Un enseignant du lycée Pierre et Marie Curie d'Aulnoye-Aymeries (Nord) comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe (Nord) soupçonné d'avoir extorqué de l'argent à des parents voulant éviter à leur fils d'être exclu.
Les faits présumés ont pour origine un incident en décembre 2011: le jet d'une boulette par le fils des plaignants, aujourd'hui âgé de 18 ans, sur l'enseignant vacataire d'un lycée professionnel et technique d'Aulnoye-Aymeries (Nord).
Six mois plus tard, en juin 2012, ce dernier se présente au domicile des parents pour réclamer des excuses, selon leur avocat, Me Riglaire. L'élève admet devant ses parents avoir jeté une boulette sur la tête de son professeur.
Lorsque les parents recontactent l'enseignant, celui-ci, affirment-ils, leur réclame 10.000 euros. Il explique également, selon eux, qu'il y a un dossier de l'incident chez le directeur de l'établissement, qui n'attend plus que le nom du coupable pour l'exclure.
Ayant des revenus modestes, environ 1.200 euros par mois selon leur avocat, les parents, qui craignent qu'un renvoi de leur fils ne mette en péril ses projets de carrière militaire, proposent 5.000 euros.
300 euros par mois
Finalement, ils signent avec l'enseignant une "convention" dans laquelle ils s'engagent à verser 7.500 euros, à raison de 300 euros par mois. Jusqu'à ce que la direction de l'établissement ne découvre le pot aux roses lors d'un conseil de discipline le 10 janvier dernier qui a abouti à l'exclusion définitive de l'élève, en raison de son désintérêt pour les cours, selon Me Riglaire.
La direction conseille aux parents de porter plainte, ce qu'ils feront le lendemain. L'avocat de l'enseignant, Me Agboton, rapporte que son client "estime être plutôt victime" dans cette affaire, affirmant avoir été "sollicité" par les parents en vue d'un arrangement.
"Un chantage"
"Après avoir plongé cette famille dans une profonde difficulté matérielle, il les discrédite aux yeux de l'opinion et les accuse maintenant", s'indigne leur
avocat Me Riglaire, qui dénonce un "chantage".
Lors de sa garde à vue, l'enseignant a "nié les faits. Il a donné une version selon laquelle il aurait reçu des briques" sur la tête, avait expliqué le parquet.
"Cette version a été démentie par l'enquête".
L'avocat de l'enseignant affirme que son client avait averti sa hiérarchie en déposant "un rapport d'incident", ce que conteste la partie civile. "Dans la convention qu'ils ont rédigée (...), il n'a jamais été question de promettre à l'enfant qu'il ne serait jamais exclu", affirme l'avocat du prévenu. L'avocat des plaignants entend demander "une réparation matérielle à hauteur" des "exigences" de l'enseignant.
Report du procès ?
Ce dernier est également poursuivi pour faux, "pour avoir fabriqué ces faux documents d'incident qui n'ont jamais été transmis ou portés à qui que ce soit", a indiqué Me Riglaire.
L'avocat de l'enseignant a annoncé son intention de demander le report du procès, estimant que le dossier "n'est pas en état d'être jugé". La partie adverse a d'ores et déjà indiqué qu'elle s'opposerait à cette demande.
L'enseignant, qui comparaîtra avec sa compagne poursuivie pour complicité, encourt sept ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende.