Face à l'épineux dossier des Roms, les maires sous pression avant les municipales

Les vives polémiques sur l'afflux des Roms et les fermetures de campements sauvages ont reflété l'inquiétude des maires de toutes couleurs politiques accusés avant les municipales soit de laxisme, soit d'inhumanité, au risque de perdre des électeurs.

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Le gouvernement a procédé à un nombre record d'évacuations de camps roms en 2013 - notamment à la demande ou avec le soutien des mairies ou des communautés urbaines - avec 20.000 personnes expulsées, deux fois plus qu'en 2012, selon un rapport de la Ligue des droits de l'homme (LDH) publié mardi et réalisé sur la base d'informations de presse et de témoignages.

"La pression des élections municipales, on la vit depuis au moins six mois", résume Philippe Goossens, l'un des auteurs de ce rapport, en évoquant "une volonté de faire le ménage" avant le scrutin. "Tous les maires se sont réveillés et se sont dit: +ouh là, les Roms vont poser un problème, il va falloir qu'on règle ce problème en expulsant+", soupire sous couvert d'anonymat un bon connaisseur du dossier dans la région de Lille, qui compte 2.500 à 2.600 Roms, selon la présidente (PS) de la communauté urbaine, Martine Aubry.

Ces dernières années en France, les démantèlements de campements se multipliaient pendant l'été, quand les enfants ne sont pas scolarisés, mais les chiffres diminuaient à l'approche de l'hiver. Or, l'an dernier, cette inflexion n'a pas eu lieu: 5.203 personnes ont été expulsées de leur lieu de vie au troisième trimestre 2013 et 5.408 au dernier trimestre, selon la LDH. A ces évacuations se sont greffées plusieurs polémiques. Le maire UMP de Croix
(Nord) s'était ainsi dit prêt à soutenir tout administré en cas d'acte "irréparable" contre un Rom
, et celui de Roquebrune-sur-Argens (Var), suspendu en décembre par l'UMP, avait regretté qu'on "ait appelé trop tôt les secours" lors d'un incendie dans un camp rom.

A plusieurs reprises, des maires ont exprimé leur inquiétude. Dans le Nord, le maire (UDI) de Wasquehal, Gérard Vignoble, a ainsi écrit en septembre au président François Hollande, inquiet du "climat généré (...) épouvantable et dangereux".

Pris entre le rejet exprimé par certains administrés et les critiques des associations de soutien aux Roms, les maires tentent tant bien que mal de trouver un juste milieu.

Risque électoral

La maire de Lille, Martine Aubryaffirme ainsi mener une politique "faite d'humanité et de fermeté", entre évacuation de bidonvilles et appels répétés à ce que l'Etat assure une meilleure répartition à l'échelle nationale des communautés roms et prenne en même temps des mesures permettant leur hébergement dans des conditions décentes.

Mais à quelques mois des élections, les mairies refusent pour la plupart d'ouvrir de nouveaux villages d'insertion ou terrains aménagés. "Ce n'est plus jouable maintenant: un maire qui veut se faire réélire, s'il dit "je vais accueillir trois familles roms", il perd déjà pas mal de voix", note Bruno Mattéi, de l'association ATD Quart Monde en métropole lilloise.

Un "printemps des Roms" ?

Lors de l'installation fin 2012 de cinq familles sur une aire d'accueil d'Hellemmes, près de Lille, "j'ai reçu des messages fort sympathiques du genre "tu vas payer aux élections, on va te faire la peau"", raconte le maire (PS), Frédéric Marchand. Il a fallu rassurer la population et "aujourd'hui, plus personne ne m'en parle", note l'édile, qui se représente cette année... et donc "préfère objectivement que (la crispation) soit survenue en décembre 2012 plutôt qu'en décembre 2013".

"Les maires ne sont, je crois, pas opposés à l'inclusion sociale des familles qui ont envie de s'intégrer. C'est un problème très complexe parce qu'il faut les
trouver, ces familles
", relève Patrick Masclet, maire (UMP) d'Arleux et président de l'association des maires du Nord.
L'élu espère que l'accueil de familles roms par les mairies "reprendra calmement, discrètement" après les élections. "C'est une politique de petits pas".
M. Mattéi, qui évoque une année 2013 "horrible" pour les Roms, espère, lui, que l'"état de grâce" des maires élus ou réélus permettra "un printemps rom" après les municipales.

Moins de 17.000 Roms, principalement originaires de Roumanie et de Bulgarie, vivent dans environ 400 campements illicites en France, selon des statistiques officielles.
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