Chedjou, Digne, Payet : pourquoi le LOSC a vendu ses 3 meilleurs joueurs

La réponse semble évidente. Pour l'argent. Mais comment le LOSC s'est-il retrouvé dans cette situation ? Pourquoi ? Quid du Grand Stade qui devait faire passer le club dans une autre dimension. Quelle stratégie ?

Rio Mavuba, capitaine respecté du LOSC ces dernières saisons a parfaitement résumé le problème dans les colonnes de l'Equipe ce mercredi : "Après le doublé (Coupe-championnat en 2011), tout le monde s'attendait à grandir et maintenant, on se dit que Paris et Monaco ont pris de l'avance. Tout va vite. Pour continuer à exister, il faut vendre nos meilleurs joueurs. (...) Et c'est dur de se renouveler." Comme beaucoup de supporters ou observateurs du LOSC, Rio Mavuba avait sans doute entendu le discours des dirigeants lillois ces dernières années : "Avec le Grand Stade, le LOSC va avoir les moyens de se développer." Avec le Grand Stade, le LOSC va changer de statut"... Comme tout le monde, le capitaine lillois constate que le discours a changé. Et que le Grand Stade n'a pas fait et ne fera pas de miracle. 

Fin juin, Frédéric Paquet déclarait même : "Potentiellement, tout le monde est à vendre. Si les propositions sont cohérentes, nous réfléchirons." Une déclaration d'autant plus surprenante que déjà il y un an, le LOSC vendait sa perle Eden Hazard pour 40 M€. A l'époque, c'était officiellement pour éponger le déficit d'exploitation en attendant le Grand Stade. Cette saison, le LOSC a déjà "gagné" environ 33 M€ grâce aux transferts de Chedjou, Digne et Payet. Sans doute les 3 joueurs les plus remarqués de la saison dernière. Des ventes que les dirigeants lillois semblent considérer comme indispensables. Pourquoi ?

Le LOSC ne joue pas le Ligue des Champions

Au-delà du préjudice sportif et en terme d'image, ne pas jouer la Ligue des champions est aujourd"hui pour un club comme le LOSC un gros souci financier. Cette saison a sans doute marqué la fin d'un cycle et le manque à gagner induit par la non-qualification pour l'Europe - estimé à 23 millions d'euros- est sans aucun doute le déclencheur numéro de la cure d'austérité. « J’avais ce scénario dans mes cartons. Il y aura des arbitrages économiques et sportifs que je vais devoir faire, c’est sûr !  (…) On va devoir certes réduire notre train de vie, mais on fera avec. » 


Pour présenter des comptes équilibrés à la DNCG en juin, l'Equipe affirmait qu'il fallait trouver d'urgence 15 M€. Le LOSC a donc bien un déficit structurel important, a peu de marge de manoeuvre sur ses recettes (droits télé, billetterie..), et ne peut équilibrer ses budgets qu'en baissant ses dépenses. A moins de trouver de l'argent en... vendant des joueurs. 

Le LOSC est à vendre

Michel Seydoux, le président du LOSC, a officialisé en novembre 2012 sa recherche d'un repreneur pour le LOSC. La banque d'affaires Amilton Group est cherché de trouver cet éventuel repreneur. Des approches ont été effectuées depuis mais rien de concret selon Michel Seydoux, qui affirme que cette vente n'est pas urgente. Mais cette situation peut aussi avoir un rapport avec la situation financière du club. Isidore Partouche et Michel Seydoux, actionnaires du club, vendront plus facilement un club sain. Et investir (remettre de l'argent pour les transferts par un exemple) dans un club qu'on s'apprête à vendre n'est pas forcément très logique. D'un autre côté, perdre ses actifs les plus importants (joueurs ayant une valeur marchande) fait aussi baisser la valeur du LOSC.

Le LOSC a une masse salariale trop élevée

Gagner des titres, c'est bien mais ça fait monter les salaires ! La formule est bien connue dans le milieu du foot. De nombreux joueurs du LOSC ont leur salaire revalorisé après le doublé de 2011. La masse salariale est donc importante. D'autant que certains achats ont coûté cher. Salomon Kalou, recruté l'an dernier, est le 5ème joueur le mieux payé du championnat, avec 5,7 M€ par an.


 "Lille a des problèmes financiers, comme l’ensemble du football français voire européen, affirmait Frédéric Paquet, directeur adjoint du club en juin. On doit donc être vigilant, ne pas faire n’importe quoi. Il n’y aura pas de Coupe d’Europe la saison prochaine et il est difficile de trouver de l’argent dans le contexte économique mondial. De plus, la taxation à 75% qui devrait s’appliquer en 2013 complique la vie de tous les clubs."

Le LOSC doit changer de stratégie

Acheter des bons ou grands joueurs sur le marché des transferts n'est pas à la portée de beaucoup de clubs en Europe. En France, seuls PSG et Monaco jouent dans la cour des grands. Le LOSC ne peut rivaliser. Alors autant faire de cette faiblesse une force. Le LOSC a un centre de formation qui sort régulièrement des bons jeunes. Tenter de faire une bonne équipe avec des joueurs d'avenir est une stratégie plus aléatoire, risquée mais moins coûteuse et positive en terme d'image.