Salle de concert capable de se transformer en instrument de musique géant, le Métaphone, présenté comme unique au monde, commencera à vibrer le 28 juin près de Lens (Pas-de-Calais), sur le site emblématique d'une ancienne mine de charbon.
Ce bâtiment "vivant, qui respire" est doté de façades produisant elles-mêmes des sons, grâce auxquelles on pourra créer "les oeuvres les plus insensées, les plus folles", espère son concepteur, le musicien et designer sonore Louis Dandrel.
Construit sur l'ancienne mine 9/9bis de Oignies (Pas-de-Calais), première mine ouverte dans le Nord-Pas-de-Calais - en 1842 - et dernière à avoir fermé en 1990, le Métaphone est un élément phare de la reconversion du site industriel, à l'image du Louvre-Lens, installé lui aussi au pied de terrils, à moins de 20 kilomètres.
Un instrument de musique géant
A quelques mètres des bâtiments contenant les anciennes machines d'extraction du charbon, le Métaphone a été conçu avec "le parti-pris d'une architecture complètement musicale", explique Isabelle Hérault, son architecte.
Bloc de béton noir, la salle est enveloppée d'une structure en acier recouverte d'"écailles" de verre, d'acier et de bois, qui forment un large porche au-dessus de l'entrée. L'ensemble fonctionnera sur le principe d'un orgue. D'une part, un système de pots et de câbles permettra de faire vibrer les plaques
de bois pour amplifier des sons numériques diffusés depuis la cabine de commande. D'autre part, une vingtaine d'instruments acoustiques (xylophones, cymbales, tambours, gong, orgue...) seront disposés sur deux terrasses situées sur le porche. Ils seront eux aussi reliés à la cabine de commande, d'où on peut les faire fonctionner à distance. Une à deux personnes suffisent pour faire fonctionner l'ensemble, grâce à un système combinant pédalier, clavier et ordinateur.
Pour mieux comprendre ce qu'est le métaphone, regardez ce reportage d'Alain Méry et Antoine Morvan tourné à quelques jours de l'inauguration.
Carillon moderne ?
"A ma connaissance, il n'existe pas de bâtiment dont les façades extérieures soient elles-mêmes productrices de son", d'où le nom de la salle, Métaphone, qui signifie littéralement "la grande voix", explique Louis Dandrel. La salle pourra accueillir 500 spectateurs assis ou 1.000 debout. Si le concepteur reconnaît le côté un peu "farfelu" du projet, l'idée d'installer une salle de concert au pied d'un terril est venue car "la musique était l'une des passions associatives des mineurs" qui travaillaient autrefois sur le site, souligne Jean-Pierre Corbisez, maire de Oignies et président de la communauté d'agglomération Hénin-Carvin."Toutes les communes du bassin minier avaient au moins une harmonie municipale", rappelle M. Corbisez. Des artistes seront sollicités pour composer des oeuvres sur mesure pour le Métaphone, qui pourra aussi sonner à intervalles réguliers pendant la journée, tel un "carillon moderne".
L'objectif de cette salle hors du commun est de "donner envie aux gens aux niveaux national et international de venir", pour "essayer d'attirer de l'activité économique à travers un projet culturel", explique Isabelle Hérault.
Des séminaires d'entreprise pourront être organisés sur le site, qui accueillera aussi un café-concert, des classes de musique, ainsi que des salles de répétition et des studios d'enregistrement. Les curieux pourront aussi visiter les bâtiments de la mine parfaitement conservés et classés monuments historiques.