Fillette morte noyée à Berck : ce que la mère d'Adélaïde a dit au juge d'instruction

Fabienne Kabou, la mère d'Adélaïde, fillette noyée à Berck le 20 novembre 2013, a expliqué au juge d'instruction les raisons qui l'ont poussée à tuer sa fille. 

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Fabienne Kabou a-t-elle conscience de la gravité de son geste ? Pourquoi a-t-elle décidé d'abandonner sa fille Adélaïde à la marée montante sur la plage de Berck ? Qu'est-ce-ce qui dans sa vie, son parcours, peut expliquer son "choix" ? Le journal "Aujourd'hui en France" a eu accès aux PV d'audition de cette femme de 36 ans et en publie des extraits. 


Sur la plage de Berck

C'est le 23 décembre 2013, dans la bureau de la juge d'instruction que Fabienne Kabou a fait un récit long, précis, du moment où elle a noyé sa fille sur la plage de Berck. Il faisait nuit, la marée montait, la lune éclaire ses pas. Elle raconte notamment les derniers instants de sa fille Adélaïde. Elle se revoit avec elle sur la plage avec sa fille emmaillotée dans une doudoune. Il fait encore nuit sur la plage de Berck  : 

« A un moment, je m'arrête. Elle a un petit sursaut comme si elle venait de se réveiller. Elle devait chercher mon sein. Je lui donne le sein. Je reste debout, je la serre contre moi et puis là, je ne sais pas, je dis non, non, non, j'arrête pas de dire non, je ne sais pas pourquoi. Je pleure, et comme si je disais à quelqu'un, je ne peux pas faire une chose comme ça mais je le fais. » 

« C'est comme si il y avait un projecteur braqué sur moi qui me guidait parce qu'il y avait de l'obscurité. (...) Après, je vois l'écume et j'ai dû poser Ada à 5 m, à 2 m, en tout cas, elle a dû être noyée tout de suite. Je ne sais pas à quelle vitesse est montée la mer mais c'était tout près. Je l'ai posée, je lui ai parlé, je lui ai demandé pardon. Elle était bien je pense. Elle ne s'est pas sentie en danger, j'étais contre elle. J'étais à genou. Je lui ai fait un câlin longtemps et puis elle n'était pas vraiment endormie mais apaisée […]. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à lui demander pardon, à lui parler et puis j'ai tourné les talons et j'ai couru. »

Fabienne Kabou dit ne plus savoir ce qu'elle a fait ensuite. Elle a fui pendant que sa fille était en train de se noyer. 

Son arrestation

Entre le 20 et le 29 novembre, Fabienne Kabou s'est à peine cachée mais n'a pas choisi de se livrer aux policiers. Un appel à témoins a été lancé. de nombreux policiers sont à sa recherche. Ils la trouvent finalement dans la maison de Saint-Mandé qu'elle partage avec son compagnon : « Vous en avez mis du temps pour me trouver », dit-elle aux policiers qui, très vite, savent qu'ils ont affaire à la bonne personne. Elle n'a rien caché : les billets de train pour Berck, les bottes souillées de sable... Elle reconnaît les faits.

Son parcours

Bien sûr l'instruction cherche à comprendre qui est vraiment Fabienne Kabou. Elle est née à Dakar le 14 juin 1977 d'un père traducteur pour les Nations unies et d'une mère secrétaire de direction,. Sa famille est aisée.  Elle a fait des études de philosophie. Son QI a été mesuré à 130. Elle s'exprime dans un français impeccable.Son avocate décrit une femme intelligente :  « Le geste de cette mère infanticide est terrifiant, elle a touché à quelque chose de sacré. Mais il ne faudrait surtout pas s'arrêter à cette lecture du dossier,affirme Me Fabienne Roy-Nansion. Ce n'est pas un monstre. C'est une femme dont le parcours, l'intelligence et les capacités de raisonnement sont stupéfiants. »

Fabienne Kabou vivait avec Michel, un homme âgé de 63 ans. Le couple qu'ils forment bat de l'aile au moment de la naissance d'Adélaïde, le 9 août 2012. Une naissance non "programmée". Et qui va bouleverser la vie de Fabienne Kabou. Adélaïde est cachée à la famille de Michel et Fabienne. Le couple se replie sur lui-même. Michel s''occupe peu de sa fille. « Fabienne Kabou est une femme qui a beaucoup de caractère et il a toujours eu pour souci de respecter ses choix, affirme Me Saint-Palais, l'avocat du père. Quand sa compagne lui raconte en novembre qu’elle a confié leur fille à sa mère en Afrique, il la croit. »

Sa personnalité

Fabienne Kabou a fait l’objet d’une expertise psychiatrique qui a conclu à l'absence de pathologie mentale et psychique. Pourtant les experts estiment que son jugement était "altéré" au moment des faits. Ils affirment que Fabienne Kabou était sous « influence culturelle ». Elle a affirmé au cours des entretiens qu'elle avait été "contrainte d’aller au bout de son acte. " Son mari parle même d'une légende africaine "Mami Wata" "qui dit que le royaume se trouve au fond de l’eau". Sorcellerie ? Maraboutage ? Paranoïa ? Au cours du procès, ces "explications" risquent d'être mal vues : « Les jurés vont peut-être croire qu’elle est trop intelligente et qu’elle cherche à les manipuler, affirme l’avocate de Fabienne Kabou. C’est une crainte que je nourris effectivement. »

Une deuxième expertise psychiatrique a été commandée et ses résultats devraient être livrés bientôt. Le procès de Fabienne Kabou devrait avoir lieu en 2015.

Adélaïde

Fabienne Kabou, au cours de ses auditions a confirmé qu'elle avait accouché à son domicile et n'avait donc pas déclaré l'enfant. Personne dans la famille de la mère et du père n'avait connaissance de l'existence de cet enfant. 
La fillette de 15 mois est désormais enterrée à Boulogne-sur-mer. 

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