Les autorités n'ont réussi à convaincre que 150 des migrants présents à Calais de déposer une demande d'asile en France, alors que la plupart pourraient l'obtenir, a relevé mercredi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Plus de 2.200 migrants se trouvent actuellement dans cette ville du Pas-de-Calais, d'où ils espèrent rallier le Royaume-Uni, vu comme un eldorado. Ils étaient quatre fois moins en début d'année.
Il y a parmi eux de nombreux Érythréens, Somaliens, Soudanais, Irakiens ou Syriens, qui ont fui leur pays en raison de "persécutions ou de la guerre", a précisé le ministre lors d'une audition à l'Assemblée nationale.
Pour les encourager à demander l'asile en France, le gouvernement a renforcé cet été la présence de l'Office français de l'intégration et de l'immigration (Ofii) et de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sur place, a-t-il ajouté.
"Mais nous n'avons réussi à convaincre que 150 personnes", a regretté Bernard Cazeneuve qui s'est rendu à Calais lundi. 500 personnes ont entamé des démarches mais seules 150 sont allées au bout, ont précisé ses services. Une fois devenus demandeurs d'asile, ces migrants ont pu être logés dans un centre d'accueil extérieur à Calais. Les autres préfèrent tenter de rejoindre les communautés déjà installées outre-manche, où le système d'asile leur parait plus avantageux et où ils maîtrisent mieux la langue.
Le ministre a décrit une situation locale "épouvantable" pour ces femmes et ces hommes, "exposés au froid, au faim, à l'exploitation par des filières."
Pour lui, la France ne peut pas "laisser des gens mourir de faim ou se faire exploiter", ce qui justifie une "réorientation de la politique de l'Etat à Calais". Le ministre a entériné lundi l'ouverture prochaine d'un centre d'accueil de jour pour les migrants de Calais, alors que le gouvernement s'opposait depuis des mois à toute structure de ce type par peur qu'elle ne créé un "point de convergence" comme à Sangatte entre 1999 et 2002.