Plusieurs associations ont écrit mardi au Premier ministre Manuel Valls pour l'alerter sur la situation sanitaire "catastrophique" des migrants installés dans trois campements à Calais, où s'est développée une épidémie de gale et qui doivent être expulsés.
Bien qu'ayant "alerté de manière répétée les pouvoirs publics" sur les "conditions sanitaires catastrophiques" dans lesquelles vivent les migrants, la préfecture du Pas-de-Calais a décidé mercredi d'"associer dans un même temps une prise en charge médicale et l'expulsion des terrains sur lesquels les
exilés ont trouvé refuge depuis plusieurs semaines", déplorent les associations dans leur courrier.
Le démantèlement, prévu mercredi matin selon les associations signataires, dont Médecins du monde, le Secours catholique, Amnesty International ou la Cimade, va s'effectuer "sans concertation" et sans "qu'aucune solution alternative de mise à l'abri ne leur soit proposée".
"Combiner à la fois une démarche thérapeutique et une expulsion est un simulacre de prise en charge médicale. Le comprimé qui va être donné est un comprimé qu'on doit renouveler une semaine après pour être sûrs que le traitement contre la gale soit efficace", a estimé le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du monde, qui craint par ailleurs que certains migrants partent "avant que les soins ne soient prodigués".
Les signataires demandent à Manuel Valls "un dispositif d'urgence adapté", permettant d'"anticiper les effets de cette expulsion (...) : prise en charge médicale inappropriée, errance des personnes dans la ville de Calais, contrôles policiers quotidiens, violences, désespoir et prise de risques croissante pour tenter un passage vers le Royaume-Uni qui, depuis le début de l'année, ont déjà causé la mort de plusieurs exilés...".
Après Sangatte en 2002, la "jungle" en 2009...
Le démantèlement des trois camps établis sur la zone portuaire de Calais n'entraînera pas "la disparition des exilés sur le territoire du Calaisis, qui restera un point de passage vers le Royaume-Uni", soulignent les associations, qui citent les exemples de la fermeture du centre de Sangatte en 2002 et la destruction de la "jungle" de Calais en 2009.
Selon la préfecture, entre 800 et 850 migrants sont actuellement présents dans le Calaisis, dont 600 à 650 pour la seule zone portuaire de Calais,
un nombre qui a au moins doublé en quelques semaines.
Vendredi, un migrant est mort écrasé par le car sous lequel il s'était accroché pour rallier l'Angleterre. Six autres migrants sont décédés en 2014 en tentant de passer en Angleterre, selon l'association Passeurs d'hospitalités.