Profanation de tombes musulmanes de 14-18 à Notre-Dame-de-Lorette : procès jeudi

Six ans après les faits, deux jeunes gens, dont l'un, récidiviste, appartenait à la mouvance skinhead, doivent être jugés ce jeudi à Arras pour la profanation de 148 tombes du carré musulman du cimetière national de Notre-Dame-de-Lorette qu'ils nient catégoriquement.

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Dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, des sigles nazis, des croix gammées et des inscriptions injurieuses visant l'Islam et la garde des Sceaux de l'époque Rachida Dati avaient été tagués à la peinture noire sur 148 tombes musulmanes du plus grand cimetière militaire français. Une demi-tête de porc, accompagnée du mot "halal", avait été retrouvée attachée avec une ficelle à l'une des tombes du cimetière où reposent 40.000 soldats de la Première guerre mondiale, à Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais), près d'Arras.

Cette profanation, un an après des faits similaires, avait suscité une vive émotion et l'indignation de la classe politique et des autorités religieuses. Le président de la République Nicolas Sarkozy s'était rendu sur place. L'enquête des gendarmes avait mené à l'interpellation de deux suspects, mis en examen et écroués en septembre 2008. L'un deux, désormais âgé de 29 ans, avait été condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis pour la profanation de 52 tombes musulmanes, en avril 2007, dans ce même carré musulman de Notre-Dame-de-Lorette. Le jeune homme, qui vivait à Eleu-dit-Leauwette, à une dizaine de kilomètres du cimetière, "revendiquait son appartenance à des groupes de la mouvance skinhead", admet son avocat, Me David Lefranc, interrogé par l'AFP.

"Rien dans le dossier", pour la défense

"Depuis le début, il a dit qu'il était innocent, qu'il avait été vacciné par la première affaire", souligne-t-il. "D'ailleurs, dans la première affaire, il a tout de suite reconnu sa responsabilité". "Il avait déjà été condamné pour ça, et comme il habite dans le coin, on a tout de suite pensé à lui, et comme il sortait avec des copains ce soir-là, on s'est dit  "ça ne peut être que lui"", regrette-t-il. "Il n'y a vraiment rien dans le dossier", assure Me Lefranc: "il n'y a pas de preuves irréfutables, scientifiques : ce ne sont que des soupçons".

Son client, qui a travaillé dans le bâtiment de 2007 à 2011, "a beaucoup changé". "Son aspect physique a changé, il n'a plus le crâne rasé, il a une vie affective stable, il a fait le ménage dans ses relations", affirme l'avocat. L'autre prévenu, âgé de 26 ans, déjà condamné pour des faits de violence, était engagé volontaire dans l'armée de l'air au moment des faits. "Il n'y a aucun élément à charge contre lui", affirme son avocat, Me Jean-Louis Lefranc, qui attend "un abandon des poursuites". Les deux suspects avaient passé trois semaines en détention provisoire avant d'être remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire. Plusieurs associations, dont le MRAP, la Licra et SOS Racisme se sont constituées parties civiles.
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