Affaire Natacha Mougel : le procès d'Alain Penin en direct (1er jour)

Suivez en direct depuis la Cour d'Assises du Nord à Douai, le procès d'Alain Penin,  meurtrier présumé de Natacha Mougel, 29 ans, tuée le 5 septembre 2010 alors qu’elle faisait son jogging à Marcq en Baroeul. Verbatim, photos, vidéos...

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Le compte-rendu de chaque journée est à suivre ici.



20h40 : l'audience est suspendue

Retrouvez-nous demain matin pour la reprise des débats en direct

20h00 : "un comportement de tueur en série"

Notant des améliorations chez Alain Penin lors des rencontres suivantes, le Dr Thevenon estime qu'en juillet 2010 (son dernier rapport, moins de 2 mois avant le meurtre de Natacha Mougel), le sujet ne présentait  "pas de signe particulier pouvant étayer l’hypothèse d’un diagnostic psychiatrique. Il y avait plutôt des signes protecteurs de la récidive" (peu ou pas de risque de récidive).

"J’ai été particulièrement horrifiée quand j’ai appris ce qu’il s’était passé. L’occasion pour moi de revoir pas mal de choses dans l’exercice de mon activité professionnelle. Je déplore dans ce dossier d'avoir été assez seule" regrette le médecin coordonnateur du suivi médico-judiciaire d'Alain Penin. "Les seuls échanges que nous avons avec les juges se font au travers des rapports..."

Le témoin explique qu'elle n'a jamais évoqué avec Alain Penin ses problèmes de fantasmes et pulsions sexuels.

Au moment où Catherine Thevenon rédigeait son rapport favorable en juillet 2010, Alain Penin rodait déjà sur les chemins de Marcq-en-Baroeul, où il enlèvera Natacha Mougel 2 mois plus tard.

"Il n'a absolument rien laissé paraître lors de notre entretien, rien. Je ne peux attribuer ce genre de comportement qu'à un tueur en série. Il a cherché à me rassurer à 100% Il était suivi, il était logé, il avait un emploi... On est dans une dimension criminelle, pas psychiatrique", explique la psychiatre.

Avec le suivi socio-judiciaire des criminels, Dr Thevenon explique qu'"on n'offre pas de garantie, on offre un moyen de lutte contre la récidive".


19H30 : témoignage du Dr Thevenon, médecin coordonnateur du suivi socio-judiciaire d'Alain Penin

Cette psychiatre était chargée de suivre l'accusé après sa libération conditionnelle en septembre 2009, dans le cadre de l'injonction de soins qui lui était astreinte. Elle a souhaité déclarer en préambule : "C’est très difficile pour moi de venir ici quand je pense à Natacha. Je vais essayer d’éclairer les jurés, la famille et le tribunal".

Catherine Thevenon a rencontré Alain Penin 4 fois entre novembre 2009 et juillet 2010. "Au départ sa situation était assez inquiétante, du fait de l’attitude très fermée du sujet. Quand il parlait des faits (le viol de Sylvia Peromingo en 2004, ndlr) il restait très laconique" explique le médecin. Elle dit avoir insisté pour un suivi médical qui a été confié à un psychiatre.

 


19h05 : deux jours avant la mort de Natacha Mougel, un rapport indique qu'il n'y a "aucun signe de récidive" chez Alain Penin

Dans un rapport daté du 3 septembre 2010, le médecin coordonateur du suivi socio-judiciaire d'Alain Penin note les progrès de ce dernier, indiquant qu'il ne présentait à ce moment là "aucun signe de récidive à court ou moyen terme".

Natacha Mougel a croisé la route d'Alain Penin le 5 septembre 2010, deux jours après la signature de ce rapport.


18h50 : audition du conseiller SPIP (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation) d'Alain Penin

Il voyait l'accusé tous les 15 jours (suivi renforcé) pour vérifier le respect de ses obligations pénales, dans le cadre de sa libération conditionnelle (septembre 2009, moins d'un an avant le meurtre de Natacha Mougel).

