Un ancien agent d'assurances a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Saint-Omer (Pas-de-Calais) à 3 ans de prison dont 18 mois ferme pour avoir détourné 3,4 millions d'euros au préjudice de plus de 80 clients et de l'assureur Generali.
Le parquet avait requis, lors de l'audience le 3 juin, cinq ans de prison dont quatre ferme à l'encontre de cet homme de 59 ans, reconnu coupable de l'ensemble des faits qui lui étaient reprochés.
Ancien dirigeant d'une agence de l'assureur Generali à Ardres (Pas-de-Calais), il avait admis avoir, entre 2002 et la liquidation de son agence en 2012, détourné environ 3,4 millions d'euros qui lui avaient été confiés par plus de 80 clients souscrivant des assurances-vie, et avoir fourni de faux relevés.
L'audience sur les intérêts civils, qui intéresse en premier lieu les victimes du condamné, a été fixée au 16 octobre prochain. Les clients floués craignent toutefois de ne pas revoir leur argent de sitôt.
Sur ce volet, "il y a un partage de responsabilité à 80-20, 80% à la charge du prévenu et 20% à la charge de Generali", a indiqué à l'AFP le parquet de Saint-Omer.
"Comme (l'ancien assureur) a zéro et que toutes les banques et sociétés de crédit vont passer avant nous sur ce qu'il lui reste, ça veut dire que l'indemnisation des victimes, ce sera zéro", a estimé leur porte-parole, Jean-Jacques Quéval.
Le tribunal a condamné le prévenu à cinq ans d'interdiction d'exercer le métier d'assureur et ordonné la confiscation de biens immobiliers saisis, dont sa maison à Ardres et un appartement dans les Alpes.
Parmi les clients victimes du condamné, figuraient des personnes en deuil, faibles, ou malades.
Le cabinet d'assurances était endetté, avait expliqué le prévenu lors du procès, décrivant un "engrenage" lorsqu'il a commencé à détourner des fonds pour éponger ces dettes, en faisant croire à certains clients que leur argent transitait par ses comptes pour être placé chez Generali, alors qu'il l'encaissait.
Sur les 3,4 millions détournés, quelque 456.000 euros auraient été remboursés, soit une différence nette de 2,9 millions d'euros dont les enquêteurs peinent à dire ce qu'ils sont devenus, en raison du nombre de comptes bancaires du prévenu, une trentaine au total.
Le prévenu avait reproché à Generali de ne pas l'avoir suffisamment contrôlé. "Je suis profondément désolé et je regrette. Je me retourne et je vous regarde tous", avait-il déclaré aux parties civiles.