Seconde Guerre Mondiale. Voici l'intégralité de nos 27 chroniques, de l'offensive allemande en Belgique à la chute de Dunkerque. 

Pendant près d'un mois, nous vous avons raconté, au jour le jour, le déroulement de la bataille de France dans le Nord et le Pas-de-Calais, il y a 80 ans. De ses prémices à la frontière, en Belgique puis dans les Ardennes, jusqu'à la chute de Dunkerque, envahie par les Allemands le 4 juin 1940 alors que les derniers navires alliés filaient vers l'Angleterre.

27 épisodes pour 27 jours de chaos, de récits tragiques et extraordinaires, d'actes héroïques aussi parfois qui tordent le cou aux clichés entendus sur la "débâcle" et à l'idée tenace d'une armée française qui aurait rendu les armes sans jamais vraiment combattre. En mai et juin 1940, le Nord Pas-de-Calais fut l'épicentre de la Seconde Guerre Mondiale. Une tragédie collective qui a fortement imprégné nos mémoires et dont nos villes, massivement bombardées, portent à jamais les stigmates.

Retrouvez, ci-dessous, par ordre chronologique, l'intégralité de nos chroniques quotidiennes, inspirées par de nombreux témoignages de l'époque.
 

► 9 mai 1940 : la veillée d'armes


La guerre est déclarée depuis le 3 septembre 1939, mais jusqu'ici, les armées se sont observées de part et d’autre des frontières. 

Dans le nord de la France, derrière la ligne Maginot, on se prépare à une offensive imminente des troupes allemandes aux Pays-Bas et en Belgique. 

Les Alliés sont sûrs de leur plan. La Ligne Maginot empêchera les Allemands d’attaquer l’est de la France, les meilleures troupes françaises et britanniques sont sur la frontière belge, prêtes à s’avancer au-devant de l’envahisseur pour le bloquer loin du territoire français. Il y a un point faible dans ce dispositif, les Ardennes, mais l’Etat major français est sûr qu’une armée moderne ne peut traverser rapidement ce massif forestier.

 


► 10 mai 1940 : la surprise des parachutistes


Si l'offensive était attendue, l'Allemagne nazie lance par surprise... des parachutistes sur la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. 

Alors que l'Etat-major français croit à une attaque de diversion, les Allemands réussissent à neutraliser en 15 minutes les principales défenses de la forteresse d'Eben-Emael, près de Liège. 

Le jeune Jacques Duquesne se rappelle de sa mère à Dunkerque. Pour une fois, elle a laissé la radio allumée pour connaître le sort de la forteresse belge. Ce vendredi-là, sa mère était rassurée : le Fort d’Eben-Emael tenait le choc, c’est ce que disait la radio. Pourtant le boucher du quartier lui avait bien dit que c’était faux. Il l’avait entendu à "Radio Stuttgart", une radio de propagande nazie où un Français dénommé Fredonnet - surnommé "le traitre de Stuttgart" - délivrait des "vérités" allemandes. D’ailleurs le soir même, Jacques Duquesne voit arriver en France les premiers réfugiés, belges d’abord, puis le lendemain néerlandais "d’abord en voiture, puis… juchés sur de hautes bicyclettes, entassés dans des camionnettes, poussant des charrettes, des matériels agricoles tirés par des forts chevaux aussi surchargés que des autobus".

 

 

► 11 mai 1940 : le piège d'Hitler se referme


Après les parachutistes, c’est au tour des divisions de chars et d’infanterie allemandes de s’avancer. Elles franchissent le canal Albert qui va de Liège à Anvers et que les Belges espèraient utiliser comme rempart contre l’offensive. 

Les Alliés français et britanniques envoient aussitôt leurs meilleures unités en Belgique et aux Pays-Bas pour contrer les troupes ennemies, tombant dans le piège tendu par Hitler.

Les Allemands s’attaquent durement aux Pays-Bas. D’importants combats ont lieu dans le centre du pays, mais des parachutistes allemands tiennent déjà les principaux ponts et nœuds de communication. Quand l’armée française, ses troupes les plus mobiles et modernes, arrivent à Breda dans le sud de la Hollande, la situation est déjà trop compromise pour espérer pouvoir sauver l’armée néerlandaise.  Ces soldats feront un aller-retour pour rien et leur matériel flambant neuf sera souvent inutilement perdu au cours de ce périple.

