Trois des fils Delay, reconnus victimes de viols de la part de leurs parents, refusent de participer au troisième procès d'Outreau, celui de Daniel Legrand fils, pour des viols présumés sur les quatre enfants du couple Delay-Badaoui, annoncent-ils mercredi au Parisien.
Chérif, âgé aujourd'hui de 23 ans, Dimitri (20 ans), Jonathan (19 ans) dénoncent une "mascarade" et estiment avoir été suffisamment "manipulés par la justice". Et cela "au point de nous rendre coupables de notre propre vécu, alors que nous avons souffert les pires calvaires imaginables", assure Dimitri, avant d'ajouter : "Je ne veux plus avoir affaire à ces gens-là".Le dossier de pédophilie d'Outreau avait éclaté en février 2001 et défrayé la chronique, avant de virer au fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des dix-sept accusés ont été acquittés, après parfois trois ans de détention provisoire. Sur les 18 personnes initialement mises en causes, le procès en appel de novembre 2005 avait abouti à la condamnation de quatre personnes - dont Myriam Badaoui, la mère des trois jeunes hommes et leur père adoptif Thierry Delay ainsi qu'un couple de voisins. Douze enfants, dont les quatre frères Delay, avaient été reconnus victimes.
parlant, encore dans l'interview au Parisien de viols par "neuf personnes". "Je ne veux plus jouer ce jeu de la justice. Il est évident que M. Legrand sera
acquitté lui aussi...Tout ça ne sera qu'un cirque au cours duquel on se fera à nouveau exploser psychologiquement. Même si les gendarmes viennent me chercher, je n'irai pas", déclare-t-il.
Souffrance et fragilité
Le parquet général de Douai a annoncé le 26 juin que l'un des accusés d'Outreau serait renvoyé devant les assises pour des faits qu'il lui est reproché d'avoir commis alors qu'il était encore mineur, désignant sans le nommer Daniel Legrand fils.En 2011, Chérif avait été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) pour "menaces
de mort réitérées" à l'encontre d'un couple d'acquittés, les Lavier. Au delà de ces accusations controversées et démenties par les acquittés, les trois jeunes hommes laissent apparaître dans cet entretien toute leur souffrance et leur fragilité. Ils parlent d'une existence d'errance, pendant laquelle ils
ont été longtemps séparés, de foyers en familles d'accueil puis souvent à la rue depuis leur majorité. Ils ne voient plus leur plus jeune frère Dylan, âgé de 16 ans et placé en foyer. "Je me sens toujours sale, sali", avoue Chérif, "j'enchaîne les tentatives de suicide".