Braderie de Lille : royaume de la chine, le temps d'un week-end

"On cherche tout et rien, c'est au coup de coeur", résume Serge, un retraité de Calais en arpentant samedi les rues de Lille, transformées en royaume de la chine le temps du week-end.

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Plus de deux millions de personnes étaient attendues samedi et dimanche dans la capitale des Flandres, où 10.000 exposants, particuliers, brocanteurs professionnels ou amateurs, et commerçants se partagent 100 kilomètres d'étals.

"Ici, vous pouvez trouver des choses que vous cherchez depuis des années... faut pas venir avec des idées préconçues", explique Serge. Avec sa femme Nicole, ils ont enfilé leur tenue de randonnée : polaire, bermuda, short et chaussures de marche. "On va marcher de 6H00 ce matin à 06H30 ce soir,
faut s'équiper!".




"Y a plein de belles choses, profitez-en, c'est encore le début", lance Nathalie à la cantonade. Vêtements de marque, tableaux, lampes, vaisselle... cette enseignante lilloise de 48 ans, dit avoir vidé sa cave, son grenier et ses placards. "Sept euros la chemise!", répond-elle à une cliente potentielle, avant d'ajouter "ah non, celle-là c'est vingt euros, c'est une Maje!"

Cette mère de famille, qui vend chaque année à la braderie "pour débarrasser, pour le fun et un peu pour les sous", espère gagner "500-600 euros" dans la journée. William est venu de Brighton, où il tient une boutique d'antiquités. "Il y a beaucoup de choses intéressantes et peu courantes ici, beaucoup plus qu'en Angleterre", souligne-t-il, une sacoche ancienne en cuir en parfait état à la main, achetée 25 euros.

Si la braderie ouvre officiellement samedi à 14H00, de nombreux exposants sont sur place depuis plusieurs jours pour s'assurer un bon emplacement. Les brocanteurs professionnels disposent eux de places réservées, comme Bernard, 63 ans, qui tient une brocante dans le Nord,  et s'installe chaque année au même endroit, le long de l'hôtel de ville.

Les brocanteurs menacés par internet

Sur son stand, des pendules et des horloges, une porte transformée en fenêtre... "que des petits prix, 60-100 euros", dit-il.

"J'ai pris les invendus du magasin mais on ne va pas appeler ça des invendus puisqu'il n'y a plus de clients qui viennent dans le magasin", regrette-t-il, désabusé. Internet et la prolifération des vide-greniers où vendent des "faux particuliers", brocanteurs au noir, ont profondément bouleversé le métier de brocanteur, selon différents témoignages.

"Avant, on avait encore des prix de référence, maintenant il n'y a plus de prix", explique Evelyne, 60 ans, qui tient une brocante à Bavay (Nord). "Ca, ça peut valoir 50 centimes ou 200 euros", dit-elle en montrant une petite étagère métallique rouge provenant d'un garage automobile.

Elle annonce 75 euros à un homme intéressé. "Le machin me convient mais c'est le prix qui ne me convient pas", répond celui-ci, il s'en va sans même tenter de négocier.

Poupées des années 30 à 50, vieux habits et vieux chapeaux, paravent, fauteuils de bridge... "j'ai pris des objets hétéroclites", commente la sexagénaire. "Le marché évolue tellement vite", explique-t-elle : "le 50 c'est passé, maintenant, c'est les années 70, les meubles rustiques, c'est fini aussi".

"On ne sait pas ce qu'ils cherchent, donc on ne sait pas ce qu'il faut vendre", renchérit Bernard : "il suffit qu'ils voient passer deux ou trois personnes le même truc à la main et ils veulent le même : c'est de la folie collective".

Quelque 2.000 policiers, gendarmes et douaniers sont mobilisés pour assurer la sécurité de la braderie de Lille où une automobiliste ivre a perdu le contrôle de son véhicule dans la nuit, blessant légèrement 24 personnes.
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