L'avocat Frank Berton souhaite porter plainte contre les employeurs ou partenaires qataris de quatre Français retenus au Qatar et victimes selon lui d'escroquerie et de chantage, a-t-il annoncé samedi, confirmant une information du Parisien.
Un ressortissant étranger ne peut être majoritaire dans le capital d'une société créée au Qatar, selon l'avocat. "Il faut un sponsor qui détienne 51% de votre boîte", explique Me Berton à propos de deux chefs d'entreprises qui ont fait appel à lui.
Selon lui, ces deux hommes ont été évincés et sommés de renoncer à leurs parts et à l'argent qu'ils avaient investi, sans quoi ils resteraient retenus au Qatar.
"La particularité du Qatar, c'est que pour sortir du pays, il faut un visa, et seul le sponsor donne le visa", explique Me Berton, qui dénonce "un système d'escroquerie".
Quatre plaintes prochaînement déposées ?
L'avocat compte déposer prochaînement à Paris quatre plaintes pour escroquerie et abus de confiance contre les quatre associés et employeurs de ses clients. "Le souci de ces quatre personnes, c'est que les sponsors sont des membres de la famille royale", selon Me Berton.
"C'est une violation des droits de l'Homme", dit l'avocat, selon qui ce système s'applique davantage aux ressortissants français qu'aux ressortissants anglais et américains, "dont les diplomaties ne se laissent pas faire".
Le défenseur des quatre Français se montre très critique envers la diplomatie française, notamment l'ambassadeur de France au Qatar, auquel il reproche de ne pas avoir reçu les quatre hommes.
Quai d'Oray "assez timide" dans ces affaires
Me Berton qualifie le Quai d'Orsay d'"assez timide" dans ces affaires, même s'il loue le travail d'une consul au Qatar, "très présente" auprès de ses clients.
Parmi ces quatre personnes, on trouve Zahir Belounis, footballeur âgé de 33 ans, qui a attaqué son club auquel il réclame des salaires non versés selon lui. Il avait été reçu par François Hollande lors de sa visite au Qatar en juin.
Avec lui, trois autres Français sont également retenus au Qatar selon Me Berton : Nasser Al Awartany, chef d'entreprise franco-jordanien (dont la femme a pu sortir du Qatar et se réfugier près de Calais chez ses parents) Jean-Pierre Marongiu, entrepreneur âgé de 56 ans, et Stéphane Morello, 52 ans, entraîneur de football, dont le sponsor était le comité olympique qatari, présidé par celui qui allait devenir l'émir du Qatar, le sheikh Tamim Ben Hamad Al Thani.