La fouille générale qui a lieu ce jeudi à la prison de Sequedin était réclamée depuis de nombreux mois par le personnel et refusée par la direction depuis de nombreux mois aussi. Pourquoi ?
Fouille générale. En septembre 2012, les syndicalistes de la prison de Sequedin avaient alerté la presse à ce sujet. Cela avait donné lieu à un reportage dans le journal de France 3 Nord Pas-de-Calais. Le voici. A revoir évidemment à la lumière de l'évasion de Redoine Faïd. On y entend notamment un syndicaliste réclamer cette fouille générale : "Il faut s'assurer qu'il n'y a plus d'armes ou d'outils qui pourraient servir à une prise d'otages".
Complexe, onéreuse, l'idée d'une fouille générale à la prison de Sequedin a toujours été rejetée par l'administration pénitentiaire. Le directeur interrégional des services pénitentiaires de Lille, Alain Jégo répondait lundi à la critique des syndicats : "On fait des fouilles approfondies dans les cellules, y compris à l'aide d'un bagage x, et des fouilles faites plus régulièrement. C'est inexact de dire qu'il n'y a pas eu de fouille dans la cellule (où il était seul) de Redoine Faïd depuis février. Il n'y a pas eu de défaut dans l'inspection."
A Sequedin, les fouilles corporelles la sortie des parloirs continuent d'être régulièrement pratiquées m^me si la loi de 2009 en a restreint les condition. Une pratique, dénoncée par l'Observatoire Internationale des prisons, qui n'est en tout cas pas une garantie contre l'arrivée d'objets illicites dans la prison.
"Je pense qu'on aurait pu trouver ce que Faïd était en train de préparer"
Au lendemain de l'évasion de Redoine Faïd, le discours a tout de même changé sur la demande de fouille générale. La fouille générale "est une opération qui est examinée", avait indiqué dès mardi M. Jégo. Elle aura finalement démarré ce jeudi.
L'établissement pénitentiaire de Sequedin, ouvert le 4 avril 2005, n'a jamais fait l'objet d'une fouille générale. Selon le même syndicaliste, c'est parce que l'administration pénitentiaire veut acheter la paix sociale, qu'elle veut se montrer conciliante sur certaines "dérives" que cette option n'a jamais été choisie. "Dans mon dossier, on me reproche d'être trop "rigide". Mais quand il y a trop de laxisme, ce sont les surveillants qui en font les frais. Je suis désolé de pointer qu'une remise à zéro était nécessaire dans cette prison. Une collègue avait été agressée il y a quelques mois. On a retrouvé des armes. Les cellules de 9 mètres carrés avec 3 personnes sont pleines d'effets personnels. Elles sont devenues très difficiles à fouiller. La surpopulation empêche de faire des fouilles minutieuses assez régulièrement. Je pense qu'on aurait pu trouver ce que Faïd était en train de préparer."
Un discours sans doute plus "dur" que celui de l'Observatoire Internationale des prisons (OIP) : "Il y a une différence entre les objets interdits et ceux qui sont dangereux, disait Anne Chereul de l'OIP dans Nord-Eclair. Ces arrangements (concernant le cannabis ou les téléphones portables) permettent de pacifier sans porter atteinte à la sécurité du personnel. (...) Il vaut mieux parfois qu'il y ait de l'huile dans les rouages."
Fouilles générales rares
Un vaste programme de fouilles générales et sectorielles avait été initié en mars 2003 par le ministère de la Justice. Les fouilles générales sont rares dans les prisons et souvent déclenchées par des événements graves. En mai 2011, à Tours, la découverte d'un pistolet, de munitions de deux grenades dans une cellule en avait déclenché une comme le montre ce reportage.La fouille de la prison de Sequedin, initiée ce jeudi risque de n'être pas très fructueuse car les détenus se doutaient que la prison allait être passée au peigne fin (et se sont donc sans doute débarrassés des objets illicites ces dernières heures). Mais elle était une condition posée par les syndicats avant le redemarrage des parloirs.