Le juge d'application des peines qui a accordé une libération conditionnelle en septembre 2009 à Alain Penin, meurtrier présumé de la joggeuse Natacha Mougel un an plus tard, a regretté mardi sa décision devant la cour d'assises du Nord, ce qui devrait alimenter le débat sur la récidive.
Vous pouvez suivre l'intégralité des débats de ce procès d'Alain Penin en direct cette semaine en cliquant ici."Avec le recul, je regrette ma décision", a déclaré en visioconférence Loïc Binault, ancien juge d'application des peines (JAP) aujourd'hui en poste dans une fonction différente au TGI d'Angers.
"Je dois l'assumer professionnellement avec toute la responsabilité morale qui en découle", a-t-il ajouté en répondant à une question de Me Emmanuel Rabier, avocat du compagnon, du frère et de la belle-soeur de Natacha Mougel. Présent lundi pour le premier jour de ce que certains ont qualifié de "procès de la récidive", Yves Mougel, père de Natacha n'était pas dans la salle mardi matin.
Son épouse et le compagnon de Natacha Mougel étaient toujours absents. Dans le box des accusés, Alain Penin était vêtu comme la veille: bas de survêtement noir et pull jaune. Il y avait pourtant "des éléments positifs" pour lui accorder cette libération conditionnelle, a poursuivi l'ancien juge d'application des peines, comme le fait qu'il n'y avait "pas eu d'incidents en détention" et des "efforts importants" de sa part, comme des "soins en lien avec sa condamnation".
Risque de récidive limité
"Alain Penin présentait des efforts sérieux de réinsertion", avec "une promesse d'embauche aux Restos du Coeur" et une "place en foyer", a détaillé M. Binault. Le JAP appuyait aussi sa décision sur des expertises psychiatriques et psychologiques faisant état d'un risque de récidive limité, même si l'un des experts n'a pas eu accès à toutes les pièces du dossier, a fait remarquer Me Rabier."Je pense qu'Alain Penin a manipulé tous les professionnels qui étaient à ses côtés", les médecins et les éducateurs, a avancé Loïc Binault. "A aucun moment j'ai voulu tromper le juge ou les psychiatres", s'est défendu Alain Penin, qui avait répété lundi qu'il avait pensé "pouvoir (se) contrôler"
mais qu'il n'avait pas réussi.
"Système immensément fragile"
"On a compris à quel point il était facile avec notre système de tromper tous les intervenants de la libération conditionnelle. Le système est immensément fragile", a relevé Me Stéphane Maitre, avocat des beaux-parents de Natacha Mougel. Mardi matin, deux femmes qui ont connu Alain Penin ont témoigné. "Je pense que M. Penin est malade. Il aurait dû être plus encadré", a déclaré Louise Mulliez, stagiaire au foyer où était hébergé le meurtrier présumé, à Tourcoing (Nord).Dans l'après-midi, M. Penin devait livrer sa version des faits du 5 septembre 2010, jour de la mort de Natacha Mougel, tuée d'une centaine de coups de tournevis. La demande de huis clos partiel formulée lundi par l'avocat des parents de Natacha Mougel a été rejetée mardi par la cour. Me Bruno Drye avait demandé le huis clos partiel, s'agissant de l'évocation des faits par l'accusé et de l'audition des médecins légistes, "parce que cela touche
à l'intimité de la victime et aux moeurs", avait-il précisé.