Affaire Natacha Mougel : Alain Penin, itinéraire d'un récidiviste

Pervers narcissique, délinquant sexuel, manipulateur... Alain Penin, Béthunois de 42 ans, est accusé du meurtre de Natacha Mougel le 5 septembre 2010. Un acte d'une sauvagerie impensable. Qui est cet homme ? Que sait-on de son parcours ? Itinéraire d'un récidiviste. 

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Alain Penin a aujourd’hui 42 ans et a vécu toute son enfance et son adolescence à Robecq, dans le Pas-de-Calais. Sa mère, secrétaire du club de foot local est très populaire dans le petit village. Le père, Claude est « coffreur-boiseur quand il y a des chantiers, chômeur le reste du temps », selon Maryse la patronne du café. La famille, composée de 4 enfants, vit dans un baraquement de bois et de tôle, au bord d’un champ.

1989 : A l’âge de 18 ans, Alain Penin, qui a quitté l’école deux ans plus tôt, effectue plusieurs stages chez Christian, le boulanger. « J’étais content mais on en était resté là. » Sa mère meurt cette année-là d’un cancer foudroyant. Le jeune homme parle de moins en moins. Selon d’anciens voisins, il échappe au service militaire en raison « de son obésité ».

11 ans plus tard, il a 29 ans, la trace d’Alain Penin semble plus floue. Il raconte à sa famille qu’il a un logement à Vitry-Sur-Seine (Val deMarne) .
2003-2004 : il rencontre une femme avec qui il entretient une relation amoureuse pendant plusieurs mois. Une histoire unique pour Alain Penin. Avant et après cette relation, il semble régulièrement confronté à des « pulsions » sexuelles : « Ça me prend, j’ai besoin d’une femme, je ne sais pas comment résister » confie-t-il à son avocat. C’est aussi durant cette période qu’il se met à fumer du shit .

10 juin 2003 : il se fait repérer par la police à cause d’une très grosse consommation de cannabis. Il est alors jugé à Amiens (Somme) et condamné à 8 mois de prison dont trois avec sursis.


2004 : Alain Penin a 33 ans. Il veut devenir « chauffeur poids lourd international ». Un employeur lui confie une fourgonnette. Un mois après son embauche, il viole une jeune joggeuse dans un parc à Suresnes (Hauts-de-Seine).

21 février 2006 : Incarcéré à Fresnes (val-de-Marne) puis à Loos (Nord), il est condamné à 10 ans de réclusion, assorti d’un suivi socio-judiciaire de 3 ans. 

Sa victime, Sylvia, raconte les faits avec précision et en fera même un livre "Je suis morte ce jour-là" : « C’était le jour de l’(Ascension en 2004, ma mère qui avait l’habitude de courir au parc, m’a proposé de l’accompagner ce jour-là. Alors que j’avais ralenti ma course, je remarque dans un virage un homme gros et imposant accoudé à la rambarde et vêtu étrangement de vêtements d’hiver alors qu’il faisait très chaud cet après-midi là. Arrivée à sa hauteur, il s’est jetée sur moi et a tenté de m’étrangler. Il m’a soulevée et renversée au dessus de la balustrade pour me jeter en contrebas de la colline. J’ai fait alors une chute de plusieurs mètres, l’équivalent de deux étages d’un immeuble. C’est là qu’il m’a violée, sous la contrainte d’un couteau. Il avait également un tournevis en sa possession. »

Pour Sylvia, sa victime, tout était prémédité : « Je savais que si je protestais ou si je criais, il me tuait, je l’ai senti tout de suite ; La seule solution pour survivre était donc de l’amadouer pour le déstabiliser dans ses plans et gagner ainsi du temps afin que ma mère ou quelqu’un d’autre puisse avoir la possibilité de me retrouver.
Finalement je m’en suis sortie car j’ai établi une forme de dialogue avec lui pendant deux heures en lui parlant (entre deux « actes ») et en le questionnant sur sa vie. Je lui ai demandé d’aller nettoyer mes brûlures, conséquences de ma chute. C’est là que nous avons croisé ma mère et des policiers qui avaient été prévenus de ma disparition.
».

2009 : En prison, Alain Penin semble un détenu modèle. Une bonne conduite qui lui donne droit à des permissions. Il erre alors dans le Vieux-Lille, veille à ne plus toucher au cannabis et fréquente des prostituées de l’avenue du Peuple belge. Au mois de mai, il envoie une lettre de motivation aux Restos du Cœur. L’emploi de réinsertion que lui accorde l’association déclenche sa libération conditionnelle, au mois de septembre 2009.


2010 : Ses collègues et les bénévoles qui le surnomment « gros nounours » à cause de ses 145 kilos et de sa barbe hirsute, estiment qu’il est très serviable. Il a emménagé à Tourcoing, à Béthel, un foyer social pour SDF et anciens détenus.
Il suit un emploi du temps réglé, comme en prison. Il s’est acheté un ordinateur. Sous le pseudo Coluche 59200 (le code postal de Tourcoing), il poste une annonce sur internet « Si une femme me veut pour un bon plan cul (…) je suis partant » .
Il se vante d’avoir la plus grosse collection de vidéos pornos du foyer. Prétend filmer sous les jupes des filles dans le métro. Certains le trouvent vulgaire et obscène.

Il ne rate aucun rendez-vous avec l’assistante sociale, l’agent pénitentiaire et les psychiatres chargés de son suivi socio-judiciaire.


Au mois de juin 2010, Alain Penin obtient le certificat pour devenir chauffeur poids lourd international. Il apprend aussi qu’il pourra emménager, début août, aux Oliviers, un foyer de « semi autonomie » à Tourcoing. Pour ceux qui l’entourent, c’est clair, Alain Penin est en train de s’en sortir.

Cet été là, Alain Penin rachète la vieille R5 grise de la secrétaire des Restos du Cœur qui accepte d’être payée par tranche de 100 euros. C’est dans cette voiture qu’il passe de longues heures à errer sur les petits chemins où aimait courir Natacha Mougel. C’est cette voiture qui sera repéré par les riverains et qui permettra aux enquêteurs de remonter jusqu’à lui.
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