Le conseiller avait indiqué qu'Alain Penin "voulait donner l'image de quelqu'un de carré" mais avait découvert chez l'accusé un côté "calculateur". Alain Penin était "qualifié d'élément moteur" au sein des groupes de parole liés au programme de prévention de la récidive, mis en place par le SPIP.

"Il donnait tous les gages d'un suivi socio-judiciaire correct" se souvient le conseiller.

A l'occasion d'un entretien avec le médecin coordonateur du suivi socio-judiciaire d'Alain Penin, le conseiller explique que le docteur avait indiqué oralement qu'il n'y avait "pas de risque de récidive" pendant la durée de l'astreinte (socio-judiciaire, 3 ans).


18h30 : "du bricolage"

Le Dr Notardonado est mis en difficulté par Me Emmanuel Rabier, avocat des parties civiles : "Comment pouvez-vous faire croire à un magistrat, lorsqu'il vous confie une mission, que vous avez examiné des pièces alors que vous ne les aviez pas examinées ? C'est du bricolage".

Le psychiatre se défend (qui n'a pas lu les précédentes expertises psy d'Alain Penin) : "Je n'avais pas accès à toutes les pièces du dossier. Quand on a quelqu'un qui manifeste de l'empathie (pour sa victime  -Sylvia Peromingo-) et de la culpabilité...Je savais ce qu'il avait fait, mais pas dans les détails".

"Si on est capable de vous tromper vous, un professionnel, c'est encore plus facile de tromper quelqu'un à l'extérieur. C'est laisser quelqu'un de dangereux dans la nature", interroge l'avocat.

"Oui", répond le Dr Notardonado. "J'avais également des éléments favorables par rapport à sa détention", peine-t-il à justifier.

Me Rabier demande au médecin pourquoi il n’a pas demandé de report au juge, le temps d’avoir toutes les pièces nécessaire à un rapport psychiatrique d’Alain Penin avant sa libération. Le psychiatre ne sait pas quoi répondre, précisant que cela n'arrivait "pas tout le temps".

"Et c'est sur la base de votre rapport qu'une personne est libérée. Comment j'explique cela à mes clients ? A un moment donné, il y a un dysfonctionnement (le manque de pièces au dossier) qui n'était sans doute pas compliqué à régler", conclut l'avocat des parties civiles. L'interrogé exprime un silence... Embarrassé. 


18h15 : les expertises en question

Me Stéphane Maître, avocat des parties civiles, s'adresse au psychiatre : "Ne pensez-vous pas qu'en France, on a un problème de méthode et de fiabilité avec ces expertises (psychiatriques)?"

Réponse du médecin : "Grave question. On fait une science humaine, ce n’est pas mathématique. On est tous finalement des hommes et l’erreur est humaine. Même si plusieurs experts passent, on peut se tromper".

"Est-ce qu'il est pas finalement très facile de vous duper (les experts) ? Est-ce que ce n'est pas facile à comprendre qu'il suffit de dire telle ou telle chose pour avoir une expertise favorable ? N'êtes-vous pas condamné, avec vos méthodes, à vous fier aux seuls propos de votre interlocuteur ?" lui demande l'avocat.

Réponse du psychiatre : "On peut se tromper mais on a de l'expérience. On ne peut pas être fiable à 100%".
 

17h40 : "risque limité de récidive"

Laurent Notardonato, médecin psychiatre, a consulté Alain Penin en 2009 à la prison de Loos. Le Dr Notardonato rend compte de ses conclusions : 

"Je l’ai vu assez longtemps. D’un point de vue psychiatrique, j’avais retrouvé principalement une consommation de cannabis très importante à cette époque là (10 à 20 gm par jour en 2001). J’ai remarqué une enfance agitée.

Une intelligence moyenne, pas de déficit intellectuel. J'ai vu quelqu'un qui avait de réels regrets et qui n'était pas fier de ce qu'il avait fait. Je n'ai pas détecté de dangerosité psychiatrique et estimé que le risque de récidive était limité
". "On peut peut-être parler de manipulation aujourd'hui".


"Pas de dangerosité psychiatrique, dites-vous, mais qu'en est-il de la dangerosité criminologique?" demande la présidente au Dr Notardonato. "Je ne suis pas criminologue", lui répond-il.