 

 

► 12 mai 1940 : embouteillage dans les Ardennes


Alors que l'Etat-major allié peine encore à croire les informations transmises par le renseignement aérien, des colonnes de blindés allemands s'avancent dans les Ardennes belges en direction de Sedan. La Guerre-éclair d’Hitler démarre en fait par un monstrueux bouchon de 250 kilomètres, presque du Rhin jusqu’à la Meuse.

Une première bataille à Hannut, en Belgique, oppose blindés français et Panzers allemands tandis que des milliers de réfugiés belges se précipitent sur les routes pour gagner la frontière. Dans le nord de la France, les premiers bombardements commencent sur Hazebrouck, Cassel et Bailleul.  

Nous avions rencontré Jean-Claude Forêt, président des anciens combattants de Floing, en mai 2010 à l’endroit même où les Allemands ont réussi à traverser la Meuse. Expert de cette époque, il ne comprend toujours pas pourquoi l’Etat-major français s’est obstiné à ne pas voir ce qui s’est déroulé dans les Ardennes. "On n’a jamais pensé qu’ils passeraient par ici, Gamelin le généralissime français a dit que les Ardennes étaient impénétrables du fait de leurs forêts. Mais il y avait quand même des axes de pénétration, des routes. Les Allemands ont également fait des traversées de bois avec des troncs d’arbres pour que les chars ne s’embourbent pas. Les officiers français n’ont pas cru aux renseignements aériens, ils disaient : "Ce n’est pas vrai, les Allemands ne peuvent pas être là, c’est pas possible…".

 

 

► 13 mai 1940 : la percée de Sedan


L'Allemagne nazie attaque la ville de Sedan (Ardennes), faiblement défendue, pour pénétrer sur le territoire français. La bataille de France débute alors véritablement. L’offensive se concentre sur un front d’à peine 4 kilomètres qui sera bombardé par 750 avions pendant 90 minutes, la plus forte concentration d’avions jamais déployée jusque-là. 

Le général allemand Guderian a massé les canots, les pontons et ses commandos du génie dans les allées de l’usine l'Espérance, à Floing, à l’abri de l’artillerie française juste avant d’attaquer les rives de la Meuse en fin d’après-midi.

Des fantassins allemands depuis l’autre rive ont décrit ce qu’ils ont vu au moment des bombardements des lignes françaises : "C’est l’horreur… au-dessus de l’autre rive s’élève un mur de soufre, jaunâtre ; il ne cesse de grandir. Sous la formidable pression de l’air, les vitres vibrent, éclatent. Le sol tremble ; des maisons vacillent. A quoi cela doit-il ressembler, là-bas chez les Français ?". Dans son abri de béton, le lieutenant français Michard témoigne : "Les Stukas se joignent aux bombardiers lourds. Le bruit de sirène de l’avion qui pique vrille l’oreille et met les nerfs à nu. Il vous prend l’envie de hurler"

 

 

► 14 mai 1940 : l'échec de l'aviation alliée

 

Après la percée des Allemands à Sedan, les aviations française et britannique tentaient une riposte tardive pour empêcher les troupes ennemies de franchir la Meuse. En vain... 

A Sedan, le pont de Gaulier est à présent complétement opérationnel. 60 000 soldats, 22 000 véhicules dont 850 chars s’apprêtent à l’emprunter.

Reportage de Florence Mabille de Poncheville, Gonzague Vandamme et Marie-Elisabeth Masson.

