Un Tourquennois jugé à Paris pour avoir grièvement brûlé un couple dans un restaurant

Kamel Derbali, 39 ans, originaire de Tourcoing, est accusé d'avoir aspergé d'essence et incendié un couple à Paris sur fond de vengeance. Son procès s'est ouvert mardi sur le récit des souffrances de ses victimes.

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"Il ne me connaît pas et il vient me brûler. Mais qu'est-ce que je vous ai fait ?". Smaïl et Nacera Mokraoui, 56 et 48 ans, sont dans leur café-restaurant du 14e arrondissement de Paris quand un inconnu cagoulé fait irruption dans l'établissement le soir du 17 février 2012, un bidon à la main. Devant une dizaine de clients il l'asperge et la brûle en premier. Lui ensuite en tentant de venir à son secours. L'agresseur prend la fuite sans un mot. Transformés en torches humaines, la femme est brûlée sur 60% du corps, dont plus de 50% au "troisième degré profond". Une chance sur trois de survivre, disent les médecins. Lui a autant de brûlures profondes, moins de surface corporelle touchée (52%) : un peu moins d'une chance sur deux.

Devant les jurés de la cour d'assises, ils ont raconté les mois de souffrances. Elle se souvient que "ça sentait encore le brûlé" en se réveillant après les semaines de coma provoqué. Elle ne "compte plus" les opérations et les greffes. "Il n'y a plus d'avenir, plus de projets". Elle soulève ses cheveux pour dévoiler des oreilles atrophiées. "Ma beauté, pfff !". "J'ai voulu me suicider", explique son mari à propos de la première fois où il a revu son visage dans un miroir, cinq mois après le drame. "Ma vie a été détruite d'un coup à cause d'une connerie. Le matin, c'est mon fils qui m'habille". Et, retirant son bonnet, il tourne sa tête défigurée vers l'accusé. "Je ne vous ai jamais vu. Mais qu'est-ce que je vous ai fait ?".

Il aurait voulu venger sa petite soeur

Dans le box, Kamel Derbali, 39 ans, baisse la tête. Sa petite soeur était la petite amie du fils aîné du couple. Leur séparation s'est très mal passée et le jeune homme était lors des faits en prison pour avoir porté une vingtaine de coups de couteau à la jeune femme. Trois mois plus tard, Kamel Derbali aurait agi car le visionnage de photos de l'agression l'avait mis "hors de (lui)". Ce soir-là, dans un squat qu'il fréquente, il avait, comme souvent, beaucoup bu, "quatre ou cinq litres" de bière. L'accusé a une longue histoire d'addiction et de délinquance, 22 condamnations au casier judiciaire et sept années derrière les barreaux au total.

Un temps accro à l'héroïne, il vient d'un milieu pauvre de Tourcoing. Un "environnement familial délétère auprès de parents maltraitants", dit l'enquêtrice de personnalité. Un frère aîné mort d'overdose, un autre d'accident de voiture, le troisième resté handicapé après avoir reçu une balle dans la tête lors d'un cambriolage. Et un père qui bat ses gamins et les enferme dans la machine à laver. Les parents repartis en Tunisie à la retraite, Kamel se serait senti le "protecteur" de ses soeurs. "Je veux demander toutes mes excuses, mais ça suffira pas. Je suis choqué, c'est impardonnable", murmure-t-il. Mais alors que personne d'autre n'a été touché dans l'établissement, il assure n'avoir pas visé délibérément les parents Mokraoui, juste avoir voulu brûler le café de la famille. Kamel Derbali risque la perpétuité. Le procès est prévu jusqu'à vendredi.
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