Lucas Digne, qui a quitté le LOSC et accepté la perspective d'être doublure au PSG plutôt que la promesse d'un statut de titulaire à Monaco, ne cesse d'assumer ce choix sans jamais se plaindre et démontre à chacune de ses convaincantes sorties que les vertus de la patience peuvent payer.
Dimanche contre le LOSC, le latéral gauche devrait disputer son 10e match comme titulaire sur les 27 joués par le PSG cette saison, la récurrence s'étant accélérée en décembre en raison d'une blessure aux côtes qui a mis Maxwell au repos.
Cet été, l'ex-joueur du LOSC avait en quelque sorte eu le choix du roi. Et en ne faisant pas celui du "prince", il n'a pas le moins du monde cédé à la facilité
en optant pour le club champion de France en titre où le Brésilien était considéré comme le N.1 à son poste par Laurent Blanc. "Je savais qu'en signant ici, j'aurais moins de temps de jeu que l'année dernière (avec Lille) ou qu'à Monaco, mais je côtoie aussi des joueurs que je n'aurais pas côtoyé ailleurs. Je ne regrette rien. Tout était clair dès le début. Je suis jeune, j'ai le temps", déclarait Digne récemment.
Le temps. Une notion tellement relative que son concurrent brésilien effectue à 32 ans une de ses meilleures saisons, avec qui plus est l'urgence d'une Coupe du monde à disputer chez lui en juin. Un challenge d'autant plus unique à relever qu'il était inespéré jusqu'à sa première sélection en août dernier.
Voir Maxwell sur un nuage durant quatre mois n'a pas découragé Digne, dont les premiers pas dans un effectif constellé de stars et de fortes personnalités ressemblent à ceux d'un bon élève qui se sait "obligé de hausser (son) niveau pour répondre aux attentes" et justifier l'investissement de quelque 15 millions d'euros pour son acquisition.
Rafraîchissant
Des coéquipiers qui l'impressionnent, le jeune Lucas avoue du haut de ses 20 ans : "Je ne pensais pas que Thiago Silva était comme ça, simple au quotidien et incroyable sur le terrain. Il ne se relâche jamais, même à l'entraînement. Il est impressionnant, comme Zlatan (Ibrahimovic). A l'entraînement, il ne faut pas rater ses centres, ses passes..."Quant à Maxwell, il se félicite que le Brésilien lui "donne beaucoup de conseils. On s'entend très bien, cela facilite les choses. Il m'aide avec son expérience sur le terrain et en dehors". Son attitude obséquieuse, à une époque où de nombreux jeunes de sa génération n'hésitent pas à partir au conflit avec entraîneurs ou dirigeants à la moindre déception éprouvée, a quelque chose de rafraichissant, mais rien d'incompatible avec ses ambitions et les efforts consentis pour les atteindre.
Digne chez les Bleus ?
Début novembre, Laurent Blanc disait à ce propos: "Je découvre le joueur, l'homme. Il faut arrêter de dire que ce sont des gamins... Il est très plaisant à manager et à gérer, il faut même le tempérer un peu, car c'est un guerrier et il n'arrête pas".Hormis à Evian/Thonon, où toute l'équipe a sombré (défaite 2-0), Digne a été performant à chacune de ses titularisations, s'estimant de son propre aveu "plus décisif maintenant qu'auparavant. Je centre mieux et défensivement je progresse chaque jour". A tel point que le champion du monde des moins de 20 ans, passé cadre chez les Bleuets de Willy Sagnol, frappe à la porte des A, même si Patrice Evra et Gaël Clichy demeurent favoris pour aller au Mondial brésilien.
Blanc, loin de l'emballement, préfère cibler le travail à accomplir. "Ses performances sont dans une certaine continuité, déclarait-il. Il a une énorme marge de progression. Défensivement, il peut s'améliorer dans son placement et dans l'agressivité. Offensivement, il n'est pas encore aussi décisif qu'il pourrait l'être. Mais il est travailleur et il progresse."