 

Le colonel allemand von Hippel  témoigne : "Sans arrêt, avec un cran remarquable, les Potez et Morane viennent attaquer leur objectif ; ils volent à basse altitude avec une grande audace. Car il faut du cran et de l’audace pour plonger si près de cet enfer que déclenchent nos canons anti-aériens, car les Français savent aussi bien que nous ce que cela signifie de détruire ce pont. Ils n’y parviennent pas… un avion déjà touché, en proie aux flammes, fonce soudain vers le pont". Les bombes qu’il lâche n’atteignent pas l’objectif, l’appareil rate le pont et explose en s’écrasant au sol un peu plus loin. Son pilote a sauté de l’avion au dernier moment, il passe cinq mètres au-dessus d’un char qui traversait à ce moment-là. Le pilote coula dans la Meuse. La chance est toujours du côté des Allemands en ce 14 mai. 167 avions alliés furent détruits ce jour-là. Le pont de Gaulier est toujours debout.

 

 

► 15 mai 1940 : la panique s'empare des Alliés, les Panzers prennent l'avantage

 

Les Pays-Bas signent un armistice avec l'Allemagne nazie et la panique s'empare du camp allié.

En Belgique et autour de Sedan, les Panzers remportent des combats décisifs malgré une résistance farouche et parfois héroïque des troupes françaises, comme à La Horgne et Stonne. 

A La Horgne, près de Sedan, le village est défendu par des Spahis algériens, des soldats à cheval. A 8h30, l’assaut allemand commence. Devant la résistance française, les Allemands font intervenir des blindés. 16 chars allemands sont détruits. La situation est désespérée pour les Français mais ils refusent toutes demandes de reddition. A 15h, un escadron de Spahis à cheval charge les blindés allemands. L’escadron est anéanti. Les survivants se battent dans le village jusqu’à 17h. En 12 heures de combats, 610 soldats français et algériens sont tués ou blessés. Côté allemand, un millier d’hommes sont tués ou blessés et une vingtaine de chars détruits.

 

 

► 16 mai 1940 : Maubeuge bombardée, premiers combats dans le Nord

 

Les Allemands bombardent Maubeuge et pénètrent dans le Nord, en Sambre-Avesnois, où la 101e division d'infanterie de forteresse française va tenter de résister aux redoutables blindés du général Rommel. 

L’Etat-major allemand veut ménager les divisions de chars et laisser le temps à l’infanterie allemande de rattraper les Panzers trop avancés et isolés. Mais Rommel décide de désobéir. Il passe la frontière française à Clairfayts en fin d’après-midi. Il y a là des blockhaus de la ligne Maginot prolongée que les chars allemands et les sapeurs du génie attaquent. Un commandant de char allemand témoigne : "La position fortifiée crache le feu. Des canons anti-chars tirent aussi et touchent le char de commandement, l’opérateur radio a la jambe arrachée. Feu nourri d’artillerie de moyen calibre de la part de l’ennemi." 

 

 

► 17 mai 1940 : la “division fantôme” de Rommel sème la terreur dans l'Avesnois

 

Dans le Nord, les Panzers du général Rommel semaient la terreur, de nuit, parmi les troupes françaises mobilisées dans l'Avesnois, tandis que plus au sud, à Montcornet dans l'Aisne, le colonel de Gaulle tentait, avec ses blindés, de bloquer l'avancée des Allemands.

C’est donc un coup de bluff que réussit Rommel cette nuit du 16 au 17 mai, en s’exposant personnellement à la tête de ses troupes.  Des milliers de soldats français sont faits prisonniers sans même chercher à combattre, simplement surpris par les Allemands, qu’ils prennent parfois pour des Anglais. La chevauchée des blindés de Rommel qui foncent sans chercher à conforter leurs positions, à l’encontre des règles militaires, a créé un chaos total parmi les unités françaises. Les Français vont surnommer la division de Rommel "la division fantôme", car elle surgit toujours là où on ne l’attend pas. Cette nuit-là, l'artilleur calaisien André Boutoille sera lui aussi victime de la tactique de Rommel. Aux premières heures de ce 17 mai, il quitte Maubeuge avec son convoi de camions pour retrouver son régiment à Avesnes-sur-Helpe. Pour lui, la guerre est presque terminée. Avant de partir en captivité, il aperçoit près d’Avesnes, des soldats français qui ont préféré se pendre plutôt que d’être fait prisonnier. Une image qui l’a marqué à vie.

