Le maire de Douai n'interdira pas la venue de Dieudonné à Gayant Expo le 29 mars

Dans une interview à La Voix du Nord, Jacques Vernier, le maire UMP de Douai, a indiqué qu'il se refusait à interdire la venue de Dieudonné, le 29 mars prochain, à Gayant Expo. Accusé d'antisémitisme, l'humoriste est actuellement dans le viseur du ministère de l'Intérieur.

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"Son discours de haine me révolte, ses propos sont aussi dangereux que pervers, mais je n'interdirai pas la venue de Dieudonné", a déclaré Jacques Vernier, le maire UMP de Douai, dans une interview publiée ce dimanche dans La Voix du Nord. "Sur le plan juridique, tous les maires qui ont pris des arrêtés visant à interdire la tenue de ses spectacles se sont cassé les dents", explique-t-il. "Tous ont été déboutés, notamment par le Conseil d'Etat, qui reste la juridiction suprême de notre Etat de droit, où priment liberté de réunion et liberté d'expression".

Dieudonné doit se produire à Douai, à Gayant Expo, le 29 mars prochain. En mai dernier, l'humoriste avait attiré dans cette même salle 2 300 personnes. Durant le spectacle, il avait faire à son public la "quenelle", que certains assimilent au salut nazi mais que Dieudonné et ses soutiens définissent comme un geste "anti-système".


Il avait ensuite entonné sur scène une parodie d'une célèbre chanson d'Annie Cordy, "Chaud Cacao", rebaptisée par ses soins "Shoah-nanas", en référence à l'extermination des juifs par l'Allemagne hitlerienne pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cette chanson lui a valu depuis d'être condamné par la cour d'appel de Paris à 28.000 euros d'amende pour injure et provocation à la haine raciale.
"La ville n'a rien à voir là dedans", se défend le maire de Douai dans son entretien à La Voix du Nord. "La municipalité n'a aucun droit de regard sur le fonctionnement de Gayant Expo, qui est une régie autonome. Encore moins sur sa programmation."

Sous la menace d'une circulaire

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a répété dans les colonnes du Journal du Dimanche sa détermination à faire interdire les spectacles de  Dieudonné​, dont la nouvelle tournée est censée débuter à Nantes jeudi prochain. "Dieudonné est profondément anti-juif, on n'est plus dans le spectacle, on est dans le meeting", affirme-t-il. "J'enverrai une circulaire aux préfets en début de semaine, on veut être efficace dès les premiers spectacles".  Une démarche soutenue par le président de la République, François Hollande, et le président de l'UMP Jean-François Copé.

"Tenter d'interdire Dieudonné, c'est le victimiser, lui faire trop d'honneur et de la publicité", estime de son côté le maire de Douai. "Je ne me vois pas recourir à la censure, même si le propos est nauséabondNous sommes en démocratie. Et il me paraît difficile d'interdire un spectacle a priori. En revanche, que la justice fasse son travail a posteriori si des propos condamnables sont tenus publiquement, oui !".

Outre Gayant Expo, Dieudonné doit se produire aux Arènes de Valenciennes, à Petite-Forêt, le 30 mars prochain. 
Les principales condamnations judiciaires de Dieudonné
16 février 2007: la Cour de cassation estime que Dieudonné s'est bien rendu coupable d'injure raciale en assimilant, dans une interview en 2003 au magazine Lyon Capitale, les juifs à "une secte" et à "une escroquerie". Elle casse un arrêt de la cour d'appel de Paris qui avait jugé le contraire.

15 novembre 2007: la cour d'appel de Paris le condamne à 5.000 euros d'amende pour des propos antisémites. Il comparait les "juifs" à des "négriers" dans un entretien au JDD en février 2004.

26 juin 2008: condamné à 7.000 euros d'amende par la cour d'appel de Paris pour des propos antisémites sur la mémoire de la Shoah, et notamment l'expression "pornographie mémorielle", tenus lors d'une conférence de presse à Alger en février 2005.

31 décembre 2010: condamné à 5.000 euros d'amende plus 10.000 euros de dommages et intérêts au profit de la Licra qu'il avait qualifiée "d'officine israélienne" et "d'associations mafieuses qui organisent la censure" et "nient tous les concepts du racisme à part celui qui concerne les juifs".

17 mars 2011: la cour d'appel de Paris le condamne à 10.000 euros d'amende pour "injures" à caractère raciste pour des propos tenus sur la scène du Zénith lors de la remise du "prix de l'infréquentabilité" à l'historien révisionniste Robert Faurisson par une personne déguisée en déporté juif. Son pourvoi en cassation a été rejeté le 17 octobre 2012.

28 novembre 2013: la cour d'appel de Paris le condamne à 28.000 euros d'amende pour diffamation, injure et provocation à la haine raciale pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur internet. Il avait notamment transformé la chanson d'Annie Cordy "Chaud Cacao" en "Shoah-nanas".
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