Le Front National est arrivé en tête du 1er tour dans les 5 départements de la future grande région Nord Pas-de-Calais / Picardie. De quoi nourrir les ambitions de Marine Le Pen pour les prochaines élections régionales, prévues en décembre.
Dimanche, le Front National est arrivé en tête dans les cinq départements qui composent la future grande région Nord Pas-de-Calais / Picardie : 31.84% des votes au 1er tour des départementales dans le Nord, 35.63% dans le Pas-de-Calais, 38,67% dans l'Aisne, 35.11% dans l'Oise et 34.23% dans la Somme.
Sur l'ensemble du Nord Pas-de-Calais et de la Picardie, le FN cumule 34.19% des suffrages devant l'UMP/UDI/DVD (29.49%), le PS/DVG (27.72%), le FDG/PCF (6.02%) et EELV (1.75%).
Le FN en position de conquérir le conseil régional
Au regard des votes de dimanche, la bataille pour le conseil régional s'annonce donc extrêmement serrée dans 9 mois. Avec un même score les 6 et 13 décembre prochains, le Front National peut même obtenir - de peu - la majorité au sein de la future assemblée du Nord Pas-de-Calais et de la Picardie. Car contrairement aux départementales, l'élection régionale se joue au scrutin de liste proportionnel à deux tours. Chaque liste qui obtient plus de 10% des voix exprimées au premier tour est qualifiée pour le second. Et lors de ce second tour, la liste qui arrive en tête bénéficie d'un "bonus majoritaire" qui lui attribue d'office 1/4 des sièges. Les sièges restant sont ensuite répartis en fonction des suffrages exprimés.Si au soir du second tour des régionales, le Front National arrive en tête avec le même score de 34,19% des voix, il remporterait alors 87 des 170 sièges du futur Conseil régional Nord Pas-de-Calais / Picardie. Donc la majorité absolue. Cette perspective a de quoi aiguiser l'appétit de Marine Le Pen, la présidente frontiste, qui n'a toujours pas dévoilé ses intentions pour les régionales. Les bons résultats des départementales vont-ils l'inciter à se présenter comme tête de liste en Nord Pas-de-Calais / Picardie ? Ses proches maintiennent le suspense. "Elle prendra sa décision dans les semaines qui viennent", nous a déclaré son vice-président Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont. "Les régionales, ce sera un autre contexte. A un an et demi de la présidentielle, ce seront des élections très politisées et nous serons aidés par le PS qui présente un candidat inconnu. Hier, nous avons réalisé un bon score avec des candidats peu connus. Marine Le Pen, elle, est très connue dans la région. Si elle se présente aux régionales, on peut gagner facilement 5 à 10 points de plus".
La gauche condamnée à s'unir
Après les résultats de dimanche, Pierre de Saintignon, tête de liste du PS aux prochaines régionales, est bien conscient du danger pour la majorité sortante. "Les résultats ne sont pas bons dans la grande région", reconnaît l'actuel vice-président du Conseil régional du Nord Pas-de-Calais, fidèle lieutenant de Martine Aubry. "Ça renforce encore ce que je n'ai cessé de dire : il faut créer les conditions de l'unité de toutes les forces de gauche. Qu'elle soit bien vécue et que chacun s'y sente à l'aise. Désunis, nous perdrons, ensemble nous vaincrons". Un message clairement adressé aux écologistes et aux communistes.Si à l'issue du 1er tour des départementales, le PS arrive 3e en Nord Pas-de-Calais / Picardie derrière le FN et l'alliance UMP/UDI, le cumul des voix PS-EELV-PCF/FdG place en revanche la gauche en première position, avec 35.49% des suffrages. Mais parvenir à cette alliance ne sera pas simple. "Nous sommes différents et nous avons des désaccords sur tout un tas de sujets", reconnaît Pierre de Saintignon. "Mais nous sommes d'accord sur l'essentiel : nous savons quelle république nous voulons et surtout quelle république nous ne voulons pas". La tête de liste socialiste en appelle aussi au gouvernement de Manuel Valls. "L'unité sera d'autant plus réalisable si le gouvernement réagit", explique-t-il. "Je ne serai pas satisfait s'il annonce un maintien du cap. Ce ne serait pas raisonnable au regard des résultats constatés lors de ce premier tour des départementales. Il faut à tout prix donner des signes forts, favorables à la croissance et l'emploi".
L'UMP et l'UDI dans l'embarras
Dimanche, l'UMP et l'UDI se sont placés en 2e position en Nord Pas-de-Calais / Picardie mais l'alliance de la droite et du centre ne dispose pas de grandes réserves en cas de triangulaire face au FN et à la gauche au second tour des régionales. Sa tête de liste, Xavier Bertrand, devra aller chasser l'électeur ces prochains mois, s'il espère virer en tête des votes en décembre prochain et conquérir la présidence de la nouvelle région. "Notre position officielle, c'est qu'il faudra tout faire pour battre le Front National", affirme Marc-Philippe Daubresse, président de l'UMP du Nord ."Avec Xavier Bertrand, nous pensons qu'une bonne campagne peut nous permettre d'y parvenir".Une position officielle qui masque un certain embarras au sein de l'UMP, où deux thèses s'opposent. Certains seraient ainsi favorables à un "accord de gestion" dans l'entre-deux-tours entre l'UMP/UDI et le Parti Socialiste pour faire barrage au Front National. C'est ce que défend notamment Jean-René Lecerf, le probable futur-président du Conseil départemental du Nord. Une position que peu de cadres soutiennent officiellement à ce jour et ce, pour 3 raisons. Premièrement, cela entrerait en contradiction avec la position "ni PS, ni FN" prônée par Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP. Deuxièmement, beaucoup d'électeurs de droite seraient opposés à cette stratégie. Troisièmement, annoncer maintenant un accord droite/gauche serait suicidaire, aux yeux de certains, électoralement parlant. Xavier Bertrand, lui, ne veut pas en entendre parler : il souhaite aller jusqu'au bout et présenter la même liste au premier et au second tour. Mais rien ne semble définitif : un comité stratégique doit se réunir ses prochaines semaines pour étudier toutes les hypothèses...