174 anciens salariés de l'usine du cigarettier Seita de Lille, fermée en 2005, ont demandé mardi aux prud'hommes de condamner leur ex-employeur pour absence de motif économique de leurs licenciements.
"C'est la première audience depuis le lancement de la procédure en 2007. Il y a eu sept reports depuis 2007", a expliqué Jean-Pierre Taillieu, 67 ans,dont "37 ans à la Seita".
La Seita, qui était devenue Altadis en 1999 après avoir fusionné avec l'espagnol Tabacalera, avait annoncé en juillet 2003 un plan de restructuration prévoyant la suppression de plus de 1.600 emplois en France et en Espagne, et la fermeture de son site de Lille, qui employait 456 salariés, invoquant une érosion de la consommation de cigarettes et une nécessaire sauvegarde de la compétitivité.
"A l'époque, Altadis est numéro 3 des tabacs en Europe (...). La situation économique est bonne et rien ne laisse présager qu'elle va être moins bonne à cause de la concurrence. Lille était le vaisseau amiral de la Seita, on investissait, avec l'achat de trois machines modernes, et on embauchait, même
en CDI", a plaidé l'avocat des ex-salariés, Me Diego Parvex.
Les 174 anciens salariés, qui réclament soit un an, soit deux ans de salaires, ont été licenciés ou ont "été contraints d'accepter" une mesure d'âge, lors de la fermeture définitive du site en août 2005, selon le conseil.
Délibéré le 16 décembre
"Le ralentissement de la consommation, amorcé en 2002, s'est accéléré en 2003, avec une baisse de 20% en France. Seita était une toute petite structure, elle ne représentait que 2% du marché mondial en 2003 (...). La société était dans l'obligation de se réorganiser pour préserver sa compétitivité", ont mis en avant les avocates de la société, Me Jocelyne Clerc et Me Catherine Harnay.
Les quelque 80 anciens salariés présents à l'audience ont fait le parallèle entre la fermeture de leur usine et celle de Carquefou, près de Nantes, annoncée mi-avril par le cigarettier, aujourd'hui filiale d'Imperial Tobacco.
"Quand Lille a fermé, les jeunes ont été reclassés à Nantes et maintenant le site ferme. Ils se retrouvent sur le carreau dix ans après", a
souligné Jean-Pierre Taillieu.
"Il y a eu Lille, maintenant il y a Nantes. C'est une volonté politique (...). La cigarette n'a pas bonne presse", a estimé Michel Leblond, qui avait "juste 50 ans" lors de la fermeture de l'usine et qui a bénéficié de mesures d'âge. La décision du conseil de prud'hommes de Lille a été mise en délibéré au 16 décembre.