Compression des dépenses de fonctionnement, vigilance sur les investissements, légère hausse de la dette: les collectivités locales cherchent des astuces pour lutter contre la cure d'austérité imposée par l'Etat. Mais les contribuables vont aussi passer à la caisse.
L'an prochain, sur une enveloppe approchant les 100 milliards d'euros, l'Etat versera 3,67 milliards de moins aux collectivités, dont deux milliards de moins au "bloc local" (communes et intercommunalités). Idem en 2016 et 2017. Cette année, l'amputation n'est "que" de 1,5 milliards.
"C’est une erreur absolue de cogner ainsi sur les collectivités locales", avait récemment déclarer Martine Aubry, maire (PS) de Lille. Depuis des mois, les élus s'inquiètent du contre-choc économique que cela risque d'entraîner, par le biais d'une chute des investissements publics, financés à 70% par les collectivités. Ainsi, Gérard Collomb (PS), le maire de Lyon et président de l'association des communautés urbaines (ACUF), évalue cette baisse à environ 25% d'ici 2020 pour les plus grandes agglomérations.
La taxe foncière en hausse de 10,5 %
Martine Aubry a toutefois décidé de maintenir un haut niveau d'investissement (75 millions d'euros) avant de décliner (61 millions d'euros en moyenne d'ici la fin du mandat en 2020).Pour financer les investissements alors que la manne de l'Etat fond, beaucoup d'élus ne voient pas comment échapper à une hausse de la fiscalité, surtout là où les taux n'ont pas bougé depuis plusieurs années: Lille revalorisera de 10,5% la taxe foncière, "la plus faible des villes de 100.000 habitants" et qui restera dans la moyenne basse des grandes villes, rappelle la maire de Lille.
Sollicitation amplifiée de fonds européens
Les villes cherchent aussi d'autres ressources. "Nous activerons encore plus la recherche de recettes dynamiques et nous amplifierons notamment la sollicitation de fonds européens", a affirmé l'adjointe aux finances à Lille, Dominique Picault. La Ville table sur un autofinancement (excédent des dépenses courantes sur les recettes de même nature) de 39 millions d'euros (pour un budget de 329 millions d'euros), supérieur à 2014.Partout, l'heure est aux économies de fonctionnement, mais elles mettront du temps à produire leurs effets, souligne Alain Juppé, le maire de Bordeaux, les communes ne pouvant licencier leurs fonctionnaires. A Lille, la progression des dépenses courantes sera "contenue" à hauteur de 2%.