 

 

► 18 mai 1940 : la tragédie du fort de la Ferté

 

Alors que le président du Conseil Paul Reynaud rappelle Philippe Pétain à la rescousse, 107 soldats du fort de la Ferté périssent dans une attaque allemande contre la Ligne Maginot dans les Ardennes.

Dans le Nord, Dunkerque subit son premier bombardement massif.

Les ordres de l’Etat-major sont formels : interdiction de se rendre. Il faut préserver le mythe. La Ligne Maginot ne peut être prise. Alors même quand l’incendie baisse d’intensité, les hommes restent terrés dans la galerie. L’air était tellement irrespirable à cause des gaz toxiques libérés par l’incendie des munitions que les Allemands doivent attendre plusieurs jours avant de descendre dans le fort. Ils trouvent alors les corps des 107 membres de l’équipage, tous morts par asphyxie et intoxication.

 

 

► 19 mai 1940 : le front se déplace sur l'Escaut, Arras bombardée, Cambrai tombe

 

Dans le Nord, l'armée française en déroute se retranche derrière l'Escaut tandis que les Allemands bombardent Arras et s'emparent de Cambrai.

En ce dimanche après-midi, les sirènes n’ont pas eu le temps de retentir... Arras est bombardée. A partir de 15h, 18 bombardiers Dornier lâchent leurs bombes sur le centre-ville. La rue Héronval est durement touchée ainsi que le quartier de la gare. Deux trains bondés de civils sont détruits. Ce raid fait 217 victimes.

 

 

► 20 mai 1940 : le sacrifice du soldat Beaulieux sur les rives de l'Escaut

 

Les Allemands prennent Amiens, détruisent Abbeville et rejoignent la Baie de Somme et La Manche, encerclant les Alliés.

Dans le Nord, le jeune soldat Jules Beaulieux affronte héroïquement les troupes ennemies sur les rives de l'Escaut, enfermé dans sa tourelle blindée. 

A Fresnes-sur-Escaut, le soldat Jules Beaulieux, 27 ans, voit arriver l’avant-garde de l’armée allemande de l’autre côté du fleuve. Il envoie ses deux camarades à l'arrière pour tenir seul la position. "J’ai peur. Il faut que je reste. Je me demande ce que je vais faire avec une simple mitrailleuse contre des chars blindés", a-t-il écrit la veille à sa famille dans une déchirante lettre d'adieu, alors que le Génie venait de faire sauter le pont du Sarteau, près duquel sa tourelle est installée. Il tire sur les Allemands qui repèrent son emplacement. Ils approchent un canon, mais la mitrailleuse de Jules Beaulieux fauche de nombreux soldats. Les premiers obus frappent la tourelle et endommagent le système de rotation.

 

 

► 21 mai 1940 : Rommel se heurte aux blindés alliés, près d'Arras

 

Rommel et sa 7e Panzerdivision tentaient de contourner Arras pour s'emparer des ponts de la Scarpe, mais ils se heurtent cette fois à une forte opposition des blindés britanniques et français. Le célèbre général allemand manque même y laisser la vie.

 

Reportage de Florence Mabille de Poncheville, Gonzague Vandamme et Marc Graff.

 

Dans le journal de marche de 7e Panzerdivision Rommel écrit : "Même à faible distance, nos propres canons antichars ne sont pas assez efficaces contre les chars lourds des Anglais. Les fronts défensifs que nous avons formés sont percés par les ennemis, les pièces d’artillerie détruites par des tirs ou écrasées, la plupart des artilleurs abattus". 60 chars français attaquent plus à l’ouest vers Dainville. L’attaque est si violente que les lignes d’infanterie allemandes sont percées. A 16h, Rommel fait faire demi-tour à ses blindés pour venir en aide à ses fantassins. 

 

 

► 22 mai 1940 : les SS massacrent des civils dans l'Arrageois

 

Après avoir essuyé de lourdes pertes près d'Arras face aux chars britanniques, la division SS Totenkopf se vengeait sur les populations civiles.

A Aubigny-en-Artois et plusieurs villages alentours, une centaine d'habitants et réfugiés furent froidement massacrés.

