La préfecture du Nord a annoncé vendredi qu'elle retirait son offre d'hébergement à une partie des familles Roms accueillies depuis fin octobre à la Bourse du travail de Lille, une décision qui ne surprend pas les syndicats qui les abritent.
La préfecture avait proposé mardi de mobiliser des places d'hébergement d'urgence pour 52 personnes sur la centaine qui occupent les lieux depuis près de deux mois, "les plus vulnérables, sous réserve que cette mesure s'accompagne du départ volontaire de la totalité des personnes présentes sur le site". Trois syndicats, la CGT, la FSU et Solidaires, avaient annoncé mercredi qu'ils acceptaient la proposition de la préfecture pour ces 52 personnes, mais qu'ils refusaient l'expulsion des autres.
Ces familles Roms font partie des quelque 250 personnes qui, après avoir été évacuées le 28 octobre au matin d'un campement à Villeneuve d'Ascq, avaient trouvé refuge le soir à la Bourse du travail, dans le quartier Fives de Lille. "Le préfet prend acte du refus des organisations syndicales et des personnes de culture rom d'accepter une telle offre. (...) Il a ainsi décidé de libérer les places réservées pour qu'elles puissent être utilisées dès aujourd'hui au profit des personnes figurant sur la liste d'attente du Service intégré d'orientation et d'accueil", a indiqué la préfecture du Nord dans un communiqué.
"Retour au point de départ"
Cette décision du préfet n'a "rien d'étonnant", a commenté Vincent Delbar, secrétaire général de la CGT du Nord. Mais "on n'a pas refusé cette proposition d'hébergement, on demandait un terrain" sur lequel loger la cinquantaine de personnes qui devraient quitter la Bourse sans bénéficier d'un hébergement d'urgence, a ajouté le syndicaliste. "Ce n'est pas surprenant. Mais on n'a jamais refusé", s'est également insurgé Olivier Pira, de l'Union syndicale Solidaires/Nord-Pas-de-Calais, dénonçant un "mensonge d'Etat" du préfet. "C'est un retour au point de départ, toutes les négociations n'ont servi à rien(...). C'est un pic dans l'impasse. Il y avait une solution humaine de possible, qui n'aura pas lieu", a également commenté Bruno Mattéi, du collectif Solidarité Roms, lors d'un point presse.Roumains pour la plupart, ces Roms parmi lesquels des nourrissons, une quarantaine de jeunes enfants souvent scolarisés, des femmes enceintes et des personnes âgées et malades occupent les locaux des syndicats dans des conditions sanitaires et de sécurité précaires.