Angleterre : le prince Andrew accusé d'abus sexuel sur mineure, la monarchie dans la tourmente

Le palais de Buckingham a opposé de dimanche un second démenti catégorique aux accusations d'abus sexuel sur mineure à l'encontre du prince Andrew, dans l'espoir de désamorcer un scandale extrêmement embarrassant pour la monarchie.

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"Les allégations sont fausses et sans fondement." Dans un nouveau communiqué en réponse aux salves de la presse dominicale, Buckingham "nie catégoriquement que le duc d'York ait eu une quelconque forme de contact ou relation sexuelle" avec la femme ayant cité le prince Andrew - le second fils de la reine Elizabeth II - dans le cadre d'une plainte déposée aux Etats-Unis. Buckingham avait déjà fait savoir vendredi que "toute allégation selon laquelle des actes inconvenants ont été commis avec une mineure" était "catégoriquement fausse". Donner deux démentis coup sur coup est une chose rarissime de la part du Palais qui oppose généralement un silence religieux dans de telles circonstances. "C'est assez remarquable", note le correspondant royal de la BBC, Peter Hunt, en soulignant que la situation "pouvait potentiellement nuire sérieusement au prince Andrew et à l'institution qu'il représente".

Même si la presse prend soin de préciser qu'il n'y a aucune preuve qu'Andrew ait agi illégalement, l'affaire tombe effectivement au plus mal pour la monarchie qui jouit d'une popularité inédite depuis des décennies. Soutenue par une formidable machine à communiquer, l'image projetée par la famille Windsor s'est encore améliorée avec l'arrivée au premier plan de l'irréprochable Kate Middleton, devenue l'épouse du prince William, suivi d'un bébé royal qui ravit les Britanniques. Mais surtout, le jubilé de diamant en 2013 de la reine Elizabeth II a été un triomphe. Même le prince Harry semble s'être assagi après avoir défrayé la chronique dans sa jeunesse.

Une plainte aux Etats-Unis

Âgé de 54 ans, le prince Andrew, cinquième dans l'ordre de succession pour le trône britannique derrière les princes Charles, William, George et Harry, a été cité dans une plainte déposée en Floride aux Etats-Unis par une femme affirmant avoir été retenue, alors qu'elle était mineure, comme "esclave sexuelle" par un riche homme d'affaires de Wall Street. Dans la plainte "Jane Doe #3" (un pseudonyme), la plaignante affirme avoir été "forcée d'avoir des relations sexuelles" avec le duc d'York à Londres, New York et dans les Caraïbes durant une orgie avec d'autres jeunes filles mineures, sur ordre de Jeffrey Epstein, condamné en 2008 pour avoir eu recours aux services de prostituées mineures.

"Jane Doe #3" a rapporté ces faits dans un témoignage qui doit être versé à un dossier civil dans lequel les procureurs fédéraux sont accusés d'avoir passé un accord avec M. Epstein sans avoir consulté les victimes au préalable. Jeffrey Epstein a été condamné à 18 mois de prison après avoir plaidé coupable pour la seule charge d'avoir sollicité les services de prostituées. "M. Epstein a ordonné à Jane Doe #3 de donner au prince ce qu'il demandait et de lui raconter les détails de ces abus sexuels", souligne la plainte récemment déposée. Aucune date n'a été précisée pour ces relations sexuelles prétendues, mais JaneDoe #3 affirme avoir été l'esclave sexuelle de Jeffrey Epstein entre 1999 et 2002.

L'enfant terrible de la famille royale

Le retour du prince Andrew à la une de tous les journaux du royaume renvoie des années en arrière, même si le second fils de la reine doit bénéficier de la présomption d'innocence, comme le relèvent prudemment les médias. Les mêmes médias reprennent généralement avec précautions les accusations de la plaignante. "Aucune personne raisonnable ne prendra pour argent comptant les confessions d'une jeune femme perturbée, empêtrée dans un scandale sexuel complexe et explosif aux Etats-Unis. Mais le fait qu'une personne si proche du coeur de la vie publique puisse être mêlée à cette affaire constitue un camouflet, à la fois pour sa propre réputation et, plus important encore, pour l'institution de la monarchie", estime le biographe royal, Christopher Wilson, dans le Daily Telegraph.

Le duc d'York, qui passe pour être le fils préféré d'Elizabeth II, avait déjà été au coeur du tumulte dans les années 80 et 90 lorsque les jeunes héritiers Windsor avaient considérablement terni le blason de la reine. La séparation d'Andrew avec sa turbulente épouse Sarah Ferguson, avaient contribué à "l'Annus horribilis" de la reine, en 1992. Une année également marquée par le divorce et le remariage de la princesse Anne, les relations exécrables entre le Prince Charles et Lady Diana ainsi qu'un spectaculaire incendie au château de Windsor. Depuis, le prince Andrew, déjà épinglé dans sa jeunesse pour ses amours avec une actrice de films érotiques, Koo Stark, a continué à faire parler de lui. Pour ses fréquentations douteuses et ses voyages dispendieux qui lui ont valu le sobriquet de "Airmiles Andy". Son "comportement déplacé" lors des voyages officiels et sa "grossièreté" ont également souvent été critiqués dans la presse. Le site WikiLeaks avait ainsi révélé les propos à l'emporte-pièce qu'il avait tenus au Kirghizistan où il avait notamment répondu à un convive évoquant des problèmes de corruption: "Mais c'est la France tout craché !". En 2007, il avait été au centre d'une polémique sur les conditions de la vente d'une de ses propriétés à un milliardaire kazakh, cédée à prix d'or. Des rencontres avec le gendre de Ben Ali ou l'un des fils de Kadhafi ont également causé des maux de tête aux conseillers de Buckingham, de nouveau mis à rude contribution aujourd'hui, par la grâce du prince.
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