En 2011, une cinquantaine de familles ont aménagé dans la résidence Organum, à Lille-Fives, un programme immobilier subventionné qui leur a permis d'accéder à la propriété pour un prix modique. Trois ans plus tard, certaines d'entre elles dénoncent des "malfaçons".
[Après la parution de cet article, en juin 2014, des travaux ont été effectués pour corriger les défauts décrits ci-dessous ► voir notre mise à jour]Les bâtiments ont été livrés il y a seulement 3 ans, ce qui ne saute pas vraiment aux yeux lorsqu'on franchit le portail du 99, rue Louise Bourgeois, à Lille-Fives. La double grille d'entrée ne se verrouille pas, les détecteurs de présence censés activer l'éclairage extérieur sont hors service. Pire, de longues coulures verdâtres recouvrent les murs et l'escalier, dont la peinture n'est déjà plus qu'un lointain souvenir.
T. P. , qui habite au 1er étage, est désemparé. "Le pire, c'est quand il pleut", explique-t-il. "Il y a une légère pente au pied de l'escalier. Normalement, elle aurait du aller dans l'autre sens pour permettre d'évacuer l'eau vers l'extérieur. Là, l'eau s'accumule au pied des marches, jusqu'à 2 cm. L'hiver, c'est une vraie patinoire."
Pour T. P. , il y a clairement eu des malfaçons. "Quand j'ai fait venir mes parents pour la première fois, ils m'ont dit : "On croyait que c'était neuf ici"", ajoute David, son voisin du dessus. "Ils ont cru que c'était un bâtiment qui avait 25-30 ans". Pour Jérémy, le voisin du dessous, qui habite le rez-de-chaussée, l'humidité a même gagné l'intérieur de l'appartement comme le montrent les moisissures apparues en haut du conduit de ventilation et au pied des fenêtres.
Il y a trois ans, ils pensaient pourtant avoir fait une bonne affaire. La résidence Organum, dans laquelle ils ont aménagé, est le fruit d'un programme d' "accession sociale sécurisée" à la propriété. Le mètre carré ici ne leur a coûté que 2000 euros. "Réalisé par le cabinet d’architecture Escudié-Fermaut, Organum adopte une architecture soignée et résolument contemporaine où le bois, le verre, le décor végétal et la lumière naturelle se marient pour offrir à ses résidants confort et bien-être au coeur d’un cadre privilégié", pouvait-on lire sur la brochure.
Le projet, conduit par Escaut Habitat, a bénéficié de crédits spécifiques auprès de l'ANRU (25 primes de 10 000 à 15 000€) ainsi que de subventions du Conseil régional Nord Pas-de-Calais (5 000 € pour chaque logement) et de Lille Métropole Communauté Urbaine (3 000 à 4 000€ par logement). Audrey Linkenheld, adjointe de Martine Aubry au logement, était même présente lors de la conférence de presse organisée le 16 juin 2010 pour la pose de la première pierre.
"On ne s'attendait pas à un truc parfait", admet Jérémy. "Mais au moins à quelque chose de propre, qui ne soit pas dégradé au bout de 3 ans. Déjà, au bout de 6 mois, on s'est aperçu des problèmes. Mais rien ne se passe...". Contactée par nos soins, la mairie de Lille nous a renvoyés vers le promoteur, Escaut Habitat qui récuse le terme de "malfaçon" mais admet un problème de conception.
"La résidence a été conçue avec des circulations extérieures non couvertes dans un objectif de limiter les charges de co-propriété", explique son directeur général, Edouard Duroyon. "Effectivement, ça génère des difficultés de ruissellement, mais ce n'est pas lié à une malfaçon, c'est plutôt lié à la conception des parties communes extérieures". Selon Escaut Habitat, un permis de construire a été déposé en février afin de bâtir un toit pour couvrir les parties communes. Mais il faut encore passer des appels d'offre ce qui retarde le début des travaux. Les co-propriétaires commencent à perdre patience, certains envisagent une action en justice.
[MISE A JOUR]
Depuis la parution de cet article, des travaux ont pu être effectués et la situation s'est nettement améliorée à la résidence Organum de Lille-Fives. "L'assurance et Escaut Habitat ont pris en charge en charge les renovations à l'intérieur du logement: du carrelage a été posé dans l'entrée de l'appartement, et l'isolation defaillante a été refaite", nous indique Jérémy, l'habitant du rez-de-chaussée.
"Pour ce qui est de l'infiltration en haut du conduit de VMC à la cuisine, il s'est averé que c'était une fuite qui provenait de l'évier du voisin du dessus, des experts sont venus et les réparations ont été faites !".
"Pour ce qui est des communs, les grilles electriques à l'entrée fonctionnent aujourd'hui normalement, ainsi, que les lumières avec détecteurs automatiques", poursuit-il.
En effet, les traces verdâtres ont désormais disparu des escaliers et des murs.