Belgique : deux ministres accusés de complaisance à l'égard de la collaboration avec l'occupant nazi

Le nouveau Premier ministre belge Charles Michel a exclu mardi soir de se séparer de Jan Jambon et Theo Francken, deux ministres nationalistes flamands, dont la démission était réclamée par des partis d'opposition pour leur attitude jugée ambigüe sur la collaboration avec l'occupant nazi.

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Entré en fonction samedi, Charles Michel, chef des libéraux francophones (MR), a été sommé mardi, lors d'un débat houleux au Parlement, de s'expliquer sur des déclarations du ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, qui avait jugé dans une interview que les collaborateurs " avaient leurs raisons" , et sur la  présence le weekend dernier du  Secrétaire d'État à l'Immigration, Theo Francken, à une fête d'anniversaire d'un ancien collaborateur, Bob Maes. " Dans mon gouvernement, il ne peut pas y avoir la moindre ambiguïté par rapport à la collaboration", a déclaré Charles Michel sur la télévision RTBF. Ces deux ministres sont issus de la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie), un parti nationaliste qui prône l'indépendance de la Flandre.

Charles Michel, qui n'avait pas répondu aux interpellations des parlementaires, a précisé sur la chaîne publique avoir eu un entretien avec Jan Jambon, à l'issue duquel " une clarification est intervenue". " Il a clairement indiqué, ce qui est une évidence pour moi, que la collaboration est une faute, que c'est injustifiable", a expliqué le chef de gouvernement de 38 ans. " J'ai eu un entretien également, après le débat au Parlement, avec Theo Francken. Il m'a assuré de son engagement total sur le principe des valeurs fondamentales, il m'a assuré que pour lui la collaboration était quelque chose de tout à fait inacceptable qui devait être critiquée", a-t-il poursuivi.

Interrogé sur le maintien des deux hommes dans son gouvernement, Charles Michel a répondu: " A partir du moment où ils m'ont assuré que pour eux, la collaboration était inacceptable". " J'ai appelé l'ensemble des ministres à faire preuve de réserve, de prudence, dans ce type de débat", a-t-il également expliqué, excluant par ailleurs tout débat sur " l'amnistie" des anciens collaborateurs, l'une des plus anciennes revendications des nationalistes flamands d'extrême droite . M. Francken a reconnu mardi avoir assisté à une cérémonie organisée pour le 90e anniversaire  de Bob Maes , qui avait milité pendant la 2e Guerre Mondiale au sein de la Ligue nationale flamande (Vlaamsch Nationaal Verbond, VNV), principal parti collaborationniste en Flandre. M. Maes avait été privé de ses droits politiques pendant 20 ans après le conflit, avant de devenir sénateur. Il avait aussi fondé et dirigé "l'Organisation des militants flamands" (VMO), une organisation dissoute en 1971 après le meurtre d'un membre d'un parti francophone. Theo Francken avait justifié sa présence à la fête d'anniversaire de M. Maes en déclarant que celui-ci est " un homme respecté, tant au sein qu'à l'extérieur du nationalisme flamand, pour son important apport et son combat démocratique pour l'émancipation de la Flandre".

La polémique a pris encore un peu plus d'ampleur ce mercredi avec la révélation par Sudpresse d'anciens e-mails douteux envoyés par Theo Francken. Ils datent de juillet 2007 et juin 2008. Theo Francken s’y présente comme " leader de la VNV", en référence à l'ancien parti collaborationniste flamand. Dans ces courriels, il appelle à se réunir début juillet 2008 " pour signer les grandes lignes de la gestion (et notamment de la fin) de notre pays". Le ministre a reconnu être l'auteur de ces e-mails mais il s'agissait, selon lui, d'un trait d'humour. " Il s’agit de mails entre collègues qui organisaient un drink (un pot entre collègues NDR)", minimise-t-il. " Notre groupe s’appelait Vlaamse Nationale Vriendenkring. L’utilisation de l’acronyme VNV pour nommer ce groupe était de très mauvais goût. Les mails étaient écrits sur un ton ironique."

Ce mercredi, le cDH (Centre Démocrate Humaniste) appelle à son tour à la démission de Theo Francken. " Je n'ai pas trop envie de réagir à ce genre de foutaises qui occupent les francophones", a commenté de son côté Bart De Wever, leader de la N-VA et maire d'Anvers, qui a choisi de ne pas sièger au gouvernement.

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