Vers 9h, des SS fouillent des maisons, un adolescent est pendu et 64 hommes âgés de 16 à 73 ans sont pris en otage. Dans l’après-midi, ils seront fusillés dans une carrière à la sortie de la commune. Il s’agit la plupart du temps d’exécutions commises de sang froid comme le 23 mai à Pont-du-Gy où 22 personnes sont abattues ou brûlées dans un incendie. A Etrun aussi, 5 civils sont massacrés. Le 25 mai à Duisans, 14 civils sont également tués.

 

 

► 23 mai 1940 : les Britanniques se replient vers Dunkerque

 

Malgré la résistance des Alliés le long de l'Escaut, de la Lys et autour d'Arras, l'armée allemande poursuit son avancée dans le nord de la France.

Les Britanniques commençent à se replier vers la côte pour rembarquer leurs troupes à Dunkerque. Pendant ce temps, l'étau se resserre sur Calais et Boulogne-sur-mer, assiégées.

Ce 23 mai 1940, dans la soirée, le major britannique Archale vient rendre visite à son ami le commandant français Fauvelle. Ce n’est pas une simple visite amicale mais plutôt des adieux. L’officier anglais brise le secret défense et explique à son ami que les troupes britanniques vont quitter la France en embarquant à Dunkerque. Au même moment les troupes britanniques accélèrent leur repli vers le nord et commencent à faire sauter les ponts sur la Deûle entre Lens et Lille.

 

 

24 mai 1940 : Hitler stoppe ses blindés, les bombes pleuvent sur Dunkerque

 

Alors que les troupes allemandes s'emparent d'Arras et sont sur le point de barrer la route aux Britanniques dans leur repli vers Dunkerque, Adolf Hitler ordonne à ses blindés de stopper leur avancée. Un tournant de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. 

D’Arras à Gravelines, les blindés allemands regarderont passer les divisions alliées sans pouvoir agir. Le chef des aides de camp d’Hitler, le colonel Schmundt décrit la réaction des officiers allemands : "Ils ressemblent à une meute de chiens de chasse que l’on arrête en pleine course juste devant le gibier et qui voit sa proie lui échapper".

 

 

25 mai 1940 : Boulogne tombe, Calais est écrasée sous les bombes

 

Les Allemands prennent Boulogne-sur-mer tandis que Calais, intensément bombardée, s'apprête à connaître le même sort.

Dans le Nord, malgré les positions tenues le long de l'Escaut, l'Etat-major français se résigne, à son tour, à un repli vers Dunkerque.

Boulogne-sur-mer, dès l’aube, les Allemands attaquent la Haute-ville qui résiste encore. Un canon est mis en place face aux murs pour percer la muraille. Les remparts ne s’effondrent pas. Les soldats se lancent donc à l’assaut avec des échelles et attaquent au lance-flamme. A 8h30, la garnison française se rend. Le général français Pierre Lanquetot est amené devant Guderian en personne qui le félicite pour la défense de la ville.

 

 

► 26 mai 1940 : Calais en ruine, l'Opération Dynamo lancée à Dunkerque

 

Alors que les Alliés cèdent sur le front de l'Escaut et à Calais, le vice-amiral Ramsay lance officiellement l’Opération Dynamo pour rembarquer les troupes britanniques depuis Dunkerque.

Valenciennes est prise. En proie à des pillards depuis quelques jours auparavant, son centre-ville est ravagé par un incendie monstrueux.

L’arrêt de l’avancée allemande dans le secteur de Bouchain/Saint-Amand-les-Eaux aura donné près d’une semaine de répit aux troupes alliées qui refluaient vers le littoral pour leur réembarquement. A 13h30, Hitler consent enfin à entendre ses généraux et autorise les divisions Panzer à avancer. L’armée allemande a perdu trois jours et 8 heures. Pendant ce temps, les Alliés ont renforcé leurs positions sur tous les fronts et la Royal Navy a réussi à rassembler une flotte d’évacuation qui se dirige vers Dunkerque.

 

 

► 27 mai 1940 : le jour où Göring a voulu “tuer” Dunkerque

 

L'aviation allemande du maréchal Göring lâche 45 000 bombes sur Dunkerque, où les Alliés commencent à rembarquer vers l'Angleterre, tandis que les SS commettent de nouveaux massacres à Saint-Venant et Lestrem. 

Après Guernica en Espagne en 1937 et Rotterdam quelques jours avant, la cité de Jean Bart est la troisième ville européenne, remplie de civils, à être soumise au nouveau type de bombardement mis au point par les Nazis pendant la guerre d’Espagne pour aider Franco : bombes explosives mélangées aux bombes incendiaires. Il ne s’agit pas de détruire des unités militaires ou des installations stratégiques, non, il faut tout écraser : maisons, habitants, bâtiments, usines… 

 

 

► 28 mai 1940 : des civils et des prisonniers massacrés à Oignies et Esquelbecq

 

La Belgique capitule et la bataille de Lille s'engage pour protéger l'évacuation des Alliés à Dunkerque.

L'armée allemande commet plusieurs massacres de civils et de prisonniers dans le Nord et le Pas-de-Calais, notamment à Oignies et dans le hameau de La-Plaine-au-Bois, à Esquelbecq.

Reportage de Florence Mabille de Poncheville, Gonzague Vandamme et Marc Graff.

 

Des SS escortent, jusqu’au lieu-dit La-Plaine-au-Bois, environ 100 soldats britanniques faits prisonniers dans la journée. Les Britanniques sont enfermés dans un abri à vaches dans lequel les SS jettent des grenades. Deux officiers britanniques se précipitent sur les engins explosifs pour protéger leurs hommes en faisant écran de leur corps. 

 

 

► 29 mai 1940 : le naufrage tragique du Crested Eagle à Zuydcoote

 

Alors que les rembarquements de troupes s'accélèrent depuis Dunkerque, malgré de fortes tensions entre Français et Britanniques, 300 soldats meurent dans le naufrage du Crested Eagle, attaqué par l'aviation allemande.

 

A 18h30, tout le bateau est en feu, il s’échoue sur la plage de Zuydcoote. Les soldats survivants flottent à la surface, ils sont mitraillés par les avions pendant qu’ils sont secourus par d’autres navires avant de regagner l’Angleterre. 

 

 

► 30 mai 1940 : La Bourrasque coulée en quittant Dunkerque, 500 hommes périssent

 

500 personnes périssent à bord de La Bourrasque lors de l'évacuation de Dunkerque. Les combats se poursuivent à Lille, tandis que des SS exécutent sommairement des tirailleurs marocains à Febvin-Palfart.

Une violente explosion secoue La Bourrasque. Louis Spitaels témoigne. "Est-ce une mine, une bombe, une torpille ? Jamais je ne le sus. Je me précipite sur le pont qui est jonché de cadavres, les officiers interviennent pour maintenir l’ordre.  Le bateau a été gravement touché. Déjà, il s’enfonce lentement dans les flots en oscillant sur tribord.  Des soldats, pris de panique, se jettent à l’eau, sac au dos, ils coulent à pic. Des ordres fusent de toutes parts.  Celui de se mettre des deux côtés pour essayer de rétablir l’équilibre gravement menacé est donné en vain"

 

 

► 31 mai 1940 : 68 000 hommes évacués de Dunkerque en une journée

 

La journée commence par une nouvelle tragédie en mer avec le naufrage du Siroco, touché par des bateaux et des avions allemands. 68 000 hommes sont évacués de Dunkerque tandis qu'un cessez-le-feu se négocie à Lille.

Dans la soirée, Marc Bloch quitte la jetée du port de Dunkerque à bord d’un bateau anglais, le Royal Daffodil : "Un admirable soir d’été déployait sur la mer ses prestiges. Le ciel d’or pur, le calme miroir des eaux, les fumées, noires et fauves, qui s’échappant de la raffinerie en flammes, dessinaient, au-dessus de la côte basse, des arabesques si belles qu’on en oubliait la tragique origine… tout dans l’atmosphère de ces premières minutes de voyage, semblait conspirer à rendre plus pleine l’égoïste et irrésistible joie d’un soldat échappé à la captivité".

 

 

► 1er juin 1940 : Lille se rend après avoir aidé au succès de l'Opération Dynamo

 

Les soldats français déposent les armes à Lille après avoir contenu des troupes allemandes pendant cinq jours et aidé au succès du rembarquement des troupes alliées à Dunkerque.

