Des dizaines d'agriculteurs picards ont envahi le péage de Senlis sur l'A1 pendant 2 heures cette nuit: leurs tracteurs ont bloqué des camions frigorifiques qui devaient livrer le marché de Rungis. Les agriculteurs se rendaient à la manifestation prévue ce mardi matin place de la Concorde à Paris.
Ces agriculteurs picards répondaient à l'appel de la FNSEA: le syndicat agricole a appelé à une mobilisation nationale ce mardi pour donner un "carton jaune" au gouvernement, accusé de multiplier les "contraintes" des agriculteurs, au moment où le projet de loi d'avenir sur l'agriculture commencera à être examiné en commission à l'Assemblée nationale. Le texte passera ensuite en seconde lecture dans l'hémicycle les 7 et 8 juillet.
Dans la ligne de mire du syndicat agricole figure notamment le projet d'interdiction des épandages de pesticides à moins de 200 mètres des écoles, mais aussi le traité de libre-échange en discussion avec les Etats-Unis au niveau européen.
Interrogé sur RTL, le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll a tenté de rassurer les manifestants. Il a expliqué qu'il "faut protéger certains lieux d'éventuels phytosanitaires portés par le vent", mais a souligné qu'il n'a jamais "dit d'en interdire l'usage 200 mètres autour de toutes les habitations" comme il a été dit. "Nous atteindrions des chiffres incompatibles avec la pratique agricole", a-t-il ajouté.
Rappelant que "dans le code rural, il existe une distance de sécurité de 50 mètres", Stéphane Le Foll a précisé attendre une expertise de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pour faire des propositions.
"Nous allons travailler, pour la loi d'Avenir, sur une solution qui permettra d'avoir un système de protection, directement sur les épandeurs ou des protections
physiques, tels que haies par exemple. Si ces protections ne sont pas mises en oeuvre, nous devrons réfléchir à la question de la distance vis-à-vis des écoles, crèches et maisons de retraite", a détaillé le ministre.
Selon lui, "il y a besoin de protéger certaines populations, c'est on ne peut plus normal. Ca peut évoluer, ce ne sera pas forcément 200 mètres. Le code rural prévoit 50 mètres donc nous verrons", a-t-il conclu.