Le milliardaire roubaisien Bernard Arnault renonce à prendre la nationalité belge

Le patron du groupe LVMH, originaire de Roubaix, a annoncé dans un entretion au journal Le Monde qu'il renonçait à prendre la nationalité belge. Il ne veut plus être soupçonné d'exil fiscal.

Le patron de LVMH, le milliardaire français Bernard Arnault, a renoncé à demander la nationalité belge et fait son mea culpa, sept mois après avoir suscité avec cette démarche un tollé, en plein débat sur la taxation et l'exil fiscal des plus fortunés. "J'ai sous-estimé l'impact de cette démarche, dont on m'avait assuré, par ailleurs, qu'elle se ferait dans la plus grande discrétion. J'ai à plusieurs reprises expliqué que je resterais résident en France et que je continuerais d'y payer mes impôts. En vain: le message n'est pas passé. Aujourd'hui, j'ai décidé de lever toute équivoque. Je retire ma demande de nationalité belge", a-t-il déclaré dans une interview au Monde.

Bernard Arnault, 64 ans, est né et a grandi à Roubaix. Il reconnaît avoir pensé à tort "que la polémique allait se calmer". Il ne veut plus qu'on le soupçonne "d'exil fiscal" et juge que l'affaire "pouvait avoir une incidence pour l'image" du groupe LVMH, numéro un mondial du luxe devant le suisse Richemont (Cartier...) et le français PPR/Kering (Gucci, Yves Saint Laurent...). Aussi a-t-il signifié aux autorités belges mercredi matin qu'il retirait sa demande de naturalisation, selon Le Monde.

Une commission devait examiner sa demande en mai


La commision des naturalisations de la Chambre des députés belges n'avait pas encore "reçu de documents" en début d'après-midi, a déclaré son président Georges Dallemagne, interrogé par l'AFP. La procédure parlementaire s'arrêtera dès réception de la demande de retrait. La commission était convoquée "mi-mai" pour examiner 2.500 dossiers de naturalisation "dont celui de M. Arnault", a précisé M. Dallemagne.  Deux avis négatifs rendus par des instances belges à titre consultatif ne préjugeaient en rien de la décision finale. "Le jeu était ouvert", selon l'élu belge. M. Arnault a déclaré au Monde qu'il pensait avoir "des chances importantes d'obtenir la nationalité belge".

Depuis début septembre, M. Arnault a essuyé une tempête médiatique et politique, en France et en Belgique, ciblé notamment par un "Casse-toi
riche con
" en Une de Libération
. "Pas très agréable", commente-t-il. En réponse, LVMH avait fermé le robinet publicitaire et porté plainte pour injure publique. M. Arnault redit aujourd'hui n'avoir jamais souhaité quitter la France ni échapper à l'impôt. Il explique que sa démarche était patrimoniale, pour que ses enfants ne puissent pas défaire l'oeuvre qu'il a construite, s'ils "devaient ne pas s'entendre" après sa mort.

Conscience morale ?


Dixième fortune mondiale selon Forbes avec 29 milliards de dollars (22,1 milliards d'euros) et deuxième française, M. Arnault dirige un empire de grandes marques dont Louis Vuitton, Céline, Givenchy, Moët & Chandon, Dom Perignon, Guerlain, Parfums Christian Dior, Loewe, Chaumet, Tag Heuer, Fred, Zenith, Château d'Yquem.... LVMH a réalisé 3,43 milliards d'euros de bénéfice net en 2012, pour des ventes de 28,1 milliards d'euros.

M. Arnault met aujourd'hui en avant sa conscience morale face à "la situation" de la France. Il estime que "l'effort de redressement doit être partagé" et affirme que l'abandon de ses envies belges vise aussi à "exprimer (son) attachement à la France et (sa) confiance dans son avenir". LVMH a "un comportement citoyen exemplaire", selon lui: le groupe "paye plus d'un milliard d'euros d'impôt sur les sociétés en France - c'est plus de la moitié de
ses impôts - alors qu'il réalise plus de 90% de son chiffre d'affaires à l'étrange
r".

LVMH emploie plus de 100.000 personnes dans le monde dont 22.000 en France. M. Arnault estime par ailleurs "nécessaire de lutter contre les paradis fiscaux". Il affirme qu'il "résiste" aux demandes de cadres dirigeants qui veulent s'expatrier. Et juge que "le gouvernement actuel va dans le bon sens" pour redynamiser l'économie. Du pain béni pour François Hollande en pleine affaire Cahuzac d'évasion fiscale, relève Le Monde, en s'interrogeant: "Que se sont dit et promis" le chef de l'Etat et le grand patron ?
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