Reportage de Florence Mabille de Poncheville, Gonzague Vandamme et Marie-Elisabeth Masson.

 

Avant le départ vers les camps de prisonniers, une des scènes les plus étonnantes de ce conflit se déroule sur la Grand’Place de Lille. Trois compagnies de soldats français défilent en armes mais sans munition précédés par leurs officiers. Le général Waeger et des troupes allemandes au garde-à-vous leur rendent les honneurs militaires. 

 

 

► 2 juin 1940 : Hitler en tournée d'inspection dans le Nord et le Pas-de-Calais

 

Alors que les combats se poursuivent à Dunkerque, Adolf Hitler effectue en personne une tournée d'inspection dans le Nord et le Pas-de-Calais, notamment à Bouchain où les Français ont tenu tête à ses troupes.

A Bouchain, depuis 8h, les habitants ont été rassemblés et enfermés dans une grande ferme du hameau de Boucheneuil. Ceux qui ne peuvent pas bouger sont gardés chez eux par deux soldats. En début d’après-midi, le convoi s’arrête devant la Tour d’Ostrevant. Hitler est de mauvaise humeur. Il se fait expliquer par ses officiers pourquoi deux de ses divisions ont été bloquées face à la ville pendant une semaine du 21 au 26 mai.

 

 

► 3 juin 1940 : l'épopée de Léon, 12 ans, parti d'Escaudain et évacué de Dunkerque

 

Le commandant Clouston, cheville ouvrière de l'Opération Dynamo, meurt en mer, au large de Gravelines, après l'attaque de sa vedette par des Stukas,  tandis que s'achèvent, à Dunkerque, les derniers embarquements pour l'Angleterre.

Là-bas, l'épopée de Léon Schulz, 12 ans, enfant d'Escaudain (Nord) fait les gros titres des journaux. Après avoir perdu sa famille sur la route en fuyant l'avancée des troupes allemandes, il a été recueilli par des soldats français qui l'ont embarqué avec eux à Dunkerque vers Folkestone.

"Je n'ai eu peur qu'une seule fois. C'est lorsque nous avons traversé une petite rivière et que les avions sont venus, ont tiré avec leurs mitrailleuses, et que nous avons dû courir jusqu’à l'autre côté. Certaines balles ont failli nous toucher", témoigne l'enfant. "Maurice a dit qu'il valait mieux quitter la route alors nous avons traversé par les champs. La nuit, nous avons dormi sous les haies ou parmi les arbres". Le 22 mai, à Quiéry-La-Motte, Léon Schulz est remis à des hommes du 329régiment d’artillerie qui se replie jusqu’à Dunkerque.

 

 

► 4 juin 1940 : les Allemands s'emparent de Dunkerque en ruine

 

A Dunkerque, les derniers navires embarquent pour l'Angleterre laissant derrière eux des milliers de soldats qui avaient farouchement défendu le périmètre. Les Allemands entrent en vainqueurs dans une ville en ruine.

De retour à la sous-préfecture, un général allemand interpelle le sous-préfet : "-La population a bien été évacuée, n’est-ce pas ? – Non, général, cela a été impossible ; elle s’est réfugiée où elle a pu, mais il y a encore une dizaine de milliers d’habitants dans ces ruines… sans parler de ceux qui sont restés dessous !... Voilà tout ce qui reste d’une ville hier si florissante, et c’est là, messieurs, votre besogne…".

 

 

La bataille de France continue sur notre site

Si la chronique au jour le jour de la bataille de France dans le Nord et le Pas-de-Calais est terminée, la rédaction d'Amiens reviendra, ces prochains jours, sur la suite des combats en Picardie.

Reportage de Dominique Patinec, Jean-Paul Delance et Cedric Delangle.

Elle consacre plusieurs articles sur les événements survenus il y a 80 ans dans l'Aisne, dans la Somme et dans l'Oise. Vous pouvez les lire ci-dessous :

 

Les antennes de France 3 Hauts-de-France proposent également, sur le petit écran cette fois, des documentaires, le lundi soir, traitant des événements de mai / juin 1940. 

