Ascométal : un fleuron sidérurgique, basé entre autres à Dunkerque, au bord du redressement judiciaire

Le sort du transporteur Mory Ducros à peine réglé, le gouvernement se retrouve confronté à un nouveau dossier épineux avec la mise en redressement judiciaire demandée par le fleuron sidérurgique Ascométal, qui emploie près de 2.000 personnes.

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La menace d'un tel placement pourrait se concrétiser à l'audience prévue jeudi devant le tribunal de commerce de Nanterre, en cas d'échec d'ici là des négociations entre le principal actionnaire, le fonds d'investissement américain Apollo, et les banques créancières.

"Compte-tenu de la situation financière de l'entreprise et dans l'hypothèse où un accord n'interviendrait pas entre Apollo et les banques créancières, Morgan Stanley et Bank of America, une procédure de redressement judiciaire devra être engagée jeudi devant le tribunal", a déclaré un porte-parole à l'AFP.

De source judiciaire, Ascométal a déposé sa demande de placement en redressement, signifiant de fait son état de cessation des paiements (dépôt de bilan). Elle sera examinée jeudi à 11H30 par le tribunal.

L'entreprise l'a annoncé aux représentants des salariés à la mi-journée, selon la CGT et la CFDT. Cette menace de redressement a augmenté la pression sur toutes les parties prenantes dans les négociations, en leur fixant un ultimatum.

"Nous avons jusqu'à jeudi 11H30 pour faire converger les points de vue et nous ne ménagerons pas nos efforts pour y parvenir", a indiqué à l'AFP une source au ministère du Redressement productif.

Moins d'une année après la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, le ministère se retrouve à nouveau en première ligne pour tenter de sauver un autre fleuron sidérurgique. Sollicité par Apollo et les banques, il est partie prenante des négociations.

"Nous regrettons qu'une aussi belle entreprise, qui emploie près de 2.000 personnes, se retrouve en difficulté parce qu'un actionnaire et ses créanciers ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente", explique-t-on.

360 millions d'euros de dette 

Pour l'État, le problème n'est pas industriel : le groupe a des débouchés grâce à ses produits très pointus destinés à l'industrie automobile et pétrolière. Il est financier.

L'ancienne filiale d'Usinor est plombée par une très lourde dette de 360 millions d'euros contractée lors de son rachat il y a trois ans par le fonds Apollo. Mais le gouvernement a des atouts en main dans cette partie de poker menteur entre actionnaires et créanciers. Il peut, par exemple, bloquer la vente d'actifs, comme il l'avait déjà fait en 2011, quand Ascometal avait prévu de céder ses barrages en Isère au suisse BKW-FMB.

Selon les syndicats, la direction a informé mardi les élus du personnel de l'"échec" des négociations. Apollo, les banques et l'Etat français "poursuivent actuellement des discussions en vue de la restructuration financière du groupe", a toutefois précisé l'entreprise.

Le groupe affirme qu'un projet d'accord permettant de "préserver l'intégrité des activités de l'entreprise de recapitaliser la Société et d'éviter ainsi une procédure de redressement judiciaire", a été approuvé par Apollo, mais "n'a pas été à ce jour accepté par les banques".

"La négociation devait aboutir mi-décembre, puis le 28 février. On est très inquiets sur la pérennité de l'ensemble des sites et des emplois, au moment même où l'activité reprend", confie Cyril Brand, élu CFDT au CCE.

Fin décembre, l'entreprise avait déjà frôlé le dépôt de bilan. "On a des problèmes de trésorerie, mais on était confiants, on pensait qu'Apollo et les banques allaient s'entendre", relate Denis Lesserteur, délégué central CFDT, très "surpris" de la tournure des choses.

De son côté, la CGT estime qu'"aujourd'hui il n'y a pas d'autre choix que le redressement judiciaire", "cet événement est lourd de conséquences pour les salariés et l'entreprise", commente dans un communiqué la CGT.

Ascométal compte trois grosses usines en France produisant de l'acier avec des fours électriques, à Dunkerque (Nord), Hagondange (Moselle) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Il dispose aussi de sites à Custines (Meurthe-et-Moselle) Le Marais (Loire) et Le Cheylas (Isère).
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