De mystérieux avis de recherche sont placardés depuis une dizaine de jours à Lille et dans d'autres villes de France. Une photo en noir et blanc, un nom, la mention "disparu(e)", et un numéro de téléphone. Il s'agit en réalité d'une campagne des intermittents du spectacle.
Partout à Lille et à Lesquin depuis début octobre le visage d'"Olivia Demaro" s'affiche sur les murs et les poteaux. Au dessus de la photo en noir et blanc, la mention "disparue le 17 septembre". En dessous, sa taille, la couleur de ses yeux et sa profession. Enfin un numéro de téléphone pour aider à la retrouver : 06 10 43 41 18. Ceux qui l'ont composé sont tombés sur le répondeur d'une mystérieuse Amélie, qui ne les a jamais rappelés.
D'autres avis de disparition toujours liés au monde du spectacle
En réalité, aucune disparition ne correspond à cet avis de recherche, pas plus que les autres placardés en Seine-Saint-Denis, à Poitiers, Niort, La Rochelle ou encore Rouen.Tous affichent le même numéro de téléphone, et les professions des "disparus" correspondent tous à des métiers du monde du spectacle : guitariste, régisseur, administrateur, technicien lumière,maquilleuse…
Premier lien avec les intermittents établi à Poitiers
Derrière ces affichettes, une action des intermittents du spectacle qui protestent contre la réforme de leur statut. "La Nouvelle république" a été la première à repérer les affichettes début octobre et à établir le lien avec le mouvement protestataire. Le Parquet de Poitiers a fait ouvrir une enquête. Celui de Lille s'apprête à en faire autant, tout en étant gêné aux entournures car aucun dépôt de plainte n'a été déposé.Les associations d'aide aux familles de personnes disparues indignées
Même si cette étrange campagne n'est pas du goût de tout le monde, notamment les associations d'aide aux familles de personnes disparues, indignées par le procédé. Dans les colonnes du Figaro, Pascale Barthany, vice-présidente de l'ARPD (Assistance et recherche de personnes disparues) s'étrangle : " Cette histoire est complètement aberrante, indigne d'une profession, il faut que ces abrutis s'arrêtent tout de suite. Je peux vous dire que les familles sont hyper en colère.".Un groupe d'intermittents proches des arts de la rue
Du côté de la coordination des Interluttants du Nord Pas-de-Calais, on confirme qu'il s'agit bien d'une opération menée par un groupe d'intermittents proche des arts de la rue, mais sans adhérer à son action. Personne ne souhaite d'ailleurs s'exprimer publiquement sur le sujet.La campagne d'affichage devrait prendre fin autour du 25 octobre, avec des affichettes qui décryperont ces faux avis de disparition.
Marie-Candice Delouvrié & Sergio Rosenstrauch