Un événement peu commun va se dérouler jeudi en la cathédrale de Leicester. Un roi d'Angleterre, Richard III, va être réenterré 530 ans après sa mort sur un champ de bataille. Son squelette avait été retrouvé en août 2012 sous le parking d'un centre social. Les funérailles débutent ce dimanche.
C'est un événement auquel la ville de Leicester, dans le centre de l'Angleterre, se prépare depuis près de trois ans. Un événement qui sera retransmis en direct sur la chaîne britannique Channel 4. Dimanche, un cortège conduira à travers la ville, en direction de la Cathédrale Saint-Martin, un cercueil contenant des ossements vieux de 530 ans : ceux de Richard III, dernier roi d'Angleterre de la dynastie des Plantagenêt, monté sur le trône en 1483 et tué deux ans plus tard lors de la bataille de Bosworth, par les troupes de son rival Henry Tudor, qui prit la couronne sous le nom d'Henry VII. Le monarque déchu avait 32 ans.
Une découverte archéologique exceptionnelle
Son "réenterrement" fait suite à l'une des découvertes archéologiques les plus incroyables de ce début de XXIe siècle : en août 2012, le squelette de ce roi de la fin du Moyen-Âge, contemporain de Louis XI et de Charles le Téméraire, a été retrouvé sous le parking d'un centre social de la ville de Leicester, tout près de la cathédrale. C'est Philippa Langley, une scénariste et documentariste anglaise, qui a eu l'initiative des fouilles. Elle est membre de la Richard III Society, une association fondée en 1924 pour réhabiliter l'image de ce roi extrêmement controversé outre-Manche qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'état en 1483, en écartant brutalement du trône ses jeunes neveux, Edouard V et Richard de Shrewsbury, âgés alors de 12 et 10 ans. On le soupçonne de les avoir fait exécuter à la Tour de Londres. Dans une célèbre pièce de théâtre écrite un siècle plus tard, William Shakespeare dépeint ainsi Richard III comme un tyran bossu, cynique et sans scrupule.Grâce aux recherches de l'historien John Ashdown-Hill et du soutien des équipes scientifiques de l'Université de Leicester, Philippa Langley avait pu localiser sous ce fameux parking de Leicester l'emplacement d'un ancien monastère franciscain (Church of the Grey Friars), détruit au XVIe siècle. C'est là que Richard III avait été enterré à la va-vite après sa mort sur le champ de bataille de Bosworth en août 1485. Dès les premiers coups de pioche, les chercheurs mirent rapidement au jour un squelette présentant une impressionnante scoliose et des blessures de guerre. Pour Philippa Langley, pas de doute, il s'agissait bien de Richard III. Ce que des analyses scientifiques - notamment des tests ADN pratiqués sur des descendants d'une de ses soeurs, Anne d'York - ont confirmé à 99.9% .
Des funérailles en grandes pompes... mais non officielles
Avant même d'entamer les fouilles dans ce parking, Philippa Langley et la Richard III Society - qui a financé en grande partie l'opération - s'étaient engagés à offrir une véritable sépulture à Richard III s'ils retrouvaient ses ossements. Ce sera chose faîte jeudi prochain en la cathédrale de Leicester. Mais le coup d'envoi de ces étranges funérailles sera donné dès dimanche matin, 10h50 (heure locale), avec une longue procession à travers la ville et ses alentours.Richard III Reburial Celebration Starts Sunday http://t.co/EdgPemucMo
— Archaeology (@ArchaeologyRR) 21 Mars 2015
Le cercueil de Richard III - conçu par Michael Ibsen, l'un des descendants qui a permis son identification - reviendra ainsi sur les lieux de la bataille de Bosworth, là où il trouva la mort le 22 août 1485 d'un coup de hallebarde fatal derrière le crâne. Un office sera célébré en présence de 1 000 personnes au Bosworth Battlefield Heritage Centre. 1 000 autres suivront la cérémonie à l'extérieur sur écran géant. En milieu d'après-midi, le cortège traversera le village de Desford où près de 6 000 roses blanches - symboles des York, la famille de Richard III - seront disposées le long de son passage. Le cercueil arrivera enfin vers 17h45 à la cathédrale de Leicester, où le cardinal Vincent Nichols, archevêque catholique de Westminster, prêchera un sermon.
Le public pourra admirer le cercueil et se recueillir en la cathédrale de lundi à mercredi. La cérémonie officielle de "réenterrement" aura lieu jeudi en présence de quelques membres de la famille royale britannique : la comtesse Sophie de Wessex, épouse du prince Edouard (fils de la reine Elizabeth II), ainsi que le duc et la duchesse de Gloucester (titre de noblesse porté par Richard III avant son accession au trône). Pour autant, il ne s'agira pas d'un hommage d'état. Il faut dire que l'actuelle reine d'Angleterre ne descend pas de Richard III mais de son rival, Henry VII - un vague descendant du roi Edouard III (1312-1377) - qui prit sa place sur le trône après la bataille de Bosworth et fonda une nouvelle dynastie : les Tudor.