L'ancien député-maire socialiste de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, a été placé en garde à vue ce mardi matin à la PJ de Lille , selon le parquet. D'après La Voix du Nord, l'enquête porte sur des faits présumés de corruption, dénoncés par Gérard Dalongeville, l'ancien maire d'Hénin-Beaumont.
Le parquet de Lille a confirmé l'information de La Voix du Nord, selon laquelle Jean-Pierre Kucheida, ex-député maire PS de Liévin (Pas-de-Calais), a été placé en garde à vue à 9h ce mardi matin dans les locaux de la Police Judiciaire de Lille. Cette garde à vue se déroulz sur commission rogatoire d'une juge d'instruction lilloise. Trois autres personnes, dont deux entrepreneurs, sont également entendues..
D'après La Voix du Nord, la magistrate, Fabienne Atzori, enquête sur des faits présumés de corruption active et passive, d'abus de biens sociaux et de recel. Ses investigations feraient suite aux dénonciations de Gérard Dalongeville, l'ex-maire divers gauche d'Hénin-Beaumont, recueillies lorsqu'il était emprisonné à Longuenesse en décembre 2010. Une information judiciaire avait été ouverte "contre X" le 28 juin dernier.
Soupçons de financement occulte
Gérard Dalongeville - condamné l'an dernier à 3 ans de prison ferme pour détournements de fonds publics - avait accusé dans des courriers Jean-Pierre Kucheida et les responsables de la Fédération Socialiste du Pas-de-Calais d'avoir monté un système de financement occulte, via des surfacturations effectuées notamment auprès d'entreprises de la région par la Soginorpa (le bailleur social en charge des logements sociaux miniers) et Adévia (une société d'économie mixte chargé de l'aménagement et du développement de projets dans le Pas-de-Calais), deux entités dont Jean-Pierre Kucheida a exercé, par le passé, la présidence. Selon La Voix du Nord, l'enquête porterait également sur la provenance de l'argent liquide retrouvé dans un coffre-fort du bureau de Gérard Dalongeville. L'ancien maire d'Hénin-Beaumont avait alors affirmé qu'il s'agissait de "l'argent du parti".Jusqu'ici, Jean-Pierre Kucheida et les responsables de la Fédération PS du Pas-de-Calais ont toujours nié en bloc l'existence d'un tel système de corruption, qui a de nouveau été décrit par Gérard Dalongeville dans deux livres, "Rose Mafia" et "Rose Mafia 2". "Tout part d'un homme qui était en prison et qui voulait sa libération", avait réagi Jean-Pierre Kucheida dans une interview à L'Express. "Cette affaire, c'est Outreau avec un Gérard Dalongeville qui balance sur le premier venu pour sortir du mauvais pas dans lequel il se trouve. Dalongeville a été exclu du PS en 2001, il ne sait pas ce qu'il s'y passe depuis. Pourtant, tout le monde prête l'oreille à ses propos."
Début février 2013, le parquet de Lille avait ouvert deux informations judiciaires pour favoritisme et abus de biens sociaux, concernant notamment Adévia et la Soginorpa, à la suite de rapports de la chambre régionale des comptes.
"Une bonne chose que la justice avance" selon le Parti Socialiste
En mai dernier, l'ancien député-maire de Liévin a été condamné à 30 000 euros d'amende dans une autre affaire d'abus de biens sociaux, lié à l'utilisation frauduleuse de la carte bleue de la Soginorpa. En 2012, il avait été privé de l'investiture socialiste pour les élections législatives et exclu du parti.Le PS a d'ailleurs commenté favorablement l'annonce du placement en garde à vue de Jean-Pierre Kucheida. "C'est une bonne chose que la justice avance dans ses différentes enquêtes. C'est une bonne chose que le dossier avance", a réagi Alain Fontanel, le secrétaire national du PS aux Fédérations. "Le PS avait pris ses responsabilités très tôt en excluant Jean-Pierre Kucheida et en transmettant à la justice tous les documents qui pouvaient lui être utiles dans son instruction. Maintenant, (il appartient) au juge d'instruction et à la justice en général de se prononcer sur la réalité des faits, présumés à ce stade. C'est une bonne chose que le dossier avance".
Troisième de France avec quelque 10.000 adhérents, la Fédération du Pas-de-Calais avait été placée sous tutelle partielle le 26 juin 2012 par le bureau national du PS, après qu'une commission d'enquête interne eut conclu à des dysfonctionnements, mais pas à un système de corruption. Dans le cadre de l'enquête préliminaire, qui examinait notamment le financement de la section PS de Liévin et des irrégularités dans des marchés passés dans le Pas-de-Calais, plusieurs élus socialistes avaient été entendus courant janvier 2013. Parmi eux, le député Serge Janquin, la sénatrice Catherine Génisson, ex-première secrétaire PS du Pas-de-Calais et le président de la région Nord/Pas-de-Calais, Daniel
Percheron. Des perquisitions avaient également été menées en décembre 2012 au siège de la fédération socialiste du Pas-de-Calais à Lens
et à la section PS de Liévin.