Qui pour prendre la relève de Borloo à l'UDI ?

Le retrait politique de Jean-Louis Borloo pour raisons de santé est un coup dur pour son parti, l'UDI, à quelques semaines du scrutin crucial des européennes et alors qu'un rapprochement a été initié il y a quelques mois avec le président du MoDem, François Bayrou.

 "Dans les temps difficiles que traverse notre pays nous avons conscience du devoir et des responsabilités qui pèsent sur les dirigeants de la 3e famille politique de France", ont écrit dimanche soir de concert les trois députés UDI Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin.

Yves Jégo a de nouveau assuré lundi matin, sur RMC, que Jean-Louis Borloo allait "de mieux en mieux", mais qu'il en avait "pour plusieurs mois", après sa pneumonie et "le choc septique" survenu fin janvier. "Il faut aller de l'avant et, au-delà de lui, construire une offre politique et gagner les élections européennes", a-t-il ajouté, alors que la défection de leur chef intervient au moment où l'Alternative, réunion de l'UDI et du MoDem scellée l'automne dernier, lance sa campagne pour les élections européennes du 25 mai. "Nous avons le devoir de continuer l'oeuvre de Jean-Louis Borloo à travers la construction d'un centre-droit que j'aimerais encore conquérant", a pour sa part lancé Rama Yade, transfuge de l'UMP. Dans son courrier au comité exécutif dimanche, Jean-Louis Borloo a félicité ses troupes pour les bons résultats aux municipales. "Cela a du lui faire bizarre, la moisson a été levée sans le moissonneur", commentait lundi matin un élu centriste.



Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, expliquait récemment que Jean-Louis Borloo jouait souvent "le rôle d'amortisseur à l'UDI" entre les différentes chapelles, coutumières d'entretenir de fortes rivalités. Il avait en effet réussi, après un premier projet avorté baptisé l'Ares, à réunir dans la même formation différents obédiences centristes: le Parti radical, le Nouveau Centre d'Hervé Morin, l'Alliance centriste de Jean Arthuis, le parti libéral...

Une nouvelle direction "avant l'été" 


Le député UDI Jean-Christophe Lagarde a expliqué lundi que la succession à la tête de l'UDI de Jean-Louis Borloo, sera ouverte après les élections européennes du 25 mai. Le député a plaidé pour une "transition rapide", si possible "avant l'été". "L'UDI doit se choisir une nouvelle direction nationale dès après les européennes", a-t-il déclaré à la presse en marge de la présentation des listes de l'Alternative à la presse. 

"Plus la période provisoire, qui induit flottement et frictions, est courte mieux ce sera pour le parti", dit-il, évoquant une date "avant l'été". Un comité exécutif se tiendra mardi soir pour désigner une organisation transitoire et une date de congrès. Au Parti radical, formation dont Jean-Louis Borloo est président, le relais a été pris par Laurent Hénart, qui vient tout juste d'être élu maire de Nancy, a indiqué une source centriste.

"Tout le monde semble d'accord pour qu'il n'y ait pas de boîte de Pandore ouverte pendant les européennes, évidemment qu'elle sera ouverte juste après", a-t-il lancé, sans donner de précisions sur ses propres intentions. Il a par ailleurs dit que, bien que respectant la décision de Jean-Louis Borloo, cette décision aurait pu attendre. "Je pense qu'on pouvait avoir une situation intérimaire jusqu'à la fin de cette année", a-t-il dit. Il a par ailleurs confié que la décision de Jean-Louis Borloo était abordée entre les cadres de l'UDI depuis "vendredi".

Questionné sur François Bayrou, M. Lagarde a répondu: "François Bayrou n'est pas à l'UDI, il n'a pas vocation à l'être, il est au MoDem". "Je ne vois pas pourquoi les centristes devaient fatalement se diviser", a-t-il ajouté au sujet du rassemblement UDI-MoDem dans l'Alternative.

Yves Jégo, qui a coordonné la direction depuis l'absence de Jean-Louis Borloo, expliquait lundi qu'"il n'y a pas de leader présupposé, pré-imposé". Eric Azière, président du groupe centriste à Paris, et ancien directeur général de l'UDI, souligne que l'intérim depuis janvier "s'est très bien passé". Mais des rivalités demeurent. L'autre leader charismatique du centre, le président du MoDem, François Bayrou, élu maire de Pau, a tenu à affirmer dimanche soir que "la démarche d'existence et d'unité du centre qui a été la nôtre depuis cet automne va se poursuivre. Nous en sommes tous responsables". Celui-ci qui a promis mordicus à ses administrés de ne s'occuper que de Pau, avait récemment dit qu'il comptait rester une voix nationale et des observateurs voient se dessiner un axe entre lui et Alain Juppé à l'UMP.

Le député UMP Henri Guaino, ancienne plume de Nicolas Sarkozy, a estimé lui, lundi, que M. Bayrou n'avait "pas vocation à fédérer le centre" en l'absence de Jean-Louis Borloo. 

Les députés UDI, eux, désigneront leur nouveau président le 15 avril. MM. Lagarde et Morin ont indiqué tous deux ne pas être candidats à ce poste. Parmi les candidats possibles figure François Sauvadet qui, en tant que vice-président du groupe. Par ailleurs, le siège de Jean-Louis Borloo à l'Assemblée doit faire l'objet d'une élection partielle organisée dans un délai maximal de trois mois, dans la 21e circonscription du Nord.


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