Ne pas céder d'un iota, continuer à dessiner Mahomet, telle est la réponse que souhaite apporter Jean-Michel Renault, caricaturiste et ami de Cabu et Tignous, très ému, après la mort de ses amis, mercredi matin, lors de l'attentat qui a visé Charlie Hebdo.
"Il n'est pas question que je cède d'un iota, et je dessinerai Mahomet et là, je vais dessiner Mahomet. Encore. Parce que je l'ai fait 100 fois. Ca veut dire quoi? Que je suis le suivant sur la liste ? Eh ben, on verra, je les attends", déclare Jean-Michel Renault, la gorge nouée par l'émotion, à un correspondant de l'Agence France Presse. "Il n'est pas question que je cède, la grande question, c'est comment réagir à la connerie, nous on est des amuseurs, on traduit l'actualité à travers l'humour, on est là pour dédramatiser aussi les situations, on est là pour amener un peu de gaieté, avec un regard et une pertinence différente", a également déclaré ce dessinateur, qui officie notamment à Nord-Littoral. "C'est des copains, c'est des frères, on est une petite famille, on n'est pas nombreux, on se connaît tous", a souligné le dessinateur.
"Moi, j'ai commencé dans Pilote avec Cabu dans les années 1970. Cabu, j'étais avec lui encore en septembre au festival de Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes- Maritimes). Tignous, je l'ai vu au moins trois fois cette année dans des festivals. C'est la famille qui est touchée", a-t-il ajouté.
"La plus grand danger pour eux, c'est l'humour et la dérision"
"J'ai adoré travaillé eux", a réagi de son côté Didier Tronchet, un autre dessinateur nordiste. "Avant tout, ce sont des humoristes qui avaient une puissance d'évocation de feu, de rapidité, de synthèse que je leur envie parce que moi aussi je suis dessinateur mais pas capable, comme ils l'étaient, de rapidement résumer une situation, sans concession. C'est toute la définition de l'humour que j'aime, pas un humour gentil, pas un humour qui caresse, mais un humour mordant qui va à l'essentiel. Ils en étaient capables, et pour cette raison là, ils ont été abattus. C'est pour moi terrible, car je croyais que l'humour mettait à l'abri de tout".
