Le parquet de Lille a requis mercredi cinq ans de prison, dont trois avec sursis, contre un ancien dirigeant du Front national (FN) du Nord pour escroquerie au préjudice de l'Etat dans une affaire de financement électoral.
Le jugement a été mis en délibéré au 6 décembre.
Philippe Bernard, ancien secrétaire départemental du parti d'extrême droite, comparaissait depuis mardi au tribunal correctionnel de Lille, notamment aux côtés de deux anciens cadres de la formation politique, Sylvie Langlois et son mari Frédéric Butez. Ils avaient tous les trois été exclus du FN.
Le procureur a requis deux ans de mise à l'épreuve pour le sursis de M. Bernard, incluant notamment comme conditions 30.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer toute fonction de gérance.
"Pour mon client, c'est la réquisition d'une peine de mort civile. Mon client est lessivé par cette affaire. On lui dit aujourd'hui qu'il ne pourra plus travailler, donc c'est compliqué", a déclaré son avocate, Caty Richard, qui a plaidé la relaxe.
Guy Cannie, ancien trésorier de la fédération FN du Nord mais toujours membre du parti frontiste et conseiller régional dans le Nord/Pas-de-Calais, était à la fois prévenu et partie civile dans cette affaire, portant sur le financement de la campagne des élections cantonales de 2004 dans le Nord.
"Un coup sur la tête"
Le parquet a requis à l'encontre de M. Cannie, candidat aux prochaines élections municipales à Douai (Nord), deux ans de prison avec sursis, une amende de 10.000 euros et une interdiction de droits civiques et civils pendant cinq ans. "C'est un réquisitoire épouvantable, j'ai pris un coup sur la tête", a-t-il réagi.
Son avocat, Me Eric Cattelin-Denu, a plaidé la relaxe en défendant sa bonne foi. "Le procureur a dit que parce qu'il était trésorier, il ne pouvait pas ignorer les malversations et les fausses factures. On est dans un système pervers, on est dans la suggestion", a-t-il assuré. Le parquet a requis quatre ans de prison, dont deux avec sursis, contre Sylvie Langlois, et trois ans de prison, dont deux avec sursis, à l'encontre de Frédéric Butez.
Le Front national était partie civile dans cette affaire pour demander "la réparation d'un dommage moral subi par le FN", selon l'avocat du parti, Me David Dassa-Le Deist. Il a demandé un euro de dommages et intérêts lors de l'audience.
Le début de l'affaire remonte à fin 2005, avec un dépôt de plainte d'Eric Portejoie, également candidat FN aux cantonales de 2004 dans le Nord, soupçonnant une utilisation à des fins frauduleuses d'un compte bancaire ouvert à son nom par le parti frontiste pour cette campagne.