Adelaïde, morte noyée à Berck : un an après, où en est l'affaire ?

Il y a un an, la découverte du corps d'une petite fille de 15 mois, morte noyée sur la plage suscitait une vague d'émotion très forte dans le Nord Pas-de-Calais et dans toute la France. Que s'est-il passé depuis ? Où en est l'instruction ? 

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Le 19 novembre 2013, Fabienne Kabou, née au Sénégal mais de nationalité française, habitante de Saint-Mandé (Val de Marne) se rend à Berck, dans le but de mettre fin aux jours de son enfant. Elle a choisi cette ville au hasard, parce que le nom lui semble triste et a retenu son attention. Le lendemain, un pêcheur retrouve le corps d'Adélaïde, 15 mois. Vidéosurveillance, appel à témoins... il faudra dix jours aux enquêteurs pour remonter la piste de sa mère. Fabienne Kabou, 36 ans, étudiante en philosophie à l'université Paris 8 est arrêtée le 29 novembre. Elle passe aux aveux et est mise en examen pour assassinat puis incarcérée.

Sur les réseaux sociaux, l'émotion autour d'Adelaïde est toujours là

Un an après, l'histoire d'Adélaïde continue à susciter beaucoup d'émotion. Le groupe Facebook "Hommage pour la petite fille de Berck", qui avait été créé au moment des faits est toujours actif. Une association "Adelaïde" a aussi été montée dans le but, selon leur page Facebook, de "maintenir le devoir de mémoire de la petite Adélaïde et promouvoir la protection de la petite enfance". 

Une plaque sur la plage de Berck, une tombe toujours fleurie

Sur la plage de Berck, une plaque commémorative a été installée : "En souvenir d'Adélaïde, décédée à Berck-sur-mer le 20 novembre 2013". A Boulogne-sur-mer, la tombe d'Adélaïde est toujours régulièrement visitée et fleurie. 

Fabienne Kabou en détention à Sequedin

Fabienne Kabou est incarcérée à la maison d'arrêt de Sequedin. Son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion, lui rend visite régulièrement. Elle décrit une femme qui continue à réfléchir à son geste, à essayer de lui donner un sens, une explication : « Elle cherche... Elle cherche à comprendre elle aussi.. Elle est dans l'état d'esprit de quelqu'un qui avec du recul à tous les niveaux essaie d'analyser son geste. »
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©INA

L'instruction toujours en cours, Fabienne Kabou a livré sa version des faits

Fabienne Kabou a été entendue plusieurs fois depuis un an par la juge d'instruction. Si elle n'a pas expliqué vraiment son geste, elle a quand même raconté en détail ce qui s'est passé le 29 novembre 2013. Le 18 septembre dernier, Le Parisien a publié de larges extraits de ces auditions.
Elle a notamment fait un récit précis des derniers instants d'Adélaïde : " A un moment, je m'arrête. Elle a un petit sursaut comme si elle venait de se réveiller. Elle devait chercher mon sein. Je lui donne le sein. Je reste debout, je la serre contre moi et puis là, je ne sais pas, je dis non, non, non, j'arrête pas de dire non, je ne sais pas pourquoi. Je pleure, et comme si je disais à quelqu'un, je ne peux pas faire une chose comme ça mais je le fais. (...) C'est comme si il y avait un projecteur braqué sur moi qui me guidait parce qu'il y avait de l'obscurité. (...) Après, je vois l'écume et j'ai dû poser Ada à 5 m, à 2 m, en tout cas, elle a dû être noyée tout de suite. Je ne sais pas à quelle vitesse est montée la mer mais c'était tout près. Je l'ai posée, je lui ai parlé, je lui ai demandé pardon. Elle était bien je pense. Elle ne s'est pas sentie en danger, j'étais contre elle. J'étais à genou. Je lui ai fait un câlin longtemps et puis elle n'était pas vraiment endormie mais apaisée […]. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à lui demander pardon, à lui parler et puis j'ai tourné les talons et j'ai couru."

L'instruction se poursuit. La juge est notamment dans l'attente d'une 2ème expertise psychiatrique. Fabienne Kabou a fait l’objet d’une 1ère expertise psychiatrique qui a conclu à l'absence de pathologie mentale et psychique. Pourtant les experts estiment que son jugement était "altéré" au moment des faits. Ils affirment que Fabienne Kabou était sous « influence culturelle ». Elle a affirmé au cours des entretiens qu'elle avait été "contrainte d’aller au bout de son acte. " Son mari parle même d'une légende africaine "Mami Wata" "qui dit que le royaume se trouve au fond de l’eau". Sorcellerie ? Maraboutage ? Paranoïa ? Au cours du procès, ces "explications" risquent d'être mal vues : « Les jurés vont peut-être croire qu’elle est trop intelligente et qu’elle cherche à les manipuler, affirme l’avocate de Fabienne Kabou. C’est une crainte que je nourris effectivement. »

Michel, le père d'Adélaïde sort du silence

Ce lundi, Michel, le père de la petite fille (mais il ne l'avait pas reconnu légalement) a donné pour la première fois une interview. Il se dit "anéanti" et ne comprend pas le geste sa compagne : "Je ne peux toujours pas concevoir qu'elle ait pu faire ça. Je ne peux pas lui pardonner. Mais je pense, dans un sens, qu'elle n'est pas responsable. (...) Un an après, j'essaie de me distraire, je n'y arrive pas. Je passe d'une maison à l'autre. Je ne sais pas où j'habite. Ada est toujours là, j'y pense tous les jours, tout le temps."

Le procès de Fabienne Kabou devrait avoir lieu fin 2015.

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