 

De nouveaux articles sur la suite de la Seconde Guerre Mondiale, l'Occupation et la résistance dans le nord de la France sont également en projet.

 

 

Cette chronique quotidienne de la bataille de France dans le Nord et le Pas-de-Calais a été conçue et écrite par Gonzague Vandamme, éditée par Yann Fossurier, avec le concours de plusieurs journalistes et personnels de France 3 Nord Pas-de-Calais qui sont allés photographier les anciennes lignes de front et les lieux de mémoire des événements, principalement Frédérik Giltay, mais aussi Bertrand Théry, Damien André et Sébastien Gurak.

Comme indiqué lors de la présentation de cette série le 8 mai dernier, cette chronique s'est appuyée sur les travaux d'historiens comme Dominique Lormier (La Bataille de Dunkerque, Comme des Lions - le sacrifice héroïque de l'armée française), Karl-Heinz Frieser (Le Mythe de la Guerre-éclair), Philippe Masson (Histoire de l'armée allemande - 1939-1945), Patrick Oddone (Dunkerque, l'extrême 1939-1940), Robert Bruge (On a livré la Ligne Maginot), Yves Le Maner (L'invasion de 1940 dans le Nord Pas-de-Calais, publié dans Revue du Nord), Olivier Vermesch (Rassembler, regrouper, embarquer... Les trois missions logistiques de l’armée de terre française au cours de l’Opération Dynamo, publié dans Revue du Nord), Yves Durand (La captivité, histoire des prisonniers de guerre français 1939/1945) ou encore, côté britannique, Joshua Levine (Forgotten Voices Dunkirk) et Hugh Sebag-Montefiore (Dunkirk, Fight to the last man).

Cette chronique s'est également nourrie des récits des témoins directs des événements de mai/juin 1940 : Marc Bloch (L'étrange défaite), René Le Gentil (La tragédie de Dunkerque de mai-juin 1940), Joseph Kessel (L'Heure des Châtiments), Jacques Duquesne (Dunkerque 1940 - Une tragédie française) ou encore Pierre Paillon (Dans l'enfer de Dunkerque mai-juin 1940). Dans son livre La Plume et le Fusil - Des écrivains dans la tourmente de Dunkerque, Jean-Marc Alcalay a rassemblé témoignages et récits autour d'hommes de lettres présents dans l'armée française en mai-juin 1940 (Louis Aragon, Robert Merle, Julien Gracq, Paul Nizan...).

Des témoignages oraux nous ont aussi inspirés, notamment ceux de deux anciens combattants nordistes - André Boutoille et Jérémy Brunet - avec lesquels Gonzague Vandamme s'était longuement entretenu en mai-juin 2010. Nous avons également retrouvé, dans les archives de l'INA, d'autres témoignages de vétérans et témoins des événements, notamment dans le documentaire "Dunkerque 1940" réalisé par Bernard Claeys et diffusé sur FR3 le 28 mai 1978 dans l'émission "Hexagonal, Histoire de France".

La ville d'Arras, les Archives municipales de Boulogne-sur-mer et la Médiathèque Simone Veil de Valenciennes ont accepté de nous transmettre plusieurs photos des événements de mai-juin 1940, tirées de leurs collections. Historiens locaux et associations locales nous ont également prêté main forte et autorisé à utiliser certains de leurs documents : Laurent Soyer et les associations ARHAM et A l'Assaut des Mémoires, Monique Obled et Les Amis de Bouchain et de son musée, René-Henri Delporte (Emmerin, c'est vous), Didier Lherbier, Jeanine Houdart (Association Culturelle et Historique de Faches-Thumesnil), Guy Rommelaere ou encore le Groupe de Recherches et d'Identification d'Epaves de Manche Est (GRIEME).

Enfin, certaines familles nous ont transmis des documents, comme Romaric Bao et Romain-Gaël Richard, petits-fils de Léon Schulz, enfant perdu sur les routes du Nord en mai-juin 1940 et qui embarqua à Dunkerque, avec les troupes françaises, vers l'Angleterre.
 
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