Créé en janvier 2009, le bureau d'aide aux victimes d'infractions pénales était le premier de ce genre en France. Chaque année, il reçoit, conseille et accompagne plus de 2000 personnes. L'expérience est en train de se généraliser dans tous les tribunaux de grande instance du pays.
"Ecoute empathique" et "pédagogie": les victimes d'infractions pénales trouvent depuis cinq ans, dans un bureau qui leur est spécialement dédié au sein du tribunal de grande instance (TGI) de Lille, une oreille attentive auprès des associations pour qu'elles ne soient "pas seules".
Informer, orienter, accompagner les victimes
Lancé à titre expérimental en janvier 2009 au TGI de Lille, comme dans douze autres tribunaux, ce bureau d'aide aux victimes (BAV) a pour but d'informer, d'orienter et d'accompagner gratuitement les victimes d'infractions de tous types, des violences aux accidents de la circulation, dans leurs démarches judiciaires.
"On est là pour faire le point avec eux, rendre compréhensible le vocabulaire judiciaire. On a un rôle pédagogique (...) mais aussi d'écoute, d'empathie à l'égard de personnes qui ne viennent pas chercher que l'information juridique", explique Gaëlle Carrette, juriste de l'association intercommunale d'aide aux victimes et de médiation (AIAVM), l'une des trois structures assurant les permanences au TGI de Lille.
Une aide sollicitée par plus de 2000 victimes d'infraction chaque année
Dans ce petit bureau vitré situé au rez-de-chaussée du tribunal, dans un couloir près de l'entrée, elle reçoit ce vendredi matin un "monsieur très touché", rencontré une première fois après une agression et revenu vers elle à la suite d'un différend familial, pour qui elle est devenue "un peu le repère".
"J'ai pas bien dormi cette nuit, je suis stressé", confie la victime, le visage très marqué, qui ne veut pas déposer plainte "parce que c'est pas la peine".
"Ca ne sert à rien de s'énerver. Ce qui est important pour vous, c'est de rester dans les clous au niveau de la justice", lui conseille Mme Carrette.Ce qui est important pour vous, c'est de rester dans les clous au niveau de la justice
"On voit vraiment des personnes détruites psychologiquement. Il y a des infractions qui laissent les gens KO", constate Philippe David, juge délégué aux victimes (Judevi), qui préside à ce titre la commission d'indemnisation des victimes (CIVI) du TGI de Lille.
L'aide aux victimes plus visible qu'avant
"Le nombre de victimes est de plus en plus important. Année après année, les chiffres de réception de victimes sont en progression", observe Gilles Dumez, directeur de l'AIAVM, créée en 1987.
Ainsi, le BAV de Lille a reçu ou contacté 1.545 personnes en 2009, 1.980 en 2011 et 2.232 en 2012. Mais les victimes sont aussi reçues au siège de l'AIAVM, notamment par des psychologues, à l'hôtel de police, à la médecine légale, à l'hôtel de ville et dans une dizaine de communes de la métropole.
Le temps de présence des associations a doublé
"L'aide aux victimes ne se résume pas aux bureaux d'aide aux victimes. Nous étions déjà présents avant au TGI de Lille, mais avec les subventions
qui ont été affectées à ces bureaux, nous avons pu y doubler notre temps de présence et symboliquement, c'était important que nos associations puissent travailler dans les tribunaux", reconnaît M. Dumez.
"Nous sommes mieux identifiés, y compris des personnels judiciaires. Beaucoup moins de victimes passent entre les mailles du filet", renchérit Gaëlle Carrette.
Par exemple, tous les matins, le juriste présent au BAV est saisi par le parquet pour joindre les victimes dont le dossier passe dans la journée en comparution immédiate.
La création de ce bureau "a montré que c'était un outil d'accompagnement indispensable pour les victimes. Cela leur permet de ne pas être seules. C'est un dispositif très bénéfique", déclare Eric Négron, président du TGI de Lille.un outil d'accompagnement indispensable pour les victimes
Selon le ministère de la Justice, quelque 150 bureaux d'aide aux victimes ont été installés dans les tribunaux de grande instance depuis janvier 2009 et tous les TGI devraient en être équipés en 2014.