"Combien de bornes jusqu'à Dunkerque ? 15 ? Bon, on est pas mal, faut marcher !", lance le député MoDem des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle en entamant samedi matin à Loon-Plage (Nord) une nouvelle étape d'un périple de plus de 450 kilomètres à pied, "à l'écoute du peuple".
Le nord de Paris, l'Oise, la Somme, le Pas-de-Calais et enfin le Nord : Jean Lassalle, 58 ans, parti le 10 avril de l'Assemblée nationale à Paris, a marché au rythme d'une vingtaine de kilomètres par jour en moyenne, pendant plus de trois semaines.
"C'est le fruit d'un long mûrissement même si ça peut paraître incongru à certains", raconte-t-il. "Je me demandais depuis longtemps si on avait tout essayé au cours des vingt-cinq dernières années pour s'adapter au basculement du monde. Pour réussir à sortir de cette nouvelle donne, je me suis demandé si ce n'était pas du côté du peuple qu'il fallait se retourner".
"J'ai voulu aller à l'écoute du peuple avec humilité et le faire dans la durée, en marchant"
explique le député qui avait observé en 2006 une grève de la faim de 39 jours contre la fermeture de l'usine de traitement d'aluminium Toyal, installée dans la Vallée d'Aspe dont il est le conseiller général.
Alors Jean Lassalle marche, plusieurs heures chaque jour, sans jamais monter dans une voiture, en costume-cravate et loden, muni d'un petit sac à dos de toile beige et d'un béret basque, une écharpe rouge au cou.
"Quand on est élu du peuple, on a l'obligation d'être présentable, d'être endimanché", justifie-t-il, peu après avoir quitté l'hôtel de zone commerciale à 46 euros la nuit où il était arrivé vendredi à minuit, le jour de son anniversaire.
"Il marche tous les jours, il ne met pas un pied dans une voiture", assure Jean-Christophe Loric, conseiller général MoDem de Conty (Somme), qui accompagne le député. Comme chaque matin avant le départ, Isabelle Savariego, adhérente du MoDem, qui gère l'intendance, a soigné les pieds de Jean Lassalle, criblés d'ampoules et rouges de mercurochrome, et lui a posé des pansements dans sa chambre d'hôtel. "Je suis son aide de camp", dit-elle en riant.
Elle a marché avec Jean Lassalle au début du périple. "On ne veut jamais qu'il marche seul, c'est dangereux au bord de la route,
"et il continue de faire en marchant, au téléphone, son travail de maire, de conseiller général et de député"
affirme-t-elle. "Attendez, attendez!", crie une femme qui court, essayant de rattraper le député qui avance à grands pas, du haut de ses presque 2 mètres. "Je vous ai reconnu, je voulais vous saluer, je suis au PS mais j'écoute tout ce que vous dites", explique Roxane Maere, une ancienne assistante de direction de 60 ans au chômage, en reprenant son souffle.
Jean Lassalle lui fait la bise et lui pose sa question : "Est-ce qu'on a tout essayé au cours des 25 dernières années ... ?". "Non", répond sans hésiter son
interlocutrice. Un peu plus loin, il écoutera une postière et une femme d'ouvrier. Il prend des notes dans un tout petit carnet. A ceux qui ne le reconnaissent pas, il lance pour engager la conversation : "bonjour, je suis le député qui marche". "J'y vais à l'intuition", dit-il.
Le bilan de ces échanges? "Neuf personnes sur dix disent que ça va péter, mais quand je leur demande si elles sont prêtes à y aller, elles disent : +non, pas moi, ce sera les autres+", affirme Jean Lassalle. "Je trouve ça encourageant", conclut-il.