Bettencourt : relaxe requise pour Eric Woerth, faute d'éléments « suffisants »

Le parquet a requis mardi à Bordeaux la relaxe pour le député-maire de Chantilly (60) et Patrice de Maistre, financier de l'héritière de L'Oréal, jugés pour trafic d'influence, estimant que « les éléments à charge » contre eux n'étaient « pas suffisants ».

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« J'avais émis un avis, et le procureur de la République avait déjà requis un non-lieu » pour Eric Woerth et Patrice de Maistre, qui n'avait pas été suivi par les magistrats instructeurs, a rappelé M. Aldigé.

Ces derniers avaient en effet renvoyé les deux hommes devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, accusés d'avoir échangé un emploi pour l'épouse de M.Woerth contre une Légion d'honneur attribuée à M. de Maistre.

« A la lecture de l'ordonnance de renvoi et après cette audience je persiste et je signe », a déclaré dès le début de ses réquisitions le procureur adjoint. Selon lui, dans ce dossier, « les éléments à charge ne sont pas suffisants pour emporter la conviction d'un quelconque trafic d'influence actif (pour Patrice de Maistre) et passif » (pour Éric Woerth), ayant abouti à l'embauche de Florence Woerth au sein des sociétés gérant la fortune des Bettencourt, dont M. de Maistre était alors directeur-général, en échange d'une Légion d'honneur.

« Le télescopage de ces deux événements dans une période de temps très courte, de moins de neuf mois, serait selon les juges accablant, ainsi que la preuve du pacte de corruption prévu entre les deux hommes. Il s'agit là d'une construction intellectuelle (...) à partir du rapprochement audacieux d'événements et de dates » qui « ne peut asseoir une culpabilité », a dit le procureur, qualifiant même les arguments des juges d'« invraisemblables ».

Pour le procureur, l'embauche de Florence Woerth n'a pas été dictée par « l'obtention de la Légion d'honneur, qui était déjà dans les circuits, mais parce qu'elle correspond au profil et parce qu'elle est femme de ministre du Budget, comme il (Patrice de Maistre) le dit à Liliane Bettencourt » dans des enregistrements clandestins de l'ancien majordome des Bettencourt, Pascal Bonnefoy, plus lors de l'audience.

- L'objet d'un troc ?
- « J'ai considéré comme une insulte que je puisse être l'objet d'un troc. C'est quelque-chose qui est pour moi inimaginable », avait témoigné un peu plus tôt à la barre Florence Woerth. « Je vis avec Éric depuis 1977. Ma liberté, il la connaît, mon souhait de liberté, il le sait. Tacitement, on avait choisi l'un et l'autre d'avoir deux vies professionnelles très séparées », a-t-elle assuré.

Interrogée par le président sur le fait qu'elle ait pu être embauchée chez les Bettencourt, où la fraude fiscale est alors d'usage, car elle était la femme du ministre du Budget (depuis mai 2007), Florence Woerth avait rétorqué : « C'est m'accorder un pouvoir que je n'ai pas, que je n'aurais jamais auprès de mon mari », a-t-elle dit, même si « tous mes clients devaient penser ça ».

M. Aldigé a ensuite dépeint un portrait peu reluisant de Patrice de Maistre, « un personnage intriguant en quête de reconnaissance sociale » que le fait d'« employer la femme d'un ministre valorisait ».

Si l'avocate de M. de Maistre, a trouvé « ces remarques inutiles », Me Jacqueline Laffont a considéré qu'il y a eu « démonstration de l'inanité des poursuites et d'une absence totale de fondement de l'accusation qui était non pas portée par le Parquet dans cette affaire mais par les juges d'instruction, ce qui est un cas de figure assez atypique ».

« On avait démontré aux juges d'instruction que tout cela ne tenait pas mais il y avait une volonté, envers et contre tout, de donner une dimension politique à
ce dossier. Et comme la dimension politique s'effondrait dans l'autre dossier »
avec le non-lieu prononcé dans un volet concernant le financement de parti politique, « il fallait en garder une partie », a-t-elle affirmé.

Le procès doit s'achever mercredi avec les plaidoiries de la défense. Dans le volet « abus de faiblesse » au détriment de Mme Bettencourt, jugé en février,
le même Gérard Aldigé avait déjà requis un non-lieu pour M. Woerth mais demandé trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, et 375 000 euros d'amende à l'encontre de M. de Maistre. Le jugement dans cette affaire est attendu le 28 mai.
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