Dominique Alderweireld, alias "Dodo la Saumure", a été confronté pendant près de quatre heures à René Kojfer, ancien chargé des relations publiques du Carlton, par les juges d'instruction chargés de l'affaire de proxénétisme dite du Carlton de Lille.
"Dodo la Saumure" et René Kojfer, amis depuis 45 ans, tous deux mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée dans ce dossier, étaient arrivés en début d'après-midi au palais de justice de Lille, accompagnés de leurs avocats respectifs.
Ils en sont ressortis vers 18H00, niant toute implication dans l'affaire.
"C'est le vide, le néant. Moi, j'ai jamais prostitué de filles en France. Ce sont des filles qui sont indépendantes, c'est reconnu et je vois pas de quoi on peut m'accuser", a déclaré à sa sortie du palais de justice M. Alderweireld, à qui il est reproché d'avoir fourni des prostituées à Dominique Strauss-Kahn et à ses amis nordistes mis en cause dans l'affaire dite du Carlton. "Il n'y a aucun lien entre moi et Strauss-Kahn, aucun, ni Strauss-Kahn avec le Carlton, il n'y a aucun lien", a-t-il répété.
"Je pense que c'est possible de démontrer que jamais Monsieur Alderweireld n'a fait travailler en France des jeunes femmes qui se prostituent dans ses établissements en Belgique. Nous avons tous les moyens dans le dossier pour le démontrer et le contraire est une construction intellectuelle de mauvaise foi (...) et que nous combattrons jusqu'à la fin de cette affaire", a renchéri son avocat, Me Sorin Margulis.
"L'affaire est grave..."
"Monsieur René Kojfer, tout ce qu'il a fait, c'est indiquer à des gens des numéros de téléphone de filles que lui avaient remis les filles directement. (...) René Kojfer a donné les numéros de téléphone des filles à des entrepreneurs ou à d'autres personnes. L'affaire est grave", a ironisé "Dodo la Saumure", exploitant français de bars montants en Belgique.
"On a expliqué et on expliquera encore qu'avoir été +entremetteur+, c'est-à-dire avoir pu donner quelques adresses de jeunes femmes consentantes à d'autres messieurs consentants, qui étaient tous adultes, n'est pas constitutif du délit de proxénétisme", a indiqué l'avocat de René Kojfer, Me Hubert Delarue.
La confrontation entre son client et M. Alderweireld a permis selon Me Delarue de lever les "quelques micro divergences" qui ont pu exister entre les deux hommes, "qui se connaissent depuis 45 ans et qui par ailleurs s'apprécient". "On est accusés par un témoin unique, qui se trouve être une prostituée, et qui n'est pas qu'une prostituée, qui est en fait une entremetteuse, doux nom pour le terme de proxénète. (...) Et il y a dans cette affaire des témoins qui n'en sont pas, en tout cas au moins un témoin qui n'en est pas", a poursuivi Me Margulis.
"(...) Si Monsieur René Kojfer, qui commence à avoir un certain âge (...), a pu varier dans ses déclarations, force est de constater que les accusatrices de ce dossier ont également beaucoup varié dans leurs propos. Alors est-ce qu'on peut leur porter un grand crédit, c'est la question que nos juges auront à évoquer le moment venu", a également dit Me Delarue, qui a par ailleurs indiqué que M. Kojfer était à nouveau convoqué le 4 mars "pour une ultime confrontation".
Au total, douze personnes, parmi lesquelles l'ancien patron du FMI, sont mises en examen dans l'affaire dite du Carlton. La dernière est Jean-Luc Vergin, ex-directeur régional Nord du groupe Eiffage et ancien supérieur hiérarchique de David Roquet, un des mis en examen dans le dossier, selon une source proche du dossier.