Sur les pulsions qu'il n'a pas expliquées durant son entretien avec le psychiatre, Alain Penin justifie son silence à ce sujet par "peut-être un sentiment de honte".

Le Dr Notardonato dit n'avoir consulté aucun rapport d'expertise psychiatrique réalisé avant son entretien avec Alain Penin. En 2008, le Dr Ait-Menguellet, expert psychiatre lillois, mettait lui en garde contre la dangerosité de l'accusé.

Le Dr Notardonato, qui est présent à la barre en qualité de témoin justifie : "Je n’ai pas d’échelle de dangerosité. On parle de dangerosité psychiatrique, pour laquelle il y a des critères. Cela fait partie d’une expérience connue des psychiatres".
 

17h00 : "rien de bizarre"

L'ancien responsable des Restos du Coeur de WattrelosAlain Penin était en contrat (26 heures par semaine)  après sa sortie de prison fin septembre 2009, raconte sa rencontre avec l'accusé :

"Un comportement tout à fait normal, ordinaire. Contestataire de temps en temps mais rien de spécial. Il avait intégré facilement l‘équipe. Rien ne nous a semblé bizarre. Il ne rechignait pas sur le travail, il était convivial. Cela se passait très bien. On était presque sûr qu'il allait pouvoir se réinsérer de manière classique".


16h30 : "une coïncidence"


Un endroit isolé boisé, une joggeuse, un tournevis... Tous ces éléments sont présents dans l'affaire Sylvia Peromingo et celle qui concerne Natacha Mougel. Interrogé à ce sujet, Alain Penin parle d"une "simple coïncidence". 

Et il certifie face à son ancienne victime (Sylvia Peromingo) : "Je n’ai jamais eu l’intention de la tuer. Je n’ai rien d’autre à ajouter...J’aurais utilisé la force (si elle avait résisté)  mais je ne l’aurais pas tuée pour autant. Je comprends qu’elle ait pu voir la mort, mais c’était pas mon intention".

L'accusé explique qu'il avait toujours un tournevis sur lui pour soigner "une dent cariée".

16h15 : témoignage de Sylvia Peromingo, première victime d’Alain Penin en 2004


Cette jeune femme de 34 ans a été violée par Alain Penin en 2004 dans un parc à Suresnes. Il a été condamné à 10 ans de réclusion pour viol avec arme dans cette affaire.
Sylvia Peromingo raconte les faits, droite, digne et avec force. Elle n'hésite à aucun moment à regarder son agresseur et le défier de manière frontale. Témoignage impressionant.

"Sur le chemin de la course, il était appuyé sur la rambarde. J’ai voulu faire demi-tour, je l’ai trouvé bizarre. Il transpirait de bizarrerie. Je me suis dit qu’il y avait un truc qui n’allait pas. Il a tout de suite fait ce geste (elle le mime, regardant à droite puis à gauche).../

Il m’a tout de suite étranglée en me disant « si tu cries je te tue ! ». Il avait le tournevis et le couteau, il avait une des deux armes pour me faire peur. Pendant deux heures j’ai eu droit aux deux outils posés à côté de moi.


"Rester en vie"

J’ai voulu lui parler (pour me défendre). J’ai crié à deux reprises, mais il étranglait trop fort donc j’ai arrêté de crier. « Si tu cries je te tue, si tu cries je te tue » donc j’ai essayé de ne pas l’énerver. J’essayais de lui parler, je voulais rester en vie. Je me suis dit que s’il me répondait, c’était gagné. Et il m’a répondu…

Ma première idée c’était la force, mais je pouvais pas lutter, c’était impossible. J’ai décidé autre chose et cela a fonctionné. Je savais que cette envie de tuer était présente, alors j’essayais de gagner du temps. Je savais qu’on me rechercherait.  Il m’a parlé. On parlait de tout et n’importe quoi. J’ai parlé de moi, il m’a parlé de lui. J’ai essayé de garder contact.



"La mort dans ses yeux"

Il était très clair et très précis. Au bout de deux heures il est parvenu à ses fins. Cela a pris deux heures. Il m’a bousillé 9 ans de ma vie, clairement. Aujourd’hui je galère toujours. Je pense qu’il n’aurait pas du ressortir. J’ai vu la mort dans ses yeux, je l’ai vue".

