Les forces d'élite ont traqué les deux suspects de l'attentat contre Charlie Hebdo en Picardie, jeudi 8 janvier. Sans succès pour l'instant.
Malgré deux jours de traque, les frères Kouachi, jihadistes français soupçonnés d'avoir perpétré la tuerie à Charlie Hebdo, sont toujours en fuite vendredi ce vendredi. Depuis jeudi, les recherches des forces d'élite se concentrent dans une vaste zone rurale et boisée à quelque 80 km au nord-est de Paris, à cheval entre l'Aisne et l'Oise.
L'imposant dispositif des policiers du Raid et des gendarmes du GIGN, qui ont passé au peigne fin plusieurs recoins, a été allégé durant la nuit. Mais les hélicoptères ont tournoyé encore plusieurs heures dans l'obscurité, et les membres des forces de l'ordre, armés et cagoulés, ont continué de contrôler de nombreux axes de la région Picardie.
C'est dans cette zone que les deux fugitifs, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, ont été formellement reconnus jeudi matin par le gérant d'une station-essence qu'ils ont agressé près de Villers-Cotterêts. Visage découvert, ils étaient armés de Kalachnikov et disposaient d'un lance-roquette dans leur voiture, selon la vidéosurveillance.
Reprise de la traque vers 8h
Vers 8h, la traque policière reprenait vendredi matin entre villages et forêts dans une zone de plusieurs kilomètres de diamètre qui s'étire de Villers-Cotterêts à Soissons, en Picardie. Plusieurs camionnettes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire sont arrivées dans la zone où la chasse à l'homme se concentre depuis la veille."Les recherches vont reprendre, notamment dans les zones boisées", a expliqué à l'AFP une source policière. Sur les routes du secteur de Longpont, où la dernière opération d'envergure s'était achevée jeudi vers 22H00, militaires et gendarmes continuent de filtrer les accès, fusil en bandoulière, arrêtant tous les automobilistes qui quittent le village pour se faire ouvrir les coffres de voitures.
Sur la RN2 avoisinante, reliant cette zone à Paris, des camions de gendarmes sont postés, et des gendarmes effectuent des rondes avec des lampes torches. Un barrage de police, tenu par des troupes d'élite cagoulées et lourdement armées, filtrait les accès à la forêt domaniale de Retz, où s'étaient concentrées les opérations la veille.
Les frères Kouachi
Les frères Kouachi, nés à Paris de parents algériens, sont des jihadistes dont le nom est inscrit "depuis des années" sur la liste noire américaine du terrorisme, selon une source américaine.Chérif est bien connu des services antiterroristes français: surnommé Abou Issen, il a fait partie de la "filière des Buttes-Chaumont" qui visait à envoyer des jihadistes en Irak, où lui-même entendait se rendre en 2005 avant d'être interpellé. Il a été condamné pour ces faits en 2008 à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. L'enquête a brossé à cette époque le portrait d'un jeune animé, selon des témoignages, de la "rage contre les mécréants" et qui évoquait déjà sa volonté d'agir en France.
Son aîné, Saïd, "formellement reconnu" par les autorités comme un "agresseur" de l'attentat de mercredi matin à Charlie Hebdo, semblait plus discret. Mais selon un responsable américain, il s'est rendu au Yémen en 2011 pour s'entraîner au maniement des armes -- une formation dispensée par un membre d'Al-Qaïda au Yémen.