Le sénateur UMP Jean-René Lecerf, spécialiste des questions pénitentiaires, se dit "d'accord à 90%" avec le projet de loi controversé sur la prévention de la récidive et l'individualisation des peines présenté par la ministre de la Justice Christiane Taubira, dans un entretien à Libération.
Examinée en juin à l'Assemblée nationale, cette réforme, très critiquée à droite, prévoit la création d'une nouvelle peine de probation, dite "contrainte pénale", prononcée pour des délits passibles de cinq ans d'incarcération maximum et qui soumet le condamné à des obligations et des contrôles.
"Je suis d'accord avec ce texte à 90%, on a fait un procès en sorcellerie à Christiane Taubira, mais au fond cette loi aurait pu être portée par Rachida Dati ou Michèle Alliot-Marie (anciennes ministres UMP de la Justice, NDLR)", estime M. Lecerf, dans un entretien accordé à Libération. Interrogé sur l'attitude contestataire de l'UMP sur la réforme, le sénateur du Nord juge que "présenter cette loi comme laxiste, c'est de la folie furieuse. (...) Il est tellement facile de dire laxisme en espérant toucher des électeurs égarés vers les extrêmes".
Présenter cette loi comme laxiste, c'est de la folie furieuse !
"Et de l'autre côté de l'échiquier, la gauche, qu'a-t-elle fait sur ces questions depuis deux ans? Rien", assène-t-il. La réforme Taubira "ne recèle en réalité rien de fondamentalement nouveau: la probation existe déjà en France, c'est par exemple le cas du sursis avec mise à l'épreuve. Il s'agit juste de la développer", poursuit l'adversaire malheureux de Martine Aubry à Lille fin mars lors des municipales.
"Le conducteur qui renverse une personne, ne vaut-il mieux pas l'envoyer travailler dans un hôpital consacré à la rééducation des accidentés de la route?", questionne-t-il. M. Lecerf prend aussi l'exemple des malades mentaux, "qui représentent 10% des détenus": "La prison n'est pas toujours la meilleure réponse à la délinquance, il est ainsi des personnes pour qui la peine n'a aucun sens parce qu'ils ne la comprennent même pas". "La peine c'est bien sûr l'indemnisation de la victime, mais c'est aussi tenter de préparer une vie exempte de récidive", souligne-t-il, alors que le nombre de prisonniers en France a franchi un nouveau record début avril, avec 68.859 personnes incarcérées, soit un taux d'occupation de 119,38% par rapport au nombre de places disponibles.La prison n'est pas toujours la meilleure réponse à la délinquance.