Entendue en octobre 2008 sur la demande de libération d’Alain Penin, sa victime déclare : "Je l’avais dit, « il recommencera et il tuera », parce que c'est tellement évident".

"Ce n’est pas évident à dire, mais j’ai tout de suite senti que ce n’était pas juste un viol. Je ne sais pas comment le dire, ça se sent. J’ai occulté le viol parce que je savais que j’allais mourir. Il avait tout prévu, il y avait des signes. Et je l’ai vu aussi dans ses yeux".


15h45 : "J'ai trahi la confiance"

Lors de la deuxième expertise psychiatrique qui a permis sa libération conditionnelle (fin septembre 2009), Alain Penin n’a pas parlé de ses fantasmes et pulsions sexuels. Aspects notoires qui sont aujourd'hui au coeur du procès.

Il dit que ce comportement ne l’a envahi à nouveau qu’en "juin-juillet 2010", estimant aujourd'hui qu'il avait "trahi la confiance" de ceux qui lui ont accordé cette libération. 


15h15 : "Je n'ai pas réussi à me contrôler"

Alain Penin a commencé à faire l'objet d'un suivi psychologique en prison après le viol de Sylvia Peromingo pour lequel il a été condamné à 10 ans de réclusion. Sur ses fantasmes d’agressions de jeunes femmes il explique qu'il "en a parlé un peu au début du suivi, mais sans plus. Le contact avec celui qui me suivait ne passait pas très bien"

Alain Penin sort de prison le 30 septembre 2009 (moins d'un an avant le meurtre de Natacha Mougel) sur une ordonnance de  remise en liberté conditionnelle, après deux expertises psychiatriques contradictoires. "Je pensais être apte. On me l'a accordée mais malheureusement je n'ai pas réussi à me contrôler".

Astreint à un suivi socio-judiciaire pour une durée de 3 ans, Alain Penin est alors encadré par des infirmiers et médecins en psychiatrie, un juge d'application des peines, et un conseiller d'insertion et de probation. En mars-avril 2010, il se montre actif dans un groupe de parole sur la récidive.


14h40 : L'audience reprend. Retour sur le parcours judiciaire d'Alain Penin

Les débats reprennent, la présidente passe rapidement sur la condamnation de l'accusé en 2003 dans une affaire de stupéfiants (8 mois de prison dont 5 avec sursis). 

Alain Penin est interrogé sur sa condamnation pour viol avec arme en février 2006 par la Cour d'Assises des Hauts-de-Seine. Il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour le viol en 2004 à Suresnes de Sylvia Peromingo


Cela s'était passé dans un parc de Suresnes (banlieue parisienne), où la victime faisait un jogging. Sur ces faits Alain Penin explique qu'il avait eu une "pulsion sur le moment". "Je n’étais pas là pour ça. Je l’ai vue arriver, je l’ai attrapée et je l’ai faite basculer dans le talus... Après il s'est passé les faits qui ont été racontés". "Je n'avais pas d'argent pour une prostituée", ajoute-t-il. 

"Vous aviez déjà ce fantasme d’agresser des jeunes filles ?", lui demande la présidente.

Réponse d'Alain Penin  : "De temps en temps j’y pensais, mais sans plus".


13h00 : Annie Penin, grande soeur de l'accusé, témoigne à la barre

De 7 ans son aînée, le témoin n'adresse aucun regard à son frère en passant devant le box où il est installé.

"Il a toujours été insupportable et en vieillissant ça ne s’est pas arrangé. Il a toujours fait des bêtises dès qu’il pouvait en faire", explique-t-elle à la Cour. "Il était fainéant mais très intelligent". "Toute l'intelligence qu'il avait , il l'a mise au service du mal", l'accable-t-elle.

Après le décès de leur mère, Annie Penin a hébergé son frère : "Il m'en a fait voir de toutes les couleurs, il ne foutait rien", raconte-t-elle.

"Ce qu'il a commis est inqualifiable, innommable" (parlant des faits qui sont reprochés à Alain Penin).

