Le ministre de l'intérieur confirme : "la majorité (des Roms) doit être reconduite à la frontière". Dans le même temps, Amnesty International dénonce des propos "qui perpétuent les clichés et attisent les réactions d'animosité et de rejet" et regrette la multiplication des expulsions forcées.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a estimé mercredi matin qu'il n'avait "rien à corriger" à ses propos de la veille sur les Roms qui, selon lui, ne sont qu'une minorité à vouloir s'intégrer en France.
Sur RMC - BFM TV, Manuel Valls a répété être "de gauche", alors que ses déclarations ont été mieux accueillies à droite qu'à gauche, y compris dans le Nord-Pas-de-Calais, l'une des régions où la population Rom est la plus représentée.
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"La majorité (des Roms) doit être reconduite à la frontière", a continué Manuel Valls. "Nous ne sommes pas là pour accueillir ces populations", a-t-il insisté. "Je vous rappelle la phrase de Michel Rocard : "La France n'a pas vocation à accueillir toute la misère du monde".
Selon lui, les campements roms "posent des problèmes majeurs" à leurs occupants "et aux riverains". Il faut les démanteler dès lors qu'il y "une décision de justice" et "une situation sanitaire et sécuritaire inacceptable".
"Il faut être très clair", a-t-il ajouté. "Ces familles ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie (...). Des solutions d'insertion existent mais elle sont limitées. Ceux qui ne travaillent pas doivent rentrer chez eux. La majorité d'entre eux doit être reconduite à la frontière".
Réponse à Arnaud Montebourg
"Je n'ai rien à corriger, mes propos ne choquent que ceux qui ne connaissent pas le dossier", a-t-il déclaré sur RMC-BFMTV, alors qu'Arnaud Montebourg avait jugé mardi que les propos de Manuel Valls étaient "excessifs" et méritaient d'être "corrigés".
"Je ne vais pas polémiquer avec un membre du gouvernement", a ajouté Manuel Valls, dont les déclarations sur les Roms ont semé le trouble au sein même du Parti socialiste.
Amnesty International dénonce la multiplication des expulsions forcées
Dans un rapport publié ce mercredi, Amnesty International dénonce "les propos de certains membres du gouvernement qui perpétuent les clichés et attisent les réactions d'animosité et de rejet", en citant Manuel Valls.
A rebours des signaux envoyés par le ministre de l’Intérieur, l’ONG demande que les évacuations de camps de Roms soient interdites durant la trêve hivernale. Elle regrette d’ailleurs, après avoir enquêté à Lille, Lyon et en Ile de France, que les expulsions forcées se soient multipliées (11.982 en 2012, 10.174).
Une circulaire interministérielle d’août 2012 prévoyait que tout démantèlement de camp soit précédé d’un diagnostic social, pour éviter les expulsions à répétition. Mais elle n’a pas force de loi, Manuel Valls et les Préfets ne sont pas tenus de l’appliquer.