Un agent SNCF âgé d'une trentaine d'années est passible de sanction après avoi rmis en ligne sur internet une photo où il effectue le geste de la quenelle" en uniforme, a-t-on appris mardi auprès de l'entreprise, confirmant une information de La Voix du Nord.
Ce contrôleur, travaillant dans le Nord Pas-de-Calais, a été entendu vendredi par la sûreté ferroviaire pour s'expliquer sur cette photo publiée sur son profil du réseau social Facebook en fin d'année 2013 et retirée sous 24 heures, dont une capture d'écran avait été transmise la veille à des responsables hiérarchiques, a-t-on expliqué à la direction régionale de la SNCF.
"L'entreprise prend cela très au sérieux. La photo a été faite avec le port de la tenue SNCF et vraisemblablement avec un téléphone portable professionnel. L'agent s'est excusé, il a reconnu avoir fait cette bêtise très grave et la regrette. Il a expliqué qu'il appréciait Dieudonné depuis très longtemps", a-t-on ajouté de même source.
"Il n'a pas pris son poste vendredi et est en repos chez lui (...). Dans quelques jours, après la collecte d'éléments complémentaires, il y aura sans doute une proposition de sanction qui sera faite, qui peut aller jusqu'au passage en conseil de discipline, la suspension pour quelques jours, voire le renvoi", a indiqué la direction régionale de la SNCF.
Il y a 2 jours, une des pages Facebook qui soutient Dieudonné avait publié une photo d'un agent SNCF avec Dieudonné.
La quenelle
Salut antisémite d'après certains, simple bras d'honneur antisystème pour d'autres... Ce geste de ralliement de la "Dieudosphère", bras et main tendus vers le sol, l'autre bras replié touchant l'épaule, fait l'objet d'un concours spontané parmi les soutiens de Dieudonné.Le but, "placer une quenelle", c'est-à-dire se faire prendre en photo en faisant le geste, un peu n'importe où: au parc Astérix, lors d'émissions de télévision, de rencontres de football, dans un lycée de Nancy... et le diffuser sur internet ou le "glisser" dans des médias.
Dans une vidéo publiée le 20 août intitulée "Dieudonné et la quenelle de la révolution", l'humoriste explique, légèrement ironique, que derrière ce geste
qu'il qualifie "d'un peu anodin et potache se cache un acte subversif (...), déclic qui sera à l'origine de l'émancipation des masses laborieuses".
"Ça ne m'appartient plus, cette formule magique appartient à la révolution qui arrive", se dédouane-t-il.
Car certains de ses sympathisants exécutent le geste près de symboles liés à la communauté juive, devant des synagogues et jusqu'au camp d'Auschwitz. Alain Soral, essayiste proche de l'extrême droite, s'est fait photographier au milieu du mémorial de la Shoah à Berlin. Rien d'étonnant: depuis dix ans, l'humoriste et l'essayiste s'aventurent sur le terrain politique pour dénoncer la toute-puissance supposée du "sionisme": ils ont ainsi été les chefs de file d'une "liste antisioniste" aux européennes de 2009.
Mais les "quenelles" prêtent alors le flanc aux accusations d'antisémitisme. C'est l'avis du numéro un du Conseil représentatif des institutions juives de
France (Crif), Roger Cukierman. "On est très préoccupés par l'impact de ce geste qu'on considère comme un salut nazi", dit-il à l'AFP.
"On entend souvent dire que c'est un geste antisystème, alors que c'est un salut hitlérien inversé, ce n'est pas une surinterprétation" de dire que c'est "antisémite", affirme Sabrina Goldman, avocate de la Licra.
De là à aller en justice, il n'y a donc qu'un pas selon elle: "Juridiquement, on peut analyser ça comme une injure à caractère racial"... Même si l'avocate se
demande "si un seul geste non accompagné de parole peut être poursuivi". Le terrain judiciaire semble instable en effet, comme le dit M. Cukierman : "On
ne veut pas aller au procès contre des gens si l'on risque de perdre".
D'autres préfèrent se faire justice eux-mêmes: six jeunes de 18 à 22 ans ont mené des expéditions punitives dans la région lyonnaise contre des auteurs de "quenelles". Ils ont été mis en examen.