Aux accusations d'Alain Penin à son encontre (il a dit avoir été victime d'abus sexuels de la part de sa grande soeur lorsqu'il avait une douzaine d'années), Annie Penin éclate de rire puis répond : "C'est faux, allons jusqu'au bout dans le cynisme !"


12h35 : reprise de l'audience. Audition d'une soeur d'Alain Penin

Invitée à parler de l'accusé, elle répond tout d'abord : "Il y a au moins 20 ans que je ne l'ai pas vu, je ne sais pas quoi dire". 

Durant leur enfance, elle explique qu'il "était normal", et qu'il n'y avait ni violence ni alcool à la maison. "On l'a surprotégé, surtout après son accident. C'était mon petit frère". (Alain Penin a subi un grave accident en 1988, ndlr). "Il restait beaucoup à la maison. Oui il était timide. Je ne me souviens que d'un de ses copains". 

"On n'était peut-être pas riches, mais on n'a jamais manqué de rien. Encore moins d'amour" poursuit Corinne, la soeur d'Alain Penin. Elle explique que leur mère était le pilier de la famille, et que son décès a provoqué l'éclatement de la cellule familiale. 

Elle dit avoir appris les antécédents de son frère (condamnation en février 2006 à 10 ans de réclusion criminelle pour viol avec arme) "il y a 3 ans à la télé".

"Pourriez-vous trouver une explication qui aurait pu perturber votre frère" lui demande la présidente. "Non", répond la soeur de l'accusé. Me Emmanuel Rabier, avocat de la partie civile, lui repose cette même question et obtient la même réponse de la part du témoin. 

La soeur de l'accusé, visiblement émue, explique qu'elle ne veut pas croiser le regard d'Alain Penin. "Je lui en veux de ce qu'il a fait", dit-elle à Me Abderrahmane Hammouch, avocat d'A. Penin.


12h15 : courte suspension d'audience


11h45 : "Quand avez-vous basculé vers ces pulsions sexuelles ?"

A cette question, Alain Penin répond qu' il a eu une première fois "dans les années 1990 l’intention de commettre une agression sexuelle, mais sans vraiment vouloir le faire". "C’est une période où ma sœur venait de me mettre dehors, avant que je parte dans le sud" a-t-il précisé à la Cour.

Alain Penin répond à toutes les questions qui lui sont posées, de manière calme et relativement précise dans un français très correct. 


11h30 : le côté obscur

Sa famille et certains autres témoins lors de l'instruction ont dépeint une autre personnalité d'Alain Penin. Son voisin de chambre dans le foyer qu'il occupait le décrit comme "assez crade avec des moeurs assez bizarres".

Il ajoute que l'accusé l'avait emmené un soir à Linselles dans un endroit isolé. Une fois sur place le témoin dit avoir entendu Alain Penin dire : "Ici c'est un bon petit coin pour ramener des meufs"

"On est allé une fois un soir avec mon voisin de chambre et deux autres personnes du foyer pour boire dans un petit chemin isolé, tranquille. Mais je n'ai jamais dit cela", justifie A. Penin.  



11h10 : ce qu'Alain Penin pense de lui-même

Lors de ses entretiens alors qu'il était déjà en prison pour le viol et le meurtre de Natacha Mougel, l'accusé est appelé à parler de lui en citant ses qualités et ses défauts.

Sur le ton de l'humour il a d'abord répondu : "Je n'ai pas défaut... Non tout le monde a des défauts" se décrivant ensuite comme "rancunier, curieux, bordélique et timide. Peut-être colérique pour tout et rien. Devenu méfiant et parano avec le temps".

Concernant ses qualités, Alain Penin se dit "sincère, serviable, jovial, comique, agréable et poli". Sur son avenir, "à part les 30 prochaines années en prison", il ne voit "pas grand-chose".

Enfin lors de cette enquête de personnalité, il explique ses "idées, pulsions" par "un manque, une solitude qu’il ressent. Il les décrit comme une obsession". "Je passais mon temps à ça, à chasser, surtout depuis les 3 derniers mois" (entre juin et septembre 2010).

Son entourage familial l'a décrit comme quelqu'un qui a toujours été réservé. Côté professionnel, il est parfois décrit comme "super sympa", "gros nounours", "doux et attentionné", même si d'autres disent avoir déjà eu "peur"...

Appelé à s'exprimer, Alain Penin se dit d'accord avec toute la description qui a été faite de lui


11h00 : la liberté conditionnelle d'Alain Penin

Remis en liberté conditionnelle (condamnation à 10 ans de prison en 2006 pour viol avec arme) fin septembre 2009, l'accusé est astreint à un suivi médico-psychologique qui est effectif à Lille dès le 1er octobre (2009).

A. Penin est reçu toutes les 3 semaines, .Il ne sera absent qu'une seule fois en janvier 2010. "Un dossier modèle, faisant l’objet d’une prise en charge cadrante. Mr Penin participe aux programmes de prévention de la récidive sous forme de groupes de parole. Un comportement adapté, avec une bonne adhésion".


10h50 : "J'ai toujours été repoussé"

Sur sa vie sentimentale, Alain Penin a expliqué qu'il n'avait connu son premier baiser qu'à "l’âge de 23 ans avec une jeune fille de 14 ans". Premier flirt et rapport sexuel à 25 ans. Il se décrit lors des entretiens avec l'enquêtrice de personnalité comme timide : "J’y vais pas. J’ai essayé avec des filles que je connaissais, mais j’ai toujours été repoussé".

En grande souffrance avec ces difficultés vers 16/17 ans.

Quel est son type de femme ? "Celle qui voulait, personne en particulier" a-t-il répondu. Il a précisé qui recourait aux services de "prostituées de manière régulière, deux fois par mois". Il se dit par ailleurs "stressé par les relations intimes".


10h40 : début d'une vie marginale

Après avoir rompu tout lien avec le milieu familial, Alain Penin part dans le sud, en 1993 dans le Vaucluse puis à Orange où il raconte avoir suivi une formation qualifiante de chauffeur routier. Il connaîtra plus de périodes de chômage que de travail.

En 1998 il revient dans le Pas-de-Calais, à Lens. Il n'y paie pas ses loyers "parce que ça ne sert à rien". En 2001, direction la région parisienne, où il décroche un travail de chauffeur-routier à Vitry-sur-Seine. Il sera licencié en octobre 2003 pour faute grave. "J'ai tapé dans la caisse" a-t-il précisé. Il squatte alors "à droite à gauche".

En 2004 il est incarcéré, après le viol avec arme de Sylvia Peromingo. Cette dernière, qui a survécu à l'agression d'Alain Penin, est appelée à témoigner cette semaine.


10h30 : examen de la personnalité de l'accusé

L'enquêtrice qui a entendu Alain Penin en détention revient sur le parcours de cet homme né à Béthune en janvier 1971.

Elle explique que A. Penin lui a déclaré qu'il avait "des souvenirs pas très heureux de son enfance" marquée par la "précarité". Alain Penin a grandi à Robecq (62), avec ses parents, son frère et ses deux soeurs.

Il a dit avoir été victime d'abus sexuels de la part l'une de ses soeurs alors qu'il avait une dizaine d'années. "Elle m'a fait pratiquer des actes sexuels sur elle. Cela se serait répété à deux ou trois reprises" a-t-il raconté.

Après le décès de sa mère, Alain Penin sera hébergé par l'une de ses soeurs, qui le renverra quelques temps plus tard, ne supportant plus son "oisiveté" et certains vols dont elle l'accuse. 

Il dormait par la suite sous une tente, dans un local EDF, ou chez Emmaus (début des années 1990). 


10h15 : Alain Penin se soigne-t-il ?

L'accusé a reçu un suivi psychiatrique lorsqu'il était en détention à Sequedin entre septembre 2010 et février 2001. Transféré à Douai suite à sa tentative de suicide, il n'a pas demandé à poursuivre ce suivi.

"Ça ne servait à rien de commencer un suivi uniquement pour être bien vu lors du procès. Après le procès on pourra faire un travail sur la durée, qui sera plus positif que pendant le temps de mon mandat de dépôt" a-t-il expliqué à la Cour.

"J’essaie de réfléchir", a conclu Alain Penin.


10h : "Est-ce que vous reconnaissez les faits qui vous sont reprochés ?"

A cette première question posée par la présidente, Alain Penin, d'une voix timide, répond "Oui." Dans l'intégralité.

L'accusé est interrogé sur ses conditions de détention. Il est incarcéré depuis le 8 septembre 2010 à Sequedin puis à Douai.

A l'isolement, sur sa demande, Alain Penin décrit sa vie en prison comme "très difficile". Il a fait en février 2011 une tentative de suicide "suite à un problème avec une ex petite amie qui avait porté des accusations sur [lui], et aussi par rapport à l’acte [qu'il avait] commis".

Il déclare ne "rien" faire en prison. Il ne quitte jamais sa cellule et a adopté un mode de vie plutôt noctambule. 


La cour revient ensuite sur ses différentes condamnations, l'une en 2004 dans une affaire de stupéfiants, et l'autre en février 2006 pour viol avec arme. Il avait été condamné le 21 février 2004 par la Cour d'Assises des Hauts-de-Seine à 10 de réclusion criminelle. Il reconnaît toujours ces faits, précisant que l'arme utilisée à l'époque était un tournevis. Comme avec Natacha Mougel.

Sa victime doit témoigner cet après-midi.

Depuis son incarcération, Alain Penin a également été condamné dans une affaire d'escroquerie pour l'utilisation abusive d'un téléphone de société.


9h45 ; Retour sur les faits

la présidente de la Cour, Catherine Schneider​, procède à la lecture de l'arrêt de renvoi. Elle revient ainsi sur l'ensemble des faits établis au cours de l'instruction. 

Retour sur la soirée du 5 septembre 2010, lorsqu'Alain Penin a croisé la route de Natacha Mougel. Il l'avait repérée alors qu'elle faisait son jogging à Marcq-en-Baroeul

L'accusé, bras croisés, écoute attentivement ce qui peut déjà apparaître comme très éprouvant pour les proches de la victime.

Durant l'instruction, "Alain Penin n'a pas contesté la matérialité des faits" qui viennent d'être rappelés à l'audience. Avant le début des audition, la présidente demande à l'accusé de se montrer "précis" dans les réponses qu'il sera amené à apporter.


9h30 : demande de huis-clos

L'avocat des parents de Natacha Mougel demande à la Cour un huis-clos partiel pour que "l'intimité de Natacha soit respectée" et que sa famille soit "protégée".

Me Bruno Drye souhaite que ce huis clos soit appliqué notamment lors des rapports des "médecins légistes qui vont entrer dans le détail de ce qu’a subi Natacha".  "S’il devait y avoir un interrogatoire de l'accusé par la cour dans le détail des faits, je souhaite également qu’il soit réalisé à huis clos" a ajouté Me Drye.


Cette partie du procès doit normalement être abordée mardi après-midi

L'avocat général s'oppose à ce huis clos faisant "confiance à la déontologie des journalistes" présents dans la salle. Il estime par ailleurs qu'il sera difficile de "faire le partage" entre certains interrogatoires et d'autre rapports où les faits seront de toute façon abordés.

La Cour a mis sa décision en délibéré quant à cette demande de huis-clos partiel de la part des parties civiles. 


9h15 : L'audience est ouverte

La cour vient de s'installer, elle est présidée par Catherine Schneider

Alain Penin, bouc, lunettes, pull jaune et carrure très large, s'est installé dans le box des accusés. Il a décliné son identité. Le meurtrier présumé de Natacha Mougel ne souhaite pas être filmé ni photographié (même masqué).


9hOO : "Laisser la justice faire son travail"

Avant le début de l'audience, Yves Mougel père de Natacha n'a pas voulu faire de déclaration à l'ensemble de la presse. Après avoir brandi les photos de sa fille, il me confie néanmoins son état d'esprit : "Pour Natacha je me dois de faire face au prédateur" assène-t-il avec un regard déterminé. Il ne souhaite pas aller plus loin, souhaitant maintenant "laisser la justice faire son travail".




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