Assiatou, la jeune femme originaire de Guinée et âgée de 20 ans a accepté de raconter sa mésaventure. Elle vient de passer une nuit en garde à vue pour avoir utilisé un billet de 500 euros qui était... vrai ! Elle se dit choquée par ce qu'elle a vécu.
"Ma première image de la France, c'est ça..." Assiatou est bouleversée, choquée par ce qu'elle a vécu. 20 heures de garde à vue pour un billet de 500 euros. Cette étudiante est arrivée en France il y a à peine un mois. Elle a 20 ans et vient de Guinée pour faire ses études de droit en vue d'essayer de devenir avocate. C'était d'ailleurs ce jeudi sa rentrée à la faculté de Douai.
Lundi, avec son cousin qui étudie à Arras (et non son compagnon comme on l'a cru dans un premier temps), elle a décidé de faire des courses en utilisant l'argent donnée par son père pour son départ en France. 1000 euros en billets de 100 euros et un billet de 500. Ils se rendent ensemble à l'hypermarché Leclerc de Douai pour acheter des vêtements, une paire de chaussures...
"J'étais en prison"
La facture en caisse est d'environ 200 euros. Là, elle présente son billet de 500 euros "pour faire de la monnaie", se dit-elle. A partir de ce moment, le "cauchemar" commence. Vérification du billet, appel de la police, arrivée à l'hôtel de police et garde à vue... "Je pense qu'il se sont dits, ils sont Africains, ils ne peuvent pas avoir de billet de 500 euros, analyse aujourd'hui Assiatou. J'ai l'impression que c'est du racisme. Je me sens bouleversée, brisée... Ils n'ont pas eu confiance en moi. On m'a fait enlever mon soutien-gorge, m'a enlevée mes bracelets, ma ceinture, j'ai été fouillée."Assiatou est tellement "ecoeurée" par ce qu'elle a vécu qu'elle envisage même de ne pas rester en France. Ce jeudi, une association locale africaine a organisé une petite manifestation avec le MRAP pour la soutenir.
Les faits
Deux Guinéens qui souhaitaient payer dans un supermarché du Nord avec un billet de 500 euros, soupçonné -à tort- d'être un faux, a dû passer une nuit au commissariat. La caissière de ce supermarché Leclerc de Douai, qui devait encaisser le billet suspect, ne l'a pas passé au détecteur et a simplement averti sa hiérarchie qui a ensuite appelé la police, selon la direction du magasin."Le personnel du magasin n'a fait qu'appliquer les consignes de sécurité, définies avec le commissariat de police et renforcées dans le cadre d'un trafic de faux billets dans la région", a réagi de son côté la direction du groupe Leclerc. La direction du magasin disposait de détecteurs de faux billets mais a indiqué qu'ils n'étaient "pas fiables à cent pour cent".
S'il est "normal que les policiers fassent ce travail", le procureur de Douai Eric Vaillant a exprimé le souhait "qu'on mette en place d'autres systèmes plus
performants (...) pour éviter que des gens passent une nuit en garde à vue pour le lendemain s'apercevoir que le billet était vrai". M. Vaillant a notamment expliqué que la Banque de France n'avait pas été joignable tout de suite.
Comme le parquet de Douai ou la direction de Leclerc, le directeur départemental de la sécurité publique, Didier Perroudon, a réfuté